Eric Bidaud

La diversité sexuelle existe, [...]. Tout le monde n'a pas plaisir à faire les mêmes choses[...] et ceux qui ont des préférences sexuelles différentes ne sont pas des malades, des abrutis, des gens pervertis, des gens qui se sont fait laver le cerveau, des gens sous la contrainte, des suppôts du patriarcat, les produits de la décadence bourgeoise ou les rescapés de mauvaise méthode éducative. Il faut en finir avec l'usage qui veut qu'on explique la diversité sexuelle en la dénigrant.

Le porno dans sa consommation ordinaire peut être interprété comme un jeu, le champs privé de ses rêveries. Les fantasmes ou les rêves éveillés trouvent l'expression de leur actualisation en un site où se condensent les différentes couches du rapport au temps. [...].
Dire que la sexualité est un jeu, c'est dire qu'on peut en sortir : Que la scène du sexe est un "plateau", un espace défini des voies d'entrée et des voies de sortie, un côté cour, un côté jardin. En cet espace, ordonné à un temps compté, se jouent des gestes appris, un texte répété, la crainte de l'échec, l'attente et le désir de triompher. Le sexe, comme en toute scène, peut devenir risible, ridicule ou grave pour qu'on puisse en jouir.

Cette morale sexuelle recouvre une façon d'organiser la vie sexuelle en fonction d'une hiérarchie de privilèges et de prestige qui veut que certaines formes de comportements sexuels soient approuvées et promues comme allant de soi.
En haut de cette hiérarchie se trouvent les sexualités hétérosexuelles, monogames, dans le cadre du mariage, libres, gratuites, ayant lieu dans l'espace domestique, intragénérationnelle, génitale, à deux, procréatives, sans sex toys, et sans l'usage de la pornographie. Quant aux autres sexualités, elles sont considérées comme problématiques, mauvaises, inacceptables. [...]

L'analogie du fantasme et de sa structure avec un scénario montre sa capacité à être dramatisé, mis en récit et sous une forme préférentiellement visuelle. La photographie, le cinéma et l'image sont des supports adaptés à sa nature, à la mise en scène et en plan du désir. Devant ces supports, le sujet est là, présent dans ce qu'il voit, observateur et participant, dedans et dehors. Il jouit de là où il n'est pas.

Je soutiens, [...], que le pervers fait montre d'une vie fantasmatique assez pauvre, en tout cas réduite à un dispositif peu ouvert au changement.

L'adolescence est le temps initiatique des premières fois, du passage à l'Autre, de toutes ces "déflorations" plus ou moins ritualisées, c'est-à-dire soumises à l'ordre d'un groupe, à une socialisation : le premier acte sexuel, la première cuite, la première défonce... Il s'agit d'éprouver des états de vertige dont l'orgasme constitue la visée dans sa répétition ou encore dans son évitement.

Quoiqu'il en soit aujourd'hui de la liberté offerte à tous de regarder du porno, l'initiative ne peut se passer du sentiment de transgression qui la précède et implique la nécessité du secret. Regarder du porno, beaucoup, épisodiquement, comme on voudra, reste un choix gardé secret dont la plupart ne se vantent pas, ce secret constituant alors la condition du plaisir.

Selon une position libérale ou libertaire, chacun est libre de faire ce qui lui plaît : circulez, il n'y a rien à voir!

Prendre le sexe au sérieux, c'est engager sa vie en cela et advenir comme militant d'une cause, c'est à dire sortir du jeu. Dans la distinction que je fais entre le porno et la perversion, ce qui est essentiel est cette dimension du "faire-semblant" qui contredit l'attente du sujet pervers.

La fonction du rire est indissociable de la fonction de l'obscène langagier. Le rire survient au surgissement de l'obscène comme un cri qui marque une délivrance. Ce autour de quoi joue le lien social, c'est l'obscène comme un cri qui marque une délivrance.