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Critiques de Eric Sartori (5)
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L'Empire des Sciences Napoléon et Ses Savants

Il est aujourd'hui de bon ton de dénigrer Napoléon, de limiter son action à celle d'un fou de guerre, voire de le mettre dans le même sac que les pires dictateurs du vingtième siècle... Passons sur le fait que les guerres dites "napoléoniennes" ne furent pas dues à l'ambition démesurée d'un seul homme, mais essentiellement à la volonté de l'Angleterre d'empêcher la France de renaître de ses cendres après le sabordage de la Révolution : tel n'est pas le propos. L'intérêt de "L'Empire des Sciences" est justement de ne pas considérer l'oeuvre napoléonienne à travers le prisme des guerres et des conquêtes, mais des sciences et du progrès technique.



Napoléon fut, en effet, un passionné de sciences. Très tôt il se distingua dans l'étude des mathématiques, une aptitude qui lui permit d'entrer à l'École Militaire en qualité d'élève artilleur et d'entamer la carrière que l'on sait. Avant même de s'élever au pouvoir suprême, il comprit l'intérêt qu'il y avait à s'entourer de savants : ainsi le géomètre Monge, le physicien Fourier, les chimistes Berthollet et Chaptal, parmi d'autres noms illustres, furent-ils des compagnons de la première heure. L'État profita de ces cerveaux pour réformer et redresser le pays en un temps record ; en contrepartie, il fut offert aux scientifiques français des conditions de travail favorisant des découvertes rapides, à une époque où l'Angleterre ne comptait qu'un seul scientifique professionnel en la personne de l'astronome royal.



"L'Empire des Sciences" est donc un livre portant sur un sujet passionnant. Malheureusement il n'est pas exempt de défauts. Le grand nombre de coquilles saute aux yeux : fautes d'orthographe, oubli d'un mot dans une phrase... tandis que certaines erreurs récurrentes donnent parfois un aspect involontairement comique au propos, ainsi lorsque "Kepler" (comme l'astronome allemand contemporain de Galilée) au lieu de Kléber, mène ses troupes en Égypte, ou lorsqu'un chiffre romain oublié par l'auteur dans une date lui fait évoquer les grands progrès de la physique et de la chimie au onzième siècle !



Les chapitres biographiques consacrés à Monge, Chaptal, Berthollet, etc. sont très intéressants et très complets ; en revanche l'évocation des grandes réalisations scientifiques du Consulat puis de l'Empire, menées pour l'essentiel par... Monge, Chaptal, Berthollet, etc., occasionne d'inévitables redites. Certaines citations sont répétées deux, trois fois, voire davantage, au gré des différents chapitres. Peut-être l'auteur a-t-il conçu son ouvrage de manière à ce que le lecteur en consulte une section particulière en fonction de ses besoins, et non en le lisant de la première à la dernière page ?



Enfin, il y est question de physique, de chimie, de mathématiques, de médecine, mais, étrangement, très peu de sciences naturelles. Des naturalistes de premier plan comme Lamarck ou Cuvier sont à peine mentionnés ; il n'est fait qu'une fois allusion à Nicolas Baudin, mandaté par le Premier Consul pour mener en compagnie d'une vingtaine de savants une expédition scientifique en Australie ; et même la passion de l'Impératrice pour la zoologie et la botanique, qui lui fit notamment acquérir pour sa propriété de la Malmaison des kangourous ou des émeus quand ces animaux étaient inconnus en Europe, n'est qu'évoquée dans une note de bas de page.



Au regard de certaines redites, le livre (plus de 600 pages au format poche tout de même !) peut donc apparaître comme trop long, ou bien trop court, quand on songe aux points qui n'ont pas été développés... Il s'agit néanmoins d'une lecture enrichissante qui, en dépit de ses imperfections, a l'immense mérite de mettre en lumière un aspect aussi méconnu qu'essentiel de l'histoire du Premier Empire.
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Histoire des femmes scientifiques de l'Anti..

J’ai juste envie de dire « whaou »… et je ne sais pas par où commencer tellement il y a à dire sur ce livre ! Tout d’abord, merci à Éric Sartori d’avoir écrit ce livre ! Vraiment je pense que grâce à cet ouvrage, l’Histoire et la Science en sortiront grandies ! Cet ouvrage est vraiment à placer entre toutes les mains : femmes, hommes, amoureux des sciences, de l’histoire, etc.… , et peut être tout particulièrement entre les mains des jeunes filles qui voudraient s’engager dans les sciences et qui manquent de modèle !



Car oui, des femmes dans la science, il y en a eu ! et un bon paquet et de tout temps ! Alors qu’on entend partout que les femmes sont peu présentes dans les sciences, je pense que ce livre devrait être une référence ! Oui il y a eu beaucoup moins de « grandes femmes » scientifiques que de grands hommes. Elles ont été oubliées, volontairement souvent, parce qu’elle faisait de la concurrence à leurs collègues masculins. Et de la misogynie, il y en a eu beaucoup, énormément et souvent accompagné de très mauvaise foi ! Même certains de nos grands philosophes qu’on nous glorifie en cours ne sont pas gênés pour placer l’intellect de la femme en dessous de tout. Mais c’est aussi « normal » qu’elles fussent moins nombreuses : lorsqu’on ne donne pas d’éducation aux jeunes filles, il ne faut pas s’étonner qu’elles soient peu présentes dans les domaines scientifiques. Et celles qui se sont distinguées sont celles qui ont été éduquées ou qui se sont « auto-éduquée ». Et souvent, c’est aussi ça qu’on voudrait faire taire, c’est le lien entre féminisme et femme de sciences. Oui souvent, les femmes scientifiques ont été des précurseures pour la place des femmes dans la société et notamment pour leur éducation. Mais science et « politique » n’ont jamais vraiment fait bon ménage, et certains se plairait bien à ce que chacune de ses disciplines reste bien séparé (mais historique ce n’est pas vrai).



