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Critiques de Elizabeth Wetmore (87)
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Glory

°°° Rentrée littéraire 2020 # 10 °°°



1976, ville d'Odessa dans l'Ouest du Texas. le roman s'ouvre sur un chapitre terrible, celui du viol de Gloria, jeune fille de 14 ans, durant toute une nuit, dans un champ pétrolifère, avant qu'elle ne trouve la force de s'enfuir lorsque son bourreau ivre s'endort, jusqu'à frapper à la porte de la ferme de Mary-Rose.



Elizabeth Wetmore, dont c'est le premier roman, surprend. Plutôt que rester focaliser sur Gloria, elle fait le choix de dévisser complètement pour déplacer le regard de la victime vers un choeur d'autres femmes de la communauté d'Odessa. Chaque chapitre est centré sur l'une d'elle, en alternance, autant d'histoires courtes à part entière à l'intensité croissante. Mais jamais on ne peut oublier l'ouverture traumatisante de ce roman, jamais la terreur de Gloria qui fuit ensanglantée son violeur ne nous quitte. La construction est ainsi très habile car toujours on est dans l'attente que Mary-Rose, le jeune mère de famille, Corrine la veuve qui ne craint plus rien ni personne, ou Debra Ann la très jeune fille à l'acuité déjà aiguisé, parlent de Gloria et de ce qu'il lui est arrivé. La tension monte très progressivement jusqu'à exploser dans les cinquante remarquables dernières pages.



Ce qui est très fort dans ce roman, c'est la façon dont l'auteur questionne toute une communauté dans sa réaction face à un crime révélant un racisme scandaleusement inapproprié et levant le voile sur une condition féminine faite de soumission dans cet état sudiste : racisme et sexisme sont les mêmes faces d'une réalité bien laide. Et elle dénonce avec beaucoup de subtilité pour rendre compte de toute la complexité de la situation, sans rien perdre de férocité lorsqu'il le faut, mettant à nu avec une clarté ironique les moeurs et l'ambiance dans cet Amérique profonde des années 1970 ... dont on sent qu'ils est encore très proche de ceux d'aujourd'hui.



Mais ce que je retiens de ce roman très fort émotionnellement, c'est le beau personnage de Mary-Rose. C'est elle qui recueille Gloria et appelle les secours. Elle qui, dans son compassion instinctive, s'apprête à témoigner contre le violeur, et se retrouve mise au ban de la communauté. Car elle est blanche, car le violeur est un jeune homme blanc bien intégré, car Gloria est d'origine mexicaine et que c'est sa faute puisqu'elle est montée volontairement dans le pick-up, car les Latinas seraient précoces sexuellement et naturellement ardentes. Plus que l'histoire de Gloria, c'est celle de Mary-Rose, la mère au foyer soumise à son mari, au bord du burn-out avec ces deux enfants en bas-âge qui l'épuise. Mary-Rose dont on assiste à l'éveil puis la métamorphose sous l'effet de sa prise de conscience féministe et humaniste, choquée de voir qu'on banalise le viol d'une jeune fille, au point de quasi basculer dans une forme de folie.



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Glory

En 1976, près de la petite ville pétrolière d’Odessa au Texas, une adolescente d’origine mexicaine, Gloria Ramirez, échappe de peu à son violeur et réussit à se traîner, ensanglantée, jusqu’à la ferme de Mary-Rose. Cette mère au foyer prend courageusement la défense de la jeune fille, d’abord fusil en main lorsque l’assaillant la poursuit, puis au tribunal où elle entreprend de témoigner. Mais, dans ce sud ségrégationniste et sexiste, opinion publique et justice penchent forcément en faveur des blancs et du machisme.





Elizabeth Wetmore excelle à nous plonger dans l’atmosphère particulière, mélange d’âpreté, d’oppression et de désolation, qui baigne cette ville de bout du monde, perdue dans le désert. Exsangue sous les assauts de la poussière, de la chaleur et de la crise économique, elle se retrouve soudain l’épicentre d’une fièvre pétrolière aussi miraculeuse que désastreuse. Ses terres désormais dévastées et souillées, empuantie par les émanations mortifères, elle est envahie par une faune assoiffée de dollars, masculine et célibataire, manne providentielle mais également source accrue de violence et d’insécurité. Aux dures et dangereuses conditions de travail des champs pétrolifères répondent excès en tout genre, cautionnés par la loi du plus fort, en l’occurrence blanche et conservatrice, qui continue, en ces années soixante-dix, à s’imposer en droite ligne de l’époque du Far West.





Au-delà de la terrible histoire de Gloria et de l’impunité de son agresseur, c’est à son impact sur ses témoins que s’intéresse le récit, dans une succession de portraits psychologiques où la rébellion s’achève dans l’impuissance et la folie, et où le désespoir se mêle à la résignation. Femmes vouées à la vie morne d’épouses et de mères de famille soumises, accédant au mieux à des emplois subalternes qui les exposent quotidiennement à la grivoiserie et aux agressions ; Mexicains en situation plus ou moins régulière, trimant pour à peine survivre, constamment sur la brèche de l’expulsion ; ancien du Vietnam, condamné à la marginalité et à la misère pour être revenu handicapé : tous n’ont d’autre choix que de partir ou d’accepter un ordre social ségrégationniste et sexiste qui a totalement et inextricablement façonné mentalités et institutions.





