Emmanuelle Roué

J’ai l’impression de m’éveiller d’une longue torpeur. Les frimas, c’est pas mon truc. La baisse des températures provoque une certaine apathie sensorielle chez moi, j’ai l’impression de moins vivre, de vivre moins fort. Ma libido n’en souffre pas outre-mesure, elle a toujours été forte, imposante ; parfois elle s’impose d’ailleurs et je me sens esclave des besoins de ma chair. Mais qu’y puis-je ? Je suis un être humain qui a du sang bouillonnant dans les veines, qui a choisi de vivre à l’écoute de ses sens, de s’émerveiller de tout, d’être libre. Je peux passer une heure à contempler une image, un tableau, une photo. Je peux lire et relire cent fois un passage de livre qui éveille quelque chose en moi, qui parle à mon âme. Prendre une après-midi complète pour cuisiner un plat qui fait jouir les papilles. Je me livre en toute conscience à mes sens, mes émotions, humanité, mes perceptions. Alors il n’est que logique que le sexe ait une grande place dans ma vie.

Ta bouche se tourne vers la mienne et tu m’embrasses en chuchotant « ouiiiiiiiiiiiiii » d’un souffle, d’une expiration sexy qui me rend dingue de désir. J’ai envie de t’embrasser pendant des heures, de te déclarer mon amour, mon désir et tout ce qui se trouve entre les deux, mais je me reprends. Tu me combles en acceptant de t’offrir à ces inconnus et je compte bien faire en sorte que ce moment soit parfait. Être à la hauteur de ce cadeau. Au plus proche de tes envies. De tout ce que tu m’as confié.

Elle est couverte de bave, les gorges profondes que je lui impose ramènent de longs filets de salive autour de sa bouche, ça coulisse parfaitement, je ne lâche plus ses cheveux, je dirige totalement les opérations et la guide