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Citation de Caliban


Témoin lui aussi de ces journées tragiques qui décidèrent de son envol définitif pour Londres, de Gaulle résumera : " A partir du jour où le gouvernement avait quitté Paris, l'exercice du pouvoir n'était plus qu'une sorte d'agonie, déroulée le long des routes dans la dislocation des services et des consciences...Pour ressaisir les rênes,il eût fallu s'arracher au tourbillon, passer en Afrique, tout reprendre à partir de là . Monsieur Paul Reynaud le voyait . Mais cela impliquait des mesures extrêmes : changer le haut commandement, renvoyer le Maréchal et la moitié des ministres, briser avec certaines influences, se résigner à l'occupation totale de la métropole, bref, dans une situation sans précédent, sortir à tous risques du cadre et du processus ordinaires .M. Paul Reynaud ne crut pas devoir prendre sur lui des décisions aussi exorbitantes de la normale et du calcul [...] En définitive, cet anéantissement de l'Etat était au fond du drame national . A la lueur de la foudre, le régime apparaissait, dans son affreuse infirmité, sans nulle mesure, et sans nul rapport avec la défense, l'honneur, l'indépendance de la France ."
Quand, en septembre 1944, de Gaulle,devenu président du gouvernement provisoire d'une République qu'il avait dû, disait-il, "ramasser dans la boue" recevra la visite de l'ancien président Albert Lebrun, resté désespérément inerte à l'heure du plus grand danger, il ne prendra même pas la peine de lui en faire le reproche, tant il savait l'homme inadéquat à l'action . Mais il écrira dans ses MEMOIRES DE GUERRE : "Au fond, comme chef de l'Etat,deux choses lui avaient manqué: qu'il fût un chef, qu'il y eût un Etat ."
De ce collapsus intégral, l'historien américain William Langer, qui, pendant la guerre, fit partie de la branche Recherche et analyse del'OSS (devenu en 1947 la CIA ), tirera la même conclusion :" L'histoire moderne n'a enregistré que peu d'évènements aussi catastrophiques que la défaite de la République française en juin 1940 . Depuis la campagne éclair de Napoléon contre la Prusse en 1806, aucune grande puissance militaire n'avait été frappée aussi brutalement et aussi inexorablement par le destin ."
Aux yeux de de Gaulle comme à ceux des Américains, la France a bel et bien "roulé du haut de l'Histoire, jusqu'au fond de l'abîme .", la différence est que le premier va mettre toute son énergie à lui faire remonter la pente, tandis que les seconds n'en verront pas, c'est le moins qu'on puisse dire, la nécessité .
in Prologue, pages 28 et 29
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