Cette vaste fresque qui prend le temps de camper en détails ambiance et personnages, monte peu à peu en puissance pour atteindre un paroxysme de tension, proprement haletant, sur son dernier quart. Elle s’achève sur l’amertume d’une conclusion noire et désespérée : le constat d’une iniquité inébranlable, tant ses racines sont profondes, et tant elle gangrène les bases mêmes de la société américaine de l’époque, comme sans doute encore celle d’aujourd’hui. Elizabeth Wetmore impressionne par l’ampleur et la profondeur de ce premier roman.


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Glory

14 février 1976, Odessa, état du Texas. Dans cette ville aux allures de Plouc-City, comme partout ailleurs, le soir de la Saint-Valentin n'est pas un soir comme les autres (♫ on drague, on branche, toi-même tu sais pourquoi ♪) et quand un beau blondinet vient faire les yeux doux à Gloria Ramirez, petite latina de 14 ans, elle ne met pas des lunes à sauter dans le pick-up du bellâtre et à accepter de le suivre au bout du monde. Alors bon, bout du monde, peut-être pas – les champs pétrolifères entourant la ville feront largement l'affaire –, mais au bout de l'enfer, ça oui elle pourra y compter. Violée, battue et laissée pour morte, seul un instinct de survie exceptionnel la pousse à mettre en mouvement sa carcasse brisée jusqu'à la première ferme en vue, salutaire refuge.



C'est là la mise en bouche que nous propose Elizabeth Wetmore dans ce remarquable roman choral qui va opposer une communauté bigote et raciste, ne voyant pas le problème dans l'idée qu'un gars du coin massacre une petite chicana pour son propre plaisir parce que bon « on sait tous ce que cherchent ces filles-là », à quelques irréductibles doux rêveurs souhaitant voir triompher la justice. Irréductibles au pluriel pour ne pas que ce soit trop vertigineux car à la vérité, Mary Rose Whitehead – propriétaire de la fameuse ferme où on ne sait trop par quel miracle Gloria (qui ne se fera plus jamais appeler que Glory) a échoué – est bien la seule, dans sa petite ville comme au tribunal à défendre la victime, ce qui semble du simple bon-sens et de la raison mais qui dans ce trou paumé relève plutôt du courage, voire de l'héroïsme. Un comble ! Mais non voyons, on va pas gâcher la vie d'un petit gars bien de chez nous juste parce qu'il a voulu se détendre et s'amuser un peu un soir de St-Valentin. Allons, soyons sérieux deux minutes.



Dans la chaleur et la poussière de cette bourgade périmée où l'empathie et la bienveillance passent pour des insultes, Elizabeth Wetmore donne tour à tour la parole aux femmes qui y croupissent, de la petite voisine dont la mère a mis les bouts (promettant de revenir mais qu'on ne reverra jamais), à la vieille instit' à la retraite tout juste veuve qui ne demande rien de plus que de se noyer dans l'alcool et qui sera peut-être la seule à trouver anormal le contexte judiciaire de cette ville rétrograde.



Glory, c'est une plume élégante au service d'une histoire dure, sur fond de racisme, de religion et de patriarcat, notions qui font loi à Odessa, et où la misogynie, l'injustice et la peur sont la norme ; une histoire que l'aisance stylistique d'Elizabeth Wetmore rend si vivante que, tournée la dernière page, on a bien du mal à croire qu'il s'agisse d'un premier roman. Ça promet pour la suite. Assurément une auteure à suivre.

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Glory

L'ouest du Texas dans les années 70, c'est encore et toujours un territoire où rien ne prend racine et tout ce qui est susceptible de s'épanouir se dessèche sous l'effet de la chaleur accablante et du vent, les virevoltants, le bétail, les humains. Ce n'est pas une terre pour les hommes, encore moins pour les femmes sous la plume d'Elizabeth Wetmore.

Dans Glory on trouve tous les germes du thriller pur jus avec un viol ignoble sur une ado suggéré par des biais et des symptômes, des ruptures narratives qui entretiennent l'attente, des chassés croisés entre présent et passé qui nous font bel et bien entrer dans un texte où une inquiétude tenace fraye son chemin dans les esprits. Mais l'enquête tout comme le procès sont absents ou occupent une place négligeable dans le récit.

L'auteure opère un décentrement de l'intrigue : après une introduction époustouflante, elle préfère s'attarder sur une poignée de femmes pour explorer les déflagration intimes de ce crime sur la communauté. Car le viol agit comme un bain révélateur : en évoquant les trajectoires, le passé, le présent des unes et des autres, constater les échecs, les désillusions, les ambitions bridées, Glory reconstitue une sorte de vérité humaine dans cette ville pétrolière où afflue toute sorte d'hommes, celle de la violence du déterminisme social, du sexisme et du racisme. Quelles que soient leurs opinions, toutes ces femmes se retrouvent autour des mêmes sentiments qui donnent à toute chose un goût prématuré d'amertume.



Il est difficile de résister à la puissance de ce texte qui court au ras des corps, à cette capacité de faire surgir un tempérament, une atmosphère pour installer une connivence inquiète, à cette faculté de s'affranchir de certaines ponctuations pour ne pas entraver le « témoignage » des femmes. Car il y a un désarroi lorsque ce n'est pas de la rage qui embrasse le récit et ne vous lâche pas avant la dernière page.

