Ne me demandez pas comment je m'étais retrouvée debout sur une table, coiffée d'une casserole et une louche à la main, à adouber Emmett et Mathys "chevaliers de l'ordre du Fanta et de l'Oreo", ni comment je m'étais ensuite dessinée une moustache et avait pris un accent irlandais pour imiter Aurélien.
« Au cœur du Royaume dévasté,
Elle lèvera l’épée, guidée par les premiers anges,
De l’amour, il ne restera que des cendres,
Étouffées par l’acte désespéré,
De l’Ange tuant sa moitié,
Si la guerre en pourrait être remportée,
Eux ne pourront plus jamais s’aimer. »
Sa présence seule parvenait à me rassurer, à m’apaiser. Il était une partie de mon âme. J’aimais cet homme depuis l’aube des mondes et je l’aimerais jusqu’à la fin des temps. Alors pourquoi rencontrions-nous tant de difficultés ?
— Aujourd’hui, je ne suis plus votre Ange. Aujourd’hui et jusqu’à ce que nous remportions la guerre, je suis votre égale. Je n’ai ni titre, ni rang. Je me battrai à vos côtés, je mourrai à vos côtés.
Il fallait que je me trouve une aspirine. On aurait dit que mon cerveau voulait sortir de ma tête. Je le comprenais. Moi aussi j'aurais voulu sortir de ma tête...
« Lorsque les descendants s’éveilleront, leurs regards se croiseront
Éloignes dès la création, ils se retrouveront
Au détour d’un combat, que le fil d’une lame
Amants d’une nuit, aimés de l’éternité,
Ils surmonteront guerres, blessures et absences,
Malgré le lien et l’attraction,
Le lié ne l’aura jamais,
Personne, ni la mort ne pourra les séparer,
Mais l’interdiction les rattrapera,
Et de là le monde tombera… »
Il s'écroula à genoux, la tête entre les mains. Et ses mains... Elles étaient couvertes de sang. De mon sang.
Je combattrai pour toi, mais pas seulement parce que je t’aime, parce je veux que tu montes sur le trône, parce que tu es l’Ange dont le Royaume a besoin. Je veux également me battre pour le peuple, celui auquel j’appartiens. Tu ne m’empêcheras pas de me battre pour mes idéaux.
Il y avait des choses ici — et des gens en l'occurrence — qui me devaient encore des réponses.
Parfois, le silence détenait toutes les réponses à nos questions.