Emmanuel Kessler

Dans sa composition, il résout le problème dit « des trois cercies », posé par Pascal. La copie est publiée en 1878 dans une revue par son professeur, Desboves, qui le pousse à préparer Normale-sciences. Mais Henri contrecarre le souhait de l'enseignant et fait un autre choix, qui se révélera déterminant. Il opte pouur la préparation du concours d'entrée à Normale-lettres. Desboves ne lui cache pas sa déception. Sa petite colère est restée célèbre « C'est un acte de folie, lui déclare-t-il. Vous auriez pu être un mathématicien, vous ne serez qu' un philosophe!»
Bergson lui répliquera à sa manière, en 1907:«Nous n'avons qu'à suivre la pente de notre esprit pour devenir mathématiciens" » La voie des maths eût été, selon lui, une solution de facilité. Et son choix revêt en réalité une dimension beaucoup plus profonde que l'expression d'une simple préférence, comme lorsqu'on choisit entre deux par- fums de glace. II pressent qu'il y a, au-delà de la science mathématique qu'il voit régner en maître, une connaissance plus complète encore. Bergson vit là sa première intuition. ll place, pour la première fois, l'esprit de finesse au-dessus de l'esprit de géométrie.