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Mais pourquoi, direz-vous, aller s’attaquer à des consommateurs paisibles, qui écoutent de la musique et qui, peut-être, ne sont ni magistrats, ni députés, ni fonctionnaires ?
Pourquoi ? C’est bien simple. La bourgeoisie n’a fait qu’un bloc des anarchistes. Un seul homme, Vaillant, avait lancé une bombe ; les neuf dixièmes des compagnons ne le connaissaient même pas. Cela n’y fit rien. On persécuta en masse. Tout ce qui avait quelque relation anarchiste fut traqué.
Eh bien ! Puisque vous rendez ainsi un parti responsable des actes d’un seul homme, et que vous frappez en bloc, nous aussi, nous frappons en bloc.
Devons-nous nous attaquer seulement aux députés qui font les lois, aux policiers qui nous arrêtent ?
Je ne le pense pas.
Tous ces hommes ne sont que des instruments n’agissant pas en leur propre nom, leurs fonctions ont été instituées par la bourgeoisie pour sa défense ; ils ne sont pas plus coupables que les autres.
Les bons bourgeois qui, sans être revêtus d’aucune fonction, touchent cependant les coupons de leurs obligations, vivent des bénéfices produits par le travail des ouvriers, ceux-là doivent avoir leur part de représailles.
Et non seulement eux, mais encore tous ceux qui sont satisfaits de l’ordre actuel, qui applaudissent aux actes du gouvernement et se font ses complices, ces employés à 300 et 500 francs par mois qui haïssent le peuple plus encore que les gros bourgeois, cette masse bête et prétentieuse qui se range toujours du côté du plus fort, clientèle ordinaire du Terminus et autres grands cafés.
Voilà pourquoi j’ai frappé dans le tas sans choisir mes victimes.
Au surplus, j'ai bien le droit de sortir du théâtre quand la pièce me devient odieuse et même de faire claquer la porte en sortant, au risque de troubler la tranquillité de ceux qui sont satisfaits. (dernière pensée ?)