C’est à ce moment-là qu’il s’est tourné vers moi, plantant ses yeux gris dans les miens. Il me paraissait égal à lui-même. Sa fine couche de barbe savamment entretenue pour cacher les angles de sa mâchoire. Son regard dur et pénétrant. Son air imperturbable. Ce n’était évidemment pas le genre d’hommes à déclarer qu’il était content de me voir. Ecrire la carte et me l’envoyer avait dû lui demander un effort surhumain, ou alors il l’avait fait à trois heures du matin, une nuit qu’il se trouvait un peu trop seul dans son grand lit vide et qu’il avait trop bu. Quel jeu allait-il jouer à présent avec moi ?
Avec Louis, c’était souvent ainsi. Nous vivions sans cesse des hauts et des bas, comme dans des montagnes russes émotionnelles. Un jour, il pouvait se montrer attentif, patient, compréhensif, et pédagogue, voire m’offrir une nuit passionnée, et le lendemain se transformer en odieux personnage, le plus cruel qu’il m’ait été donné de rencontrer.