Eric Chazot

Noyé dans la foule des marchands, je dérangeais la sieste des chiens galeux le long des murets couverts de galettes et de bouse de vache destinées à servir de combustible ; je m’arrêtais près d’un groupe d’enfants le cul nu, j’admirais le profil d’une pagode aux pans comme des ailes d’oiseaux découpant des angles de lumière dorée dans l’azur, je m’attardais sur le spectacle de trois femmes abattant en cadence de larges pilons de bois dans un mortier de pierre. Les commerçants rangeaient leurs étals, les mères de famille vaquaient à d’ultimes achats avant la fermeture. Des profils rieurs se détachaient dans une arche sculptée, des jeunes gens jouaient aux dés, des enfants s’amusaient à lancer de l’eau sur un camarade homme comme un jeune plant de riz. Des vaches s’avançaient, majestueuses et lentes, en quête de quelques feuilles de bananier imbibées des aromates et des vestiges d’un repas. Un ascète renonçant couvert de cendre, le trident à la main, tendait sa sébile à l’entrée des boutiques, les dalles de pierre luisaient patinées par des milliers de pieds nus, la lune se levait sous un toit de tuiles, dans le lointain les cloches des sanctuaires tintaient et mon cœur joyeux s’ouvrait à la douceur de la vie dans l’anonymat.

1662. Deux missionnaires Jésuites sont les premiers occidentaux (connus) à pénétrer dans la vallée de Katmandou.

Depuis les chaises à porteurs, les prêtres observaient l'animation qui régnait dans la ville, autour des sanctuaires de pierre ou de bois habillés par une multitude de frises, de personnages et d'animaux. Du monstre marin à l'éléphant en passant par les griffons et les aigles, des déesses voluptueuses et une multitude de dieux dansants armés d'épées ou de massues, de musiciens, d'orants et de diables ventrus aux sourcils de flamme.

Les ailes du palais royal, le durbar, se répartissaient autour de plusieurs cours, bordées de murs de brique rouge avec des alignements de fenêtres de bois aux montants ajourés, qui délimitaient des périmètres où s'agglutinaient des populations diversement habillées et soigneusement séparées.

Un oiseau de pierre à visage humain, enterré jusqu'à mi-corps, semblait jaillir du sol pour s'envoler. Plus loin, le père Grüber ne put s'empêcher de froncer les sourcils quand il aperçut, sur un temple, des sculptures représentant des hommes, des femmes, des couples, des trios, ou pire encore, enlacés dans les positions les plus invraisemblables!

Ces êtres de bois copulaient de face, de dos, même de profil, un aide encourageait parfois les amants de ses caresses, ou s'associait même à leurs jeux. Là, une femme se laissait couvrir par un cheval, ailleurs par un loup ou un chien, une autre exhibait avec impudeur sa vulve que ses deux mains ouvraient largement. Deux femmes étaient assises à côté d'un homme, l'une le nourrissait, l'autre le masturbait.

- Vous avez vu ça?

- .....

- C'est monstrueux, ce peuple est adorateur de Satan!

1662. Deux missionnaires Jésuites sont les premiers occidentaux (connus) à pénétrer dans la vallée de Katmandou.
Depuis les chaises à porteurs, les prêtres observaient l'animation qui régnait dans la ville, autour des sanctuaires de pierre ou de bois habillés par une multitude de frises, de personnages et d'animaux. Du monstre marin à l'éléphant en passant par les griffons et les aigles, des déesses voluptueuses et une multitude de dieux dansants armés d'épées ou de massues, de musiciens, d'orants et de diables ventrus aux sourcils de flamme.
Les ailes du palais royal, le durbar, se répartissaient autour de plusieurs cours, bordées de murs de brique rouge avec des alignements de fenêtres de bois aux montants ajourés, qui délimitaient des périmètres où s'agglutinaient des populations diversement habillées et soigneusement séparées.
Un oiseau de pierre à visage humain, enterré jusqu'à mi-corps, semblait jaillir du sol pour s'envoler. Plus loin, le père Grüber ne put s'empêcher de froncer les sourcils quand il aperçut, sur un temple, des sculptures représentant des hommes, des femmes, des couples, des trios, ou pire encore, enlacés dans les positions les plus invraisemblables!
Ces êtres de bois copulaient de face, de dos, même de profil, un aide encourageait parfois les amants de ses caresses, ou s'associait même à leurs jeux. Là, une femme se laissait couvrir par un cheval, ailleurs par un loup ou un chien, une autre exhibait avec impudeur sa vulve que ses deux mains ouvraient largement. Deux femmes étaient assises à côté d'un homme, l'une le nourrissait, l'autre le masturbait.
- Vous avez vu ça?
- .....
- C'est monstrueux, ce peuple est adorateur de Satan!