Malgré des qualités évidentes, j'ai parfois eu la sensation d'être laissée en chemin, entre des chapitres dont l'enchaînement n'est pas toujours habile. Un coup d’œil à la bio d'Elizabeth Wetmore mentionnant que ce livre a mis quatorze ans pour voir le jour vient conforter cette impression de lecture.

Il n'en reste pas moins un roman émotionnellement convaincant.
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Glory

Nous sommes donc en 1976, le soir de la Saint Valentin, une jeune fille de quatorze ans, Gloria Ramirez, accepte de monter dans la voiture d’un homme âgé de quelques années de plus. Il va en profiter pour la violer pendant une partie de la nuit, sous l’effet des amphétamines et de l’alcool, répétant sans cesse son prénom, Gloria, qu’elle va prendre en horreur par la suite et se fera appeler Glory.



Elle arrive à s’enfuir pieds nus dans ce désert de pétrole et parviendra à frapper à la porte de Mary-Rose qui habite une ferme isolée, perdue dans ce coin désertique. Mais, son violeur arrive à retrouver la maison, tentant de persuader Mary-Rose que c’est sa copine mais celle-ci ne s’en laisse pas compter, le menaçant avec son fusil…



Que vaut la vie d’une jeune latino, « une basanée » comme ils disent, elle était forcément consentante et bien-sûr ces filles-là sont adultes à quatorze ans ! même si le visage est tuméfié, si on a dû lui enlever la rate, tellement elle avait reçu de coups dans le ventre…



J’ai bien aimé la manière dont l’auteure structure son récit : elle nous présente le viol de Glory, mais le laisse en trame de fond, préférant mêler à ce drame, l’histoire d’autres femmes de la petite ville d’Odessa, chacune ayant une vie plus ou moins compliquée, comme pour atténuer la violence et la rendre plus supportable.



Bref, pour un premier roman, c’est une belle réussite et il m’a beaucoup plu, tout comme l’écriture de son auteure.



Un grand merci à NetGalley et aux éditions Les Escales qui m’ont permis de découvrir ce roman puissant, portrait au vitriol ou presque, d’une certaine Amérique ainsi que son auteure, dont je vais attendre le prochain livre avec impatience.



#Glory #NetGalleyFrance
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Glory

Odessa, Texas, des champs de derricks et des pompes à tête de cheval à perte de vue, le pétrole recouvre tout, une odeur à mi-chemin entre la station-service et une poubelle remplie d’œufs pourris. La poussière rouge qui entre dans les maisons, le soleil et la chaleur sont implacable, le pays des serpents à sonnette et des scorpions. Les torches de gaz des raffineries éclairent la nuit. Une ville où le juge garde son revolver à portée de main.



Février 1976, Gloria Ramirez une Mexicaine de quatorze ans contemple son corps qui gît sur le sable au beau milieu d’un champ de pétrole. Elle rassemble ses vêtements déchirés et éparpillés autour d’elle.



Dans ce roman l’enquête sur le viol de Gloria, et le procès imminent passent au second plan. Au lieu de cela, Elizabeth Wetmore esquisse soigneusement le portrait d’une poignée de femmes, sans beaucoup d’éducation ni d’argent, qui essayent de survivre au milieu d’hommes misogynes et racistes, des brutes huileuses ricanant adossées au bar. Ces femmes sont toutes si réelles, avec leur vie difficile vécue avec une humanité absolue.



Ce récit nous est raconté par cinq voix féminines :

Mary Rose, elle a trouvé Gloria devant sa porte complètement hagard, son mari va lui reprocher d’avoir ouvert cette porte et laisser entrer cette fille.



Il y a l’indomptable (et grincheuse !) Corinne Shepherd, qui pleure la perte de son mari bien-aimé. Elle noie son chagrin dans l’alcool. Avec Potter, son mari, ils avaient regardé la fille grimper dans le pick-up et si quelque chose clochait ils n’avaient pas levé le petit doigt.



Il y a sa voisine précoce de 10 ans, Debra Ann, sa maman est partie un jour, elle attend son retour. Plus personne ne la surveille depuis qu’elle a huit ans. Ele observe les gens du quartier, elle est toujours à l’affut, elle espionne.



Ginny, la maman de Debra Ann, plein d’autres femmes sont parties avant elle, dès qu’elle aura un boulot, un peu d’argent, un appartement elle viendra chercher Debra.



Dans ce roman, l’auteure nous décrit la réaction d’une communauté haineuse et raciste à un évènement tragique. Dale est un bon gamin, il a toujours respecté les filles, son père est pasteur. La gamine est montée de son plein gré dans le pick-up, il ne faut pas l’oublier avant de détruire la vie d’un jeune homme. Tout ça, ce n’est qu’un malentendu. Cette fille est une basanée, une traînée, une salope qui veut le faire chanter. Quant à Mary Rose qui veut expliquer lors du procès ce qu’elle a vu, c’est une menteuse, une traitresse de témoigner contre un des leurs.



Elizabeth Wetmore nous démontre que le sexisme et le racisme sont les deux faces d’une même médaille. Il y a de la violence et du désespoir dans ce roman, mais aussi beaucoup de courage et de raisons d’espérer.



J’ai tout de suite été happé par la qualité de l’écriture de l’auteur, sa capacité à rendre si vivants, si proches, le paysage et les personnages. Un grand roman à l’atmosphère pesante.



Je tiens à remercier les éditions « Les Escales » de m’avoir offert l’opportunité de lire ce roman en avant-première.

#Glory#NetGalleyFrance



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Glory

Ce livre, c'est rien que des histoires de bonnes femmes.

