AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de GuyMontag


En France, il est toujours difficile d’établir une distinction entre cette littérature ambitieuse et la littérature de masse. Dans tous les arts, les hiérarchies sont admises, sauf en littérature. Un livre est un livre. La tautologie est implacable. Les bonnes âmes s’offusquent lorsque le malencontreux critique – un élitiste à coup sûr ! – ose affirmer qu’il n’y a rien de semblable entre un roman de Douglas Kennedy et un roman de William T. Vollmann. Comme le faisait pourtant remarquer Pierre Jourde dans La Littérature sans estomac, il ne s’agit pas d’établir un jugement de valeur, mais de « définir un horizon d’attente. » Établir des distinctions, ce n’est pas forcément hiérarchiser et mépriser : c’est seulement différencier. C’est sans doute parce que toute pensée fascisante se construit sur des distinctions hiérarchiques (le chef et le peuple, l’Aryen et le Juif, le maître et l’esclave…) que l’on craint tant aujourd’hui de différencier. Le verbe « discriminer » qui, à l’origine, signifie simplement « différencier » s’est ainsi chargé d’une valeur négative. La volonté d’égaliser est pourtant dangereuse, d’une part parce qu’elle nivelle dans la médiocrité et d’autre part, parce qu’à force de nier d’évidentes différences, elle finit par donner raison à ceux qui veulent hiérarchiser celles-ci. Il me semble ainsi salutaire de distinguer la littérature ambitieuse de la littérature de masse.
Commenter  J’apprécie          10





Ont apprécié cette citation (1)voir plus




{* *}