JE
Et nous ?
A-t-on fait ce que le ON a dit de nous ?
Vraiment ?
On ne sait pas
Rien
Le ON ne sait rien
Le ON ne se souvient pas
Le JE imagine
p.14
la horde alors
se met en route
lentement
lentement
des individus
de toutes espèces
de tous genres
et de toutes tailles
en procession montent
de la rivière au bois
à trois
je te tue
ou tu me tues
à six on ressuscite
on joue
à qui tue
vit
ou
à qui vit
tue
on ne sait pas où on va
Extrait : INTIME VIOLENCE
1
Ciel étoilé
Ciel d’étoiles étoilé
ciel de nuit noire
et sol crisse blanc
Ciel noir et nuit d'hiver
Dis oui
Froid sur la peau me cingle la figure
et les doigts dans la glace
M’aveuglent
cristaux de bruine
2
M’a dit
Accepte
ou passe ton tour
Dis oui ou renonce
3
M’a dit : Accepte
Qu'un mot à dire M’a dit
ou geste Signe du regard
Hausser le sourcil
Sourire Et dans l’œil Petit faisceau
Petit faisceau pique la chair
Ou geste de bouche
Petit faisceau pique la chair
Petit faisceau Et salivera
4
Ciel étoilé
Ciel d'étoiles étoilé
ciel de nuit noire
et sol crisse blanc
Ciel noir et nuit d’hiver
Froid sur la peau me cingle la figure
et les doigts dans la glace
M'aveuglent
cristaux de bruine
Givrent mes membres
Samedi 17 juillet
Extrait 1
J’entends l’histoire
La mère l'enfant
Épargnés
Les parents les amis
Le père
Ordre de les épargner
Uniforme caparaçon à ses hommes
Dans langue à eux Vocifère Deux syllabes Deux
Les épargner Ordre
Et aussitôt abaissent leurs canons
Eux et filent doux
Les épargner Ordre Et disparaître
Mais dilapident leurs possessions
Brisent l’abri La porte
La table Renversent Tout Sens dessus dessous
Souillent la citerne Plus D'eau
À grands bruits Parlent
S’esclaffent dans langue à eux
Puis ce qui reste Trois fois rien De victuailles
Et emportent avec eux le jambon
Uniforme caparaçon parti Et ses hommes
La vie reprend dans bois buvard
Cris Et chants Froissements d'aile Et pieds furtifs…
ON NE PENSE PAS AU PRÉSENT…
Extrait 2
on tente d’appréhender le passé
pour étayer le présent
envisager peut-être
un futur
les barres défilent tristement
des lignes sombres cinglent l’espace urbain derrière
la vitre
lignes de fuite
on glisse sur nos phrases
pieds-nus dans un lavis ruisselant
les montagnes s’effacent
les hauteurs perdent leurs têtes
des litres de brume pèsent sur les barres
seule notre voix
transperce ce qui nous ceint
JE
Extrait 2
Je dis ON
Cela est On est
Je suis ON
Difficile de dire JE
Dire
Plutôt que j’existe
On existe
Car en un autre temps
…
JE
Extrait 3
Un autre a existé
Et puis un autre Et un autre Et un autre
Il Existe ON
Pour qu’existe
JE
Le portail
grince
Pour s’ouvrir
[...]
Samedi 17 juillet
Extrait 2
La mère l'enfant
Épargnés
Les parents les amis
Le père
Se taisent
Ne pleurent pas Ne rient pas Ne s’étreignent pas
Se regardent d'un air gauche L'œil vide
Prostrés La mère l'enfant
Les parents les amis
Le père
On se tait On ne sait plus rien Se dire
Rien se parler Se dire Un mot
Courage
Se dire : Pas pour aujourd’hui !
En rire : Pas pour aujourd’hui !
Se dire : Que je me pince pour y croire ! Non
Comme si le cercle ouvert
Fil rompu
Et plus de début
Pour repartir
De début Pour repartir
Encore
Encore
La mère l'enfant
Les parents les amis
Le père
JE
Extrait 1
Une main
sur la poignée du portail
Vert
Cela est
On est
C’est tout
…