Alors OUI, il y a existé des femmes dans l’histoire de la science, et pas des moindres et dans toute les matières. Y compris celle qu’on qualifie aujourd’hui de peu attractive ou ne convenant pas aux femmes comme la physique ou les mathématiques !

Ce livre est composé de 11 grandes parties. Les 5 premières parties décrient pêle-mêle des femmes dans toutes les matières selon différentes périodes de l’Histoire. Et on en découvre des grandes femmes ! et les luttes qu’elles ont menées contre cette horrible misogynie ! Même pendant le fameux Siècle des Lumières on s’est arrangé pour que les femmes n’y participent pas. Les 6 autres parties décrivent de la Renaissance à l’époque contemporaine une matière en particulier : astronomie, mathématique et physique, chimie, naturaliste (zoologie, botanique…) médecine et sage-femme. Et là encore, on en apprend beaucoup ! Les parties décrivent toujours un peu l’époque et les courants de pensée du moment, histoire de bien se situer. Et ensuite, ce sont des biographies, plus ou moins longues des femmes qui ont marqué la période et la matière en question ! Et parfois ces femmes ont été reconnues à leur époque, et oubliées ensuite… alors que leurs collègues masculins sont restés eux… pourquoi… misogynie ou erreur de l’histoire ?

Il serait trop long de décrire chaque partie ! Mais je crois que la plus marquante est celle sur la médecine… car c’est quand même, la seule discipline, qui a persécuté les femmes pour les en bannir. Car oui, on a brûlé des femmes médecins, ces fameuses sorcières ! Dont souvent le seul crime était de guérir les gens, loin des universités et de leurs enseignements (où les femmes étaient interdites, cela va « de soi »). On notera aussi la place particulière qu’a eue l’Italie, qui a été le seul pays à accueillir favorablement les femmes dans les universités. Assez étonnant quand on connaît le stéréotype machiste de l’Italie.



Ce livre c’est l’histoire des sciences, de la société et des femmes, surtout la lutte des femmes (ce n’est pas le thème qu’aborde l’auteur, mais c’est un simple fait). Alors non ce livre n’est pas féministe, il est juste culturel. À lire juste par simple culture générale !



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Histoire des femmes scientifiques de l'Anti..

Un livre vraiment remarquable, d’autant plus qu’il a été écrit par un homme et que ce dernier n’est pas avare de reproches aux hommes qui tout au long de l’histoire ont fait preuve d’une misogynie malsaine.



On découvre tout au long de ce livre des hommes qui ont été des clés dans l’histoire des sciences. Mais avant tout, l’auteur nous propose une longue introduction qui nous fait découvrir la misogynie qui à fait, qu’aujourd’hui encore, on pense que les femmes seraient moins compétentes en science ou qu’elles ne s’y intéressent pas. Pour cela, il suffit de voir le clip puant de misogynie qu’avait présenté l’Europe : rose, sexy, cosmétique et perturbant leurs collègues qui, eux, bossent.



Chimie, physique, médecine, biologie, alchimie, traduction, éducation, les femmes se sont illustrées dans tous ces domaines bien qu’elles aient souvent été oubliées. L’exemple type sera Lavoisier, fondateur de la chimie moderne. Citer souvent seul, ses travaux n’auraient jamais pu être ce qu’ils ont été sans son épouse. Car oui, beaucoup de ses femmes sont des épouses, des sœurs, des amantes, de grands scientifiques. Comment ne pas penser à Marie Curie dont certains pensèrent que sa contribution à son premier Nobel, avec Pierre Curie et Becquerel, avait été minime ? Mais pas que ! et heureusement. Elles furent nombreuses à s’imposer, seules, dans leur domaine et certaines furent bien meilleures que leur homologue masculin !

Encore plus exceptionnelles, ces femmes se forment elles-mêmes, car beaucoup ne reçoivent pas d’éducation soignée. Il arriva même que les parents de certaines tentent de les empêcher d’étudier, car cela était peu « féminin »… Mais heureusement, certaines familles furent plus ouvertes… Il ne faut pas oublier que ces études furent malheureusement réservées à une élite qui avait les moyens d’engagé des précepteurs privés, de se rendre dans les salons pour discuter avec des personnages illustres, de suivre des cours publics…

Brillantes-en de très nombreux points, certains scientifiques reconnus n’auraient rien pu accomplir sans leur aide précieuse.



Ces femmes ont toutes buté sur une seule chose : la misogynie. L’auteur fait bien ressortir cela dans tout son ouvrage, prenant souvent la peine de citer des scientifiques ou des philosophes qui ont tout fait pour empêcher ces femmes de faire carrière. Tous les coups ont été permis ! L’Église a beaucoup aidé dans cette tâche…

Mais dans une Europe défavorable aux femmes, un pays s’illustre. Et je dois bien avouer en avoir été surprise vu la réputation qu’il se coltine à l’heure actuelle : l’Italie. Femmes admises dans les Universités (Bologne accueillit des femmes illustres), enseignantes dans ces mêmes universités, dont une sera même soutenue par un Pape ! Un rayon de soleil dans une Europe Médiévale et Renaissance profondément misogyne.

Cette misogynie entra par ailleurs des désastres sanitaires puisque des milliers de femmes ont dû subir la privation de soin faute de médecins femmes…



S’il y peut-être un défaut dans ce livre, c’est peut-être son caractère européano-centré. Mais bon, le travail accompli est déjà énorme, surtout que l’Antiquité évoque des Asiatