Je n'ai pas d'encre... Mais cela n'est pas nécessaire. Les âmes sont comme des demeures, elles ont des clés. Il suffit d'avoir la clé pour y pénétrer.
Ma mère me punit toujours de la même façon : elle demande à la bonne de fermer à clé le piano du salon. Pauvre piano, qu’elle muselle. Pauvre de moi qu’elle fait taire – petite prisonnière silencieuse, dans notre belle villa.
D'accord, on fait une halte. Dans une auberge ?
Oui, une avec un nom d'animal, comme... "Le poney fringuant" ou "L'oie qui pue"...
"L'oie qui pue" ?
C'était un exemple. A tout à l'heure...
Je passe mon temps à sillonner ce monde, justement, et personne ne m’arrête pour autant. J’ai pris cette liberté et je ne compte pas la perdre. Je pense que les monstres qui nous maltraitent ne sont pas tels que décrits dans les légendes. Nous sommes les monstres, voilà la vérité. Il faut s’y faire, et se méfier.
Quel que soit l'orage que tu braves, je t'assure que tu peux le chasser. Tu es le soleil qui dissipe la nuit.
Franchement, qui croirait que l'encre puisse influencer le cours du temps, de l'Histoire, en manipulant les âmes des hommes ? Et seulement si on la couche sur la bonne sorte de parchemin ?... Non, vraiment ?...
Les fées ne sont pas des créatures d'opérettes. Nous sommes monstres, nous sommes merveilles, idées de dieu, mères de déesse, profondément ancrées dans nos terres, et dans l'âme des hommes. Rien à voir avec des papillons ou des libellules !
- Od, qu'est-ce que c'est que ces âneries ? Je ne suis pas une fée, je n'ai pas d'ailes dans le dos ou je ne...
- Vik, je t'en prie ! Ne sois pas si... si latine !
- Quoi ?
- Les fées ne sont pas des créatures d'opérettes. Nous sommes monstres, nous sommes merveilles, idées de dieu, mères de déesse, profondément ancrés dans nos terres, et dans l'âme des hommes. Rien à voir avec des papillons ou des libellules !
Je suis une voleuse.
Pas une voleuse métaphorique, allégorique, ou symbolique! Non, une vraie! Je vole car on m’a volée un jour.
Je vole parce que les choses qui brillent sont toujours mieux chez moi qu’ailleurs. Je vole pour faire du troc si je le dois, je vole pour mes étagères, je vole pour qu’on me craigne.
Je vole et c’est comme ça.
Des mouches et moucherons tournoyaient dans la pièce. L’odeur semblait venir d’un placard dont les portes étaient retenues par une cordelette. Ann s’approcha, en apnée sous son mouchoir. Elle défit le nœud de la corde et le meuble s’ouvrit immédiatement. Une masse grouillante s’en échappa pour lui tomber dans les bras.