Texas, 1976. Gloria, 14 ans, d'origine mexicaine, est violée la nuit de la Saint Valentin par un gentil fils de pasteur. Forcément, elle l'a un peu cherché, disent les braves gens. Mais alors que le procès se prépare, des femmes qui ont croisé Gloria se mettent la communauté à dos en émettant un autre point de vue. Et quelles femmes !

Des femmes trop grosses, trop vieilles ou trop malignes, qui fument comme des sapeurs, qui noient leur thé glacé de vodka, qui jurent comme des charretiers, qui se chopent des abcès aux seins à force d'allaiter, qui ont toujours une arme à portée de main -et qui savent instantanément distinguer un coupable d'une victime.

C'est donc un roman choral, qui exalte la force tranquille des femmes, mais sans prôner la sororité ni vilipender les hommes (ouf !). Il y est avant tout question d'humanité et de justice ; pas de chichis, mais du pragmatisme, et c'est ce que j'ai vraiment aimé. En toile de fond, Elizabeth Wetmore dresse le portrait sans concessions d'un pays qui fête ses 200 ans, où les vétérans du Vietnam sont abandonnés à eux-mêmes, où les pom-pom girls enceintes épousent leur quaterback d'un soir, et où religion, racisme et sexisme imprègnent la vie quotidienne. Elle raconte également ce Texas grisé par la manne pétrolière qui détruit la fragilité de la Nature et la poésie du ciel étoilé, et tue les hommes qu'elle n'enrichit pas.

Mais malgré son aspect brut et violent, malgré son style tranchant et aride comme le désert, ce roman est d'une puissance et d'une luminosité salutaires. Il est traversé d'éclairs tendres et drôles (adorable Debra Ann, 10 ans, affabulatrice, chapardeuse, rêveuse, qui ne s'est pas lavée depuis 3 mois -ne grandis pas trop vite !), et d'instants de grâce suspendus. C'est aussi une ode aux grands espaces saccagés et porteurs de légendes, à la furie des éléments, et un hommage aux rêves de jeunesse enfuis -et parfois revenus.

C'est donc, partant d'un fait divers horrible, une balade splendide au pays des cow-girls ; la démonstration que la beauté peut sauver le monde, comme le prétendait l'Idiot. Et lire ce livre est un bon début en ce sens.
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Glory

À quoi bon ajouter une critique ? Tout a été dit déjà :



14 février 1976, jour de la Saint Valentin, dans la ville pétrolière d'Odessa, entre les pompes à tête de cheval qui s'activent , les mouvements sporadiques du foreur, les crissements et les bourdonnements de la pompe une jeune fille de 14 ans , Gloria Ramirez, d'origine mexicaine , pour elle, les seules choses tangibles sont pour l'instant sa soif intense et sa douleur —- a envie de crier , d'ouvrir la bouche et de hurler , elle ne le fera pas ——ne paniquera pas —— , marchera à travers les champs de pétrole , trébuchera, frappera à la porte de Marie - Rose Whitehead ,jeune femme de 26 ans , enceinte de son deuxième enfant après avoir été battue et violée par Dale Strickland , deux yeux au beurre noir, la paupière complètement tuméfiée . la rate éclatée …



Ce qui est le plus intéressant à la lecture de ce roman choral , c'est sa construction très originale : l'auteure d'une voix puissante donne la parole à toutes les femmes mêlées peu ou prou à cette sauvagerie, ce drame brutal de Corrine, veuve récente de Potter, abrutie de chagrin, ancienne prof d'anglais , lui , qui travaillait à la raffinerie , épaulés voûtées et mains tachées comme tant d'autres à Déborah Anne dont la mère Ginny est partie , pour se sentir libre , elle a compris que son mari , l'homme qui l'a engrossée encore gamin , c'est le lot des filles , ici, elles se retrouvent mariées trop tôt , deviennent mères et n'ont plus de perspectives ….



Un roman saisissant , sous la chaleur accablante , où chaque femme lutte à sa manière et mène ses propres combats pour faire face à ce monde raciste , ségrégationniste, misogyne ,ô combien, sexiste , face à ce crime honteux , ces violences physiques et psychologiques , au coeur de cet état sudiste .



L'auteure questionne tout au long face à la haine, la bêtise ambiantes , les réactions de la communauté.



Marie - Rose , courageuse et digne, loyale portera secours à Gloria , prendra les choses en main malgré l'hostilité de son mari, peut importe les conséquences .

La plume est remarquable, acérée , colorée , envoûtante , l'analyse de la voix et du comportement des femmes très fine ,juste et marquante , le lecteur s'imprègne des odeurs puissantes des torches de gaz des raffineries , de la lumière oblique et du flamboiement du soleil brûlant , autant que des verres de thé glacé imbibés de Bourbon. ….

Condition féminine , désirs , poussières et vent ,luttes , refrains de l'époque , quête et résilience , force de Gloria , soutenue par son oncle, ragots et colportages indignes dans les bars et les églises , comportement inique d'un président de tribunal, c'est aussi la beauté mordante , lumineuse de ce magnifique et exigeant premier roman.

Bravo à l'auteure , excellente conteuse !

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Glory

Elle s’appelait Gloria. Après une nuit d’horreur à entendre son bourreau répéter son prénom, elle a décidé qu’elle serait Glory.

Glory est mexicaine au Texas dans les années 70. Elle vit dans la petite ville d’Odessa. Un Texas qui découvre le pétrole et tout ce qui va avec : cette odeur omniprésente qui imprègne tout, ces hommes attirés par l’argent, abrutis par la fatigue, la drogue et l’alcool. Ces hommes persuadés qu’être hommes et blancs, suffit à leur donner tous les droits : les autres ne sont là que pour les servir et tout évènement malheureux (viol avec violences et tentative de meurtre) ne serait qu’un « malentendu » pour lequel on ne va quand même pas gâcher la vie d’un bon garçon.

L’auteure nous dépeint les quelques mois qui vont suivre cette nuit dans l’attente du procès par la voix de femmes, ces femmes qui n’ont guère la possibilité de se faire entendre dans cette société profondément machiste et raciste (Pléonasme ?). Il y a Glory dont le tort impardonnable est d’être montée volontairement dans le pick-up de son futur violeur, Mary-Rose, fermière qui va recueillir Glory au matin et subir ensuite la vindicte des tous les bien-pensants : elle sera obligée de se réfugier en ville par crainte des représailles, Corrine veuve depuis peu qui noie son chagrin dans l’alcool, Debra Ann, à la limite de l’enfance, livrée à elle-même depuis que sa mère a fui cette existence sans autre possibilité que d’avoir des enfants et servir son mari, et puis quelques autres dont la voix vient s’ajouter à cette description d’une société figée dans le racisme et la soumission des femmes, qui ne saurait condamner un jeune homme bien sous tous rapports pour ce crime odieux. Et beaucoup de femmes ne sont pas les dernières à refuser de voir cette réalité.

Un roman prenant, à l’écriture très visuelle, qui nous livre le portrait d’une société semblant terriblement archaïque mais qui je le crains n’a pas beaucoup évolué, dans cet état du Sud des Etats-Unis pas réputé pour son modernisme. De très beaux portraits de femmes qui m’ont bouleversée

Merci aux éditions Les Escales pour cette lecture #Glory #NetGalleyFrance

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Glory

Comment fait-on pour aller à pied de Midland à Odessa ?

Il faut prendre à l'ouest et quand on marche dans une bouse de vache, on est arrivé.

Odessa, Texas, 1976. Gloria, petite mexicaine de 14 ans subit un viol d'une violence extrême.

Elizabeth Wetmore avec ce superbe roman choral, la chronique d'Odessa.

Nous sommes au Texas pas celui de Dallas et des magnats du pétrole mais celui des ouvriers et des mexicains vivant dans des camps pour survivre.

C'est cette Amérique profonde,ignorante, passéiste, raciste et armée. À Odessa, le pétrole tue la terre, les hommes et leur âme.

Dans ce roman, plusieurs femmes et des enfants racontent leur vie et les histoires transmises par leurs aïeules. Les hommes sont absents où du côté du violeur,un jeune homme blanc, ainsi qu'une association de femmes et la justice. C'est un très beau roman que je conseille à tous et qui n'est pas sans me rappeler "Les raisins de la colère". L'auteure possède une jolie plume et n'hésite pas à s'exprimer d'une façon crue parfois.

Je ne regrette pas de savoir pourquoi Gloria est devenue Glory. Après cette lecture, je n'ai pu m'empêcher de penser que peut-être le fameux mur à la frontière protégera toutes les petites Gloria de tels monstres et d'un semblant de justice.

Je tiens à remercier les éditions "Les Escales"



#Glory#NetGalleyFrance
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Glory

Texas, hiver 1976. Gloria a 14 ans le soir où son agresseur la viole brutalement. Elle parvient à s'enfuir et à rejoindre une ferme isolée. Plusieurs mois après, Mary Rose qui a recueilli la jeune fille dans sa ferme le soir de l'agression s'apprête à témoigner au procès. Ce soit-là Corrine a vu Gloria monter à bord du pick-up qui l'emmenait vers son enfer. Corrine aussi a des choses à dire.



Avec Glory, Elisabeth Wetmore livre une critique sans fard de la société du Sud des Etats-Unis. Ce roman choral donne la parole aux femmes : fille, mère, épouse. Ces femmes qui évoluent au sein d'une communauté patriarcale, marquée par les remarques grivoises, la ségrégation, le racisme et le sexisme, dans une ambiance d'oppression et de résignation.

Alors que vaut la justice pour une jeune latina et l'empathie que son calvaire suscite lorsque la large majorité de la ville l'a déjà condamnée. Pas grand-chose et malheur à celle qui aura le courage de parler.

Le récit se concentre sur différentes femmes au sein d'Odessa. L'auteure décrit leur condition de vie, et en toile de fond, on peut parfois comprendre ce qui pousse la majorité de cette communauté à accabler la victime, sans pour autant y adhérer. Un tour de force de l'auteure.



J'ai bien aimé le style qui mêle plusieurs histoires en une seule. le rythme est maintenu grâce au découpage des chapitres et l'alternance des personnages.

Un roman choral dont la force est la personnalité des personnages, toutes différentes et marquées chacune par des tragédies personnelles.



Un beau pamphlet contre l'oppression, dans le large sens de ce terme.



Merci à Babelio et aux Editions Pocket pour cette lecture.
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Glory

Deux choses qu'Elizabeth Wetmore n'aime pas :

1/ le Texas, ses vents caniculaires charriant des nuages de poussière, l'or noir du sous-sol et les derricks en surface, tous ces squelettes métalliques d'appareils de forage qui brisent la ligne d'horizon...

2/ Les hommes, leur brutalité saturée d'alcool et de testostérone, leurs blagues salaces aux relents racistes, l'impunité dont ils bénéficient en toutes circonstances.



À partir de ces deux aversions, elle a imaginé l'histoire de Gloria, une jeune mexicaine violée au soir de la saint Valentin 1976, dans un désert texan à proximité d'Odessa. C'est là le point de départ tragique de ce roman choral "chimiquement pur", qui dresse l'un après l'autre les portraits de plusieurs femmes de ce bout d'Amérique rugueux et inhospitalier.

Si chacune d'entre elles a plus ou moins eu connaissance de l'agression subie par Gloria, la plupart n'ont pas véritablement de lien avec la victime et bien vite le lecteur comprend que le terrible fais divers mentionné en 4ème de couverture, dont il est finalement assez peu question, n'était qu'un prétexte, un exemple choisi par Elizabeth Wetmore pour nous parler d'injustice et d'inégalités, de femmes courageuses et débrouillardes, de patriarcat tout-puissant, et pour donner la parole, enfin, à celles que l'on entend jamais.



Il y a là Mary Rose (la mère de famille qui a pris soin de Gloria au lendemain du drame et qui s'indigne de voir l'agresseur si peu inquiété), la jeune Debra-Ann dont la mère a récemment pris la fuite sans explication, Corinne (veuve depuis peu et qui peine à rester debout, surtout les soirs de bouteille), et quelques autres voisines. Autant de femmes, de filles, de mères, à qui la vie n'a pas fait de cadeaux.



Leurs récits croisés sont d'abord un peu déstabilisants, leurs révoltes partent tous azimuts, mais on finit par s'y faire. L'écriture saisissante de réalisme d'Elizabeth Wetmore nous aide à nous imprégner en profondeur de l'atmosphère dure et âpre de cette terre aride du fin fond des États-Unis, rongée d'un racisme est endémique, au point qu'on les visualise bien "les tricycles renversés dans les jardins, les bouteilles de Dr Pepper vides et les jouets d'enfant délavés, les tennis sans lacets, le linge suspendu et les rebords de fenêtre couverts de sable".

Et bien sûr on se prend à espérer "qu'il subsiste une femme quelque part, qui refuse de renoncer".
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Glory

Gloria, à peine quinze ans a été battue et violée le soir de la Saint Valentin. Elle est recueillie au matin par une jeune mère de famille, le shérif du comté est alerté et son agresseur, un garçon tout juste sorti de l’adolescence qui travaille dans les champs de pétrole, est arrêté le jour même. Mais nous sommes au Texas en 1976 et rien n’est simple.





« Pourquoi Dieu a-t-il donné du pétrole au Texas ? Pour se faire pardonner le paysage. »



Une jeune fille qui monte de son plein gré dans le pick-up d’un inconnu ne le fait-elle pas à ses risques et périls ? Surtout que dans la région ont le sait bien, même très jeunes, les filles latinos ont le sang chaud. Les hommes n’ont jamais tort dans une société raciste, sexiste et patriarcale.



Plusieurs voix de femmes pour nous raconter la terrible histoire de Glory. Des femmes fortes, des voix puissantes, qui se battent et se débattent au quotidien pour simplement exister.



On ne peut s'empecher de penser au film - (au CHEF D’ŒUVRE on pourrait même dire) de Kelly Reichardt* "Certain Women" , et on imagine, tout le long de la lecture, le beau film qu’elle pourrait en faire*..



« A Odessa, comment appelle-t-on une mère célibataire qui doit se réveiller de bonne heure matin ? Une élève de seconde. »



Gloria, Marie- Rose, Corrine, Ginny, Karla, Suzanne, Debra Ann, prennent vie sous la plume tendre et violente d’Elisabeth Wetmore, et nous ne sommes pas prêts de les oublier.



Une histoire de l’Amérique profonde des laissées pour compte.

Il y a vraiment une école du roman américain, c’est quand même incroyable qu’en quelques pages seulement, on ne puisse plus lâcher leurs bouquins, ce qui est encore le cas avec ce grand roman d’une force incroyable
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Glory

Gloria est une jeune mexicaine de 14 ans vivant au Texas. L’histoire se situe en pleine période de la fièvre du pétrole. Gloria est née aux États Unis mais sa mère est une clandestine. Un soir de désœuvrement elle monte dans la voiture d’un homme. Au petit matin elle se retrouve dans le désert couverte de plaies et de sang... Gloria fuit la scène et son bourreau endormi, pied nu dans le désert. Elle réussi à rejoindre la ferme dans laquelle vit Mary Rose. Méfiante, celle-ci l’accueille quand même en demandant à sa fille de prévenir la police.

C’est ainsi que commence l’histoire, le coupable est en prison dans l’attente de son procès...

Sera-t-il reconnu coupable dans ce monde hyper masculin et raciste ?

Tour à tour plusieurs personnages vont prendre la parole pour parler de l’événement qui ne passe pas inaperçu dans la petite ville d’Odessa. Tout le monde se connaît et s’entraide ou se juge. En même temps nous découvrons la vie des habitants, et leurs problèmes liés aux aléas climatiques et professionnels. Il est question de racisme envers les mexicains mais aussi envers les femmes qui ont leur place « en cuisine » mais pas pour témoigner lors d’un procès.

Le récit est dynamique grâce à l’intervention de toutes ces femmes qui apportent leur personnalité. On s’attache à la jeune Debra Ann (10 ans) qui se débrouille toute seule depuis que sa mère est partie en la laissant avec son père. Chacune apporte un éclairage sur la vie de cette communauté et sur la possible issue du procès. Des femmes plutôt courageuses et solidaires.



#nettgalley #Glory
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Glory

J’ai bien aimé mon escapade dans le Texas des années 70. Pourtant, cette époque n’était pas tendre avec les femmes, voire révoltante...



Tout commence avec le viol de la jeune Gloria Ramirez un soir de St Valentin qui trouve refuge chez Mary Rose. Elle s’en sortira physiquement mais ne sera plus jamais la même. Après tout, ce n’est qu’une étrangère, qui sait si elle ne l’a pas cherché ??? La justice n’a pas la même définition selon le sexe et l’origine des personnes. Un bon mobile de vengeance pour toutes ces femmes condamnées à s’occuper des gosses, de leur mari et qui doivent tout le temps sourire.



Ce roman choral donne la parole aussi à Corinne, qui vient de perdre son mari et qui noie son chagrin dans l’alcool et à Debra Ann, petite fille espiègle dont la mère est partie et qui est restée avec son père qui travaille dans les forages de pétrole, comme beaucoup d’hommes à cette époque dans la région. Il ne s’occupe pas beaucoup d’elle mais Debra Ann ne manque pas d’amis imaginaires et elle rencontrera aussi Jesse, seul homme sympathique du roman. La protection de l’environnement n’existe pas non plus, chacun doit vivre avec des relents de pétrole dans l’atmosphère, renforcés par le climat aride...



La vie est donc loin d’être rose et ce sont les déboires de toutes ces femmes et la façon dont elles les surmontent que l’auteure a voulu faire ressortir. C’est parfois triste mais c’est bien, lisez le roman !



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Glory

Odessa, 1976. Cette ville, dont le pétrole est le poumon économique, qui s’est construite sur sa présence dans son sol, voit venir au fil des saisons son lot de travailleurs occasionnels qui profitent de l’effervescence causée par l’or noir pour se faire un petit pactole avant de repartir. C’est de l’un de ces travailleurs que Gloria, adolescente, fera les frais au soir de la Saint-Valentin, agressée sauvagement après être monté avec lui dans sa voiture, sans penser à tel mal, sans penser qu’elle subirait une violence telle que l’état de la jeune fille, décrit par touches au fil des premières pages, nous plonge avec horreur dans une atmosphère âpre, brutale, glauque, éminemment masculine dans son sens le plus péjoratif.



Mais de masculin, il ne sera, finalement, que bien peu question, de manière directe, dans ce roman, puisque Elizabeth Wetmore a fait le choix de narrer les faits – l’agression de Gloria et ses diverses conséquences au sein de la ville – par l’intermédiaire des voix féminines de celle-ci, voix qui sont d’habitude effacées, voire totalement annihilées au profit des hommes dans ce genre de milieux gonflés à la testostérone. Celle de Gloria bien sûr, traumatisée par son agression ; mais aussi celle de Marie Rose, chez qui la jeune femme est venue frapper lorsqu’elle est parvenue à s’échapper des griffes de son bourreau, et qui décide de témoigner pour elle au procès ; ou encore celle de Corrine, ancienne enseignante qui doit apprendre à vivre avec la mort récente de son mari et qui va côtoyer Marie Rose ; celle de Debra-Ann, jeune voisine de Corrine qui vient souvent lui rendre visite ; celle de Ginny, la mère de Debra-Ann ; celle de Suzanne, une autre voisine de Corrine ; et enfin celle de Karla, serveuse dans un bar de la ville.



Derrière toutes ces voix, diverses postures face à ce qui les entoure, qui racontent indirectement l’histoire de chacune, avec, toujours, en toile de fond, le fantôme de la domination masculine qui rôde : ce n’est pas lui qui s’exprime, mais cela ne l’empêche d’être présent, insidieusement, dans chaque évènement vécu par ces femmes, dans chaque décision prise, volontairement ou non, par elles, dans chacun de leur comportement, dicté par le fait de devoir faire attention au moindre de ses faits et gestes, et ce dès le plus jeune âge, pour éviter justement une agression telle que subie par Gloria. Ce sont aussi les fantômes de la rumeur et des préjugés, plus encore du racisme (Gloria étant d’origine mexicaine, elle a forcément cherché son agression, selon la majorité des habitants), ou encore de la pauvreté omniprésente à Odessa, qui se mêlent à celui de la domination masculine, permettant de décrire avec force réalisme les conditions de vie dans cet univers étouffant, à l’image du Texas désertique qui l’a engendré à l’appel du pétrole.



Glory est, pour l’instant, – et je pense qu’il le restera – mon coup de cœur de cette rentrée littéraire : fond et forme servent parfaitement un propos qui me touche, m’interpelle au quotidien ; ils donnent enfin la parole, avec beaucoup de force et de justesse, à celles qui ne l’ont pas ou peu.



