Elisabeth Debourse

Même si j'ai un avis proche de celui du précédent chroniqueur de ce livre, je serai tout de même un peu plus nuancé et moins critique.

Ce livre est effectivement plus une compilation d'articles sur des plats "typiques" des USA qu'une somme sociologique ou gastronomique sur le sujet de la nourriture dans ce pays hors norme sur ce plan-ci aussi.

Mais c'est un peu annoncé d'entrée, et la collection à laquelle appartient ce titre, "pamphlet", indique bien de quoi il va s'agir, ainsi que le nombre de pages...

On a donc un voyage entre Burger, pizza, tacos, PBJ, chop suey et autres plats dont les USA ont fait leur nourriture.

Enfin on ne sait pas trop s'ils en mange des tonnes chez eux ou s'ils les cuisinent, mais il s'en consomme dans le pays. En effet on parle surtout de restaurant, de snack, de magasins de bouffe, mais presque jamais de cuisine domestique ! Nous ne sommes donc pas vraiment dans le ventre des states mais plutôt chez leur supermarché, ou dans leur resto ou encore dans leurs usines ou leurs abattoirs...

Point donc de recettes ou de choses de ce genre.

En revanche de très nombreuses réflexion sur l'aspect misogyne, ségrégatif, homophobe de la (mal)bouffe. L'autrice souhaitait je crois montrer que les États-Unis ne sont pas que les McDo et autres enseignes horribles, mais cela m'a fait l'effet inverse. Elle décrit en effet un mode entier de nourriture industrielle, à échelle inhumaine, fabriquée n'importe comment (je ne dis pas cuisinée !) et quelques façon de faire qui sont elles humaines, locales, qualitatives. Alors ok quelques militants se bougent les fesses, cuisinent normalement, offrent à leurs clients des plats de qualité. Mais tout le reste... Une bouffe à deux voire trois vitesses donc, les USA sont donc bien fidèle à leur cliché !

On a donc nombre d'anecdotes sur ces plats phares, de l'histoire et beaucoup de militantisme. Si l'écriture inclusive ne m'a pas gênée, en revanche la constante mise en lien entre bouffe et processus de domination, un peu plus. Enfin surtout le vocabulaire complètement novlangue qui va avec et qui parasite la lecture. Certes, on ne demande à personne d'écrire un essai en alexandrins, mais était-il nécessaire d'user de mots - j'allais dire inventés, mais non ils sont utilisés par ailleurs- aussi américanisés ? Enfin je ne sais pas, je ne trouve pas l'adjectif qui colle à ce vocable, mais j'ai été un peu débordé par le trop plein !



Pour finir, on est donc bien avec un document journalistique, sur des plats consommés aux USA, matinés d'historiques, anecdotes et militantisme à fond, le vocabulaire et le ton qui vont avec.

Le sujet est très intéressant et nullement (j'en suis d'ailleurs étonné) abordé par qui que ce soit.



Je regrette en revanche le style d'écriture qui est familier et dégrade le caractère un peu sérieux du sujet.

Je regrette également l'écriture inclusive, qui rend la lecture saccadée et difficile. Je comprend l'idée mais ça complique trop la langue et l'écriture.



Si vous souhaitez une étude plus sérieuse, je ne saurais vous recommender cet ouvrage. En revanche, si vous souhaitez lire un article de journal en format long sans grande attente, alors tentez.