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4.1/5 (sur 5 notes)

Nationalité : Italie
Né(e) à : Split , le 7 juin 1927
Mort(e) à : Rome , le 26 juillet 2017
Biographie :

Vincenzo (dit Enzo) Bettiza est un journaliste, homme politique et écrivain italien. Il est né à Split en 1927, alors en Yougoslavie, aujourd'hui en Croatie, et décédé à Rome en 2017. Comme journaliste, il a travaillé pour la Stampa, le Corriere della Sera et La Nazione, avant de co-fonder Il Giornale nuovo (1974). Il est l'auteur de nombreux essais et de six romans. Son inspiration est largement anti-communiste et libérale. Il a été sénateur et député européen pour le Parti Libéral Italien (PLI). Il s'est beaucoup intéressé au sort de l'Europe centrale et orientale. Comme Stefan Zweig, il cultivait une nostalgie de l'Empire austro-hongrois.

Source : Wikipedia italien
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Bibliographie de Enzo Bettiza   (1)Voir plus

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Citations et extraits (7) Ajouter une citation
Comme si le cerveau de Pfeffer avait soudain perdu le contrôle des diverses parties de son corps, les pauvres membres abandonnés à eux-mêmes frémirent un long moment, puis brusquement se contorsionnèrent follement comme si la douleur mystérieuse qui les traversait faisait l'effet d'une décharge électrique : le malheureux, convulsé autour de sa canne à la façon d'une anguille enroulée autour du harpon, grimaçant pour s'excuser , tentait fébrilement, inutilement de stopper le mal qui passait, en poussées féroces des tibias aux reins, des reins aux coudes, des coudes aux genoux, des genoux aux chevilles. Telles des aiguilles magnétiques, assemblées dans les points les plus sensibles du corps, les jointures attiraient cette douleur étrange, insaisissable, qui se déchaînait par surprise, se déplaçait avec une vitesse impressionnante. Et ce jeu de cachette entre l'homme et la douleur était tellement en dehors des règles normales de la souffrance qu'elle inspirait à Daniel tous les sentiments possibles, hormis la pitié. Quand la douleur dégénère en manifestations convulsives et incontrôlées , elle irrite souvent le spectateur et excite en lui, par réaction contraire, l'impression cruelle du comique et du grotesque. Le fait que, malgré ses spasmes qui devaient être atroces, Pfeffer était vêtu élégamment avec ces souliers reluisants, cet impeccable complet marron, cette chemise de soie, cette cravate vert foncé qui, même dans les convulsions , demeurait en place sans un faux pli, tout cela conférait au tragique spectacle un cadre glacé comme celui qui entoure un mort rasé, fardé, décoratif dans son cercueil sous son vêtement des grandes occasions. Janovich lui-même, qui était médecin, paraissait calme et patient. Mais la scène eut un épilogue plus rebutant encore.
Brusquement, après une dernière et très longue convulsion, le Maître Pfeffer fit un bond inouï, sa canne lui échappa des mains et il vint retomber à genoux sur le gravier au pied de la paroi rocheuse qui adossait le jardin à la colline. Il demeura ainsi quelques secondes comme assommé. Puis, avec un sursaut nerveux dont on ne l'eût pas cru capable, il se releva et, vacillant sur ses jambes, ses deux mains s'affairèrent convulsivement autour de la braguette de son pantalon qu'il déboutonna sans pudeur devant sous ; il fit un pas vers le mur et finalement, le corps arqué, les épaules frémissantes, le cou tendu en avant comme une cigogne, il se mit à uriner, poussant tandis qu'il urinait un long sifflement de soulagement .
Zarutti avait détourné les yeux, Cossovel gêné s'efforçait de sourire Cyrille et Méthode se regardaient médusés.
Le docteur Janovich s'approcha doucement de Daniel et le vouvoyant comme dans les moments solennels, il lui chuchota :
- Veuillez excuser mon hôte, je vous prie , c'est aussi mon client ....Il souffre d'une maladie, d'une très grave maladie....

Pages 133/134 - syphilis
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La mort était revenue rôder autour de lui ; et il avait réagi par une sorte de stupeur aveugle, une étrange réticence à s'abandonner aux larmes et aux scènes qui eussent été plus que naturelles chez un enfant de son âge. D'autre part, cette mort et plus encore peut-être cette résistance passive à la douleur l'avaient définitivement éloigné des autres passagers du Spreafico et surtout de son père. Ainsi, d'une façon encore obscure et confuse avait-il commencé à s'apercevoir qu'il se comportait vis-à-vis de la souffrance comme un altéré en face d'un verre de feu. Il souffrait de l'impossibilité d'étancher sa soif dans les flammes plus que de la soif elle-même. Le monde brûlant de la douleur l'attirait comme un volcan en ébullition, ruisselant de toutes ces brûlures infernales auxquelles son instinct de conservation cherchait à résister passivement par la torpeur et l'indifférence.

page 74 - suicide de sa nourrice
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Autant l’Histoire, l’Histoire avec une majuscule, paraît tous comptes faits, presque raisonnable, presque immuable et irréprochable, autant la chronique quotidienne qui prépare et engendre cette Histoire dans le désordre, nous semble irrationnelle, interchangeable, imparfaite.
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Car la mémoire est partiale et elle est partiale parce que trop sensible. Telle un compteur Geiger, elle va à la recherche des centres radio-actifs d'un fossile sans vie, les isole comme des syllabes lumineuses dans un obscur contexte, puis les exalte, les rassemble, les déduit, grâce à cette logique posthume qui possède - ainsi que je le disais - la rare habileté de transformer le hasard en destin.
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—- Une comédie... une erreur ? Un sosie de l’Archiduc ? Eh bien, que m’importe à moi ? Je ne dois pas savoir, je ne dois même pas me demander si l’Archiduc qui arrivera en voiture sera le vrai ou un faux Archiduc. Je ne dois penser qu’à mon geste... Ah! ah ! ah ! Dis-moi, Cossovel, t’es-tu jamais rendu compte que ce n’est pas le cadavre de l’Archiduc qui compte, mais le mien ? Car je vais jeter mon cadavre à la face de l’Autriche et de l’Italie ! Je veux que l’Autriche prenne peur et que l’Italie rougisse de mon inutile courage... Voyez à quelle misère en est désormais réduit notre irrédentisme...
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Il n’y a pas de doute. Le vrai sens de toute ma vie a été celui-ci : une atroce agonie de ma liberté
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La virginité ou la mort : ça c'est du vrai romantisme ! Garder les mains propres, non souillées de l'infection bourgeoise, ne pas se compromettre dans la décadence de la famille, se conserver chaste et pur et mourir .... Votre programme inconscient a toujours constitué à ne pas jouir, ne pas aimer, ne pas vivre. L'instinct du suicide .. vous ronge.
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