Je remercie les éditions Les Escales et NetGalley de m’avoir permis de découvrir ce roman avant sa publication, prévue pour le 27 août.
Lien : https://lartetletreblog.com/..
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Glory

Cette histoire de viol ne traite pas de l’agression sexuelle en elle-même. Il s’intéresse surtout aux conséquences de ce type de crime sur la population. Il donne la parole à toutes les actrices en orbite autour du drame. La victime, les témoins et les voisines se relayent pour offrir une vision globale de la résonance de l’évènement. Dans cette ville isolée, la justice populaire se met en marche. Chaque habitant y va de son avis tranché. « La fille l’a bien cherché », « on ne va pas gâcher la vie d’un jeune homme pour une mexicaine ». Les préjugés religieux, racistes et machistes sont libérés.



En parallèle, on entre dans le quotidien de ses femmes et plus particulièrement dans leur relation avec la gente masculine. Face à leurs rapports aux hommes, l’aventure oscille entre la soumission de certaines et la révolte des autres. Des milliers d’années de domination ont laisser des traces.



Alors que l’on pourrait penser que les mentalités sont liées à l’époque et à l’endroit où le drame s’est produit, on constate qu’il n’en est rien. Ce texte a des relents dans le monde actuel. Même dans nos pays dits « développés », à chaque nouvelle affaire de viol, certaines réactions ne semblent pas vraiment différentes. Il est donc primordial de faire lire ces histoires, surtout aux hommes, pour créer de l’empathie et leur ouvrir les yeux sur ces injustices immuables.



Pour son premier essai, Elizabeth Wetmore frappe juste avec ce roman choral malheureusement intemporel. Grâce à ces portraits, elle donne la parole aux femmes et explore avec force leur besoin d’indépendance. Elle ne juge pas, ne donne pas de leçon mais met en exergue une situation d’inégalité. « Glory » est un livre d’introspection de la société, d’une grande puissance émotionnelle, qui m’a autant troublé que scandalisé !
Lien : http://leslivresdek79.com/20..
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Glory

Gloria, rebaptisée Glory, a 14 ans. Elle est victime d’une violente agression le 14 février 1976. Malheureusement pour elle, nous sommes à Odessa au Texas dans les années 70 et l’opinion comme la justice n’est pas du côté d’une ado d’origine mexicaine.

Ce roman choral nous fait rencontrer toutes les femmes qui ont eu, de près ou de loin, un lien avec cet événement.

Le roman est bien écrit et palpitant.

De plus, on découvre beaucoup d’informations sur la vie de l’époque dans cette région : la ruée vers l’or noir, la vie au sein de ces petites villes pétrolières, la faune hostile en ville, la météo particulière, les odeurs, la poussière permanente, la traversée des frontières, les inégalités contre les mexicains, la culture des armes, la vie des femmes…. nous apprenons beaucoup de choses même si ce n’est pas le but du livre. Tout cela vu par les femmes sans être féministe.

Une lecture très intéressante à recommander.
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Glory

C’est un livre qui ne laisse pas indifférent ; c’est la première chose que je dirai . Il s’agit d’un roman à plusieurs voix : un roman choral qui selon les points de vues apportent de nouveaux éléments à l’histoire. Le roman se déroule au Texas, dans une région pétrolifère où le soleil et la chaleur règnent en maîtres. Le roman s’ouvre sur une scène ou une fille de14 ans, Mexicaine, Gloria, vient de se faire agresser toute une nuit par un jeune homme. Elle est étendue dans la poussière, blessée, lui comate dans sa voiture. La seule option de Glory est de rejoindre la ferme qu’elle aperçoit 5 kilomètres plus loin alors même que chaque mouvement est un combat pour elle et qu’elle sait que son agresseur peut se réveiller à tout moment ....

cette histoire fait réfléchir sur le sens de la vie, de la justice, et du racisme. Dans cette ferme, une jeune maman qui n’aura de cesse de la défendre jusqu’au procès .... mais qui connaîtra la peur, la solitude, la haine de ses concitoyens, qui ne comprennent pas sa volonté à défendre une mexicaine, une fille qui est montée de son propre chef dans la voiture de son agresseur et qui estime que seule la justice de l’homme fait loi ! L’atmosphère y est aride comme le climat du Texas, les personnages sont décrits avec précision et sont sans pitié ... Dans cette région aride, pas d’empathie, juste une volonté de vivre en dépit de tout ! A découvrir ! Pour les âmes sensibles, s’abstenir !
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Glory

Gloria s’échappe du joug de celui qui l’a brisée, le corps en miettes, hébétée mais courageuse. Elle s’efface dans le désert tirant sa carcasse dont elle ne mesure plus le début et la fin, progresse, le souffle court, l’air silencieux jusqu’à la maison de Mary Rose. Elle a été violée et frappée.

De ces actes d’une grande violence partiront les avis de chacun sur la victime et les circonstances : Gloria n’est-elle pas mexicaine ? L’auteur, blanc ?

Brossant le portrait d’une communauté américaine raciste et intolérante, l’auteure laisse la parole aux femmes dans ce roman choral où les faits se heurtent à une histoire semblable à celle vécue par d’autres populations face à la « suprématie blanche ». Ce texte fait douloureusement écho aux actes barbares perpétrés contre les personnes de couleur et à l’intolérance primaire qui sévit aux USA.

Roman d’une grande finesse, l’écrit décrit le quotidien, les ragots, la morale qui se veut juste et bonne quand elle s’emberlificote avec les croyances et les certitudes, la mauvaise bienséance, la religion, les droits et la justice. Il évoque la difficulté de s’opposer à la majorité et de ne pas plier à travers le regard de femmes fortes et persévérantes.

Cette lecture est une belle découverte.


Lien : https://aufildeslivresbloget..
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