— Tu as un petit ami ? Me demande-t-elle alors.
Tu peux m’en parler tu sais.
Elle est au courant. Que je suis gay. C’est elle qui l’a su en premier avec mon père. Après moi. Je n’ai jamais voulu me cacher. Même quand j’ai compris que je préférais les garçons. Je ne me suis pas dit « il faut que personne ne le sache ». Je ne voulais pas forcément qu’ils le sachent non plus. Je ne voulais juste pas devoir mentir. Faire semblant. Quitte à être rejeté de tous, je voulais pouvoir vivre tel que j’étais.
Alors j’ai juste annoncé « moi aussi, j’aime les garçons ». Un soir à table. Alors que mes parents étaient toujours mariés. Et que mon père rigolait parce qu’à la télé, il y avait un type un peu maniéré.
— Sûr qu’il aime les mecs lui.
Alors c’est tombé de ma bouche.
— Moi aussi j’aime les garçons.
J’avais douze ans.
Mon père a rigolé bizarrement. Comme si je lui faisais une blague. Ma mère a compris que c’était vrai. Je l’ai vu dans ses yeux. Pourtant elle n’a pas sourcillé.
— Merci de ton honnêteté. Maintenant mange ta purée, a-t-elle dit, et toi Philippe, éteins la télé, on est à table.
j’aime juste attirer l’attention sur moi, je crois. Et je mate trop de films débiles à l’eau de rose où les personnages se jurent des amours infinis. Pathétique, mais j’adore. Ce besoin d’aspirer l’amour des autres, leur attention, c’est peut-être parce que je n’en ai jamais eu de la part de mes parents. Pas leur faute. Ils sont trop occupés à se détester pour s’occuper de moi, et Sora leur prend tout leur temps quand elle est là, et pour ça, je peux pas leur en vouloir. Sora me prend tout mon temps, à moi aussi, et ce n’est pas sa faute. Je pense à Sora et j’oublie Rose un moment, j’oublie souvent Rose de toute façon, elle ne s’en chiffonne pas, tant que je suis présent pour lui vernir les pieds. C’est pour ça que c’est facile de sortir avec Rose, elle n’attend rien de moi, je n’attends rien d’elle (à part un amour absolu qu’elle n’éprouve absolument pas) et tout le monde nous adore ensemble.
Faut dire qu’on forme un couple parfait, deux vrais canons de beauté, digne de tous les magazines.
Niel K tenait à garder l’anonymat, à tout prix. J’allais passer mon bac, quitter le lycée et je ne saurais sans doute jamais qui était cette personne qui se cachait derrière des articles plus qu’excellent.
C’était un peu frustrant et même beaucoup frustrant. Cette frustration me frustrait (et j’étais frustré d’être frustré par cette frustration), alors j’ai pris une décision. Je me suis dit que j’allais trouver qui était Niel K avant de terminer le lycée. Que ce serait ma mission, mon nouveau but et que je ne serais pleinement satisfait que quand je saurais si Niel aimait oui ou non le jaune.
Il est beau. J’ai pas d’autres mots.
Enfin si, j’avoue, en fait j’en ai pleins d’autres.
Mignon, trognon, joli, séduisant, adorable…
Mais beau, ça lui va bien. Et c’est ce que je me suis dit en le voyant rire. En le voyant détendu, durant une seconde. Une demi-seconde. En entendant cette note claire sortir de sa gorge, presque étouffée tout de suite. Ses lèvres étirées. Ses yeux brillants un instant derrière ses lunettes. Son front se déridant. Ses sourcils se défronçant.
Lenie est capable de rire.
Et ça me fait quelque chose.
je suis une grande fan de lecture, mais étant maman, ce n'est pas tous les jours faciles de trouver du temps et du calme pour lire. Mais quand j'ai commencé ce roman, j'ai eu vraiment beaucoup de mal d’arrêter, je lisais tard le soir, et trouvais toujours un moment pour lire, et en quelques jours il était déjà terminé.
Des personnages attachants, une histoire émouvante, romantique, touchante. j'ai adoré du début à la fin.
Merci à l'autrice pour cette merveilleuse histoire, hâte d'en avoir beaucoup d'autres!!
Théo est encore plus con que je le pensais et je ne pensais déjà pas beaucoup de bien de lui avant. Hormis le fait qu’il soit homophobe, qu’il ait des propos datant limite du siècle dernier (ou digne de la Manif pour tous-ceux-qui-comme-nous-veulent-éradiquer-tout-ce-qui-est-différent-de-leur-petit-cerveau-étriqué) (c’est Lily qui les appelle comme ça) (c’est un nom un peu long alors on a réduit à : Manif de connards. C’est bien aussi), Théo a des idées vachement bizarres. Et après c’est moi le psychopathe ?
Peut-être qu’à dix-sept ans ça veut rien dire. Tomber amoureux. Peut-être que j’ai toute la vie devant moi pour ça. Mais peut-être que ça compte quand même vachement. Peut-être qu’avoir dix-sept ans c’est déjà assez dur pour qu’on n’ait pas à devoir supporter ce genre d’épreuves.
J’en sais rien. Je me dirai sans doute plus tard qu’on était idiot. Ou bien je me dirai que je ne regrette rien. Ou que je regrette tout. Qu’est-ce que j’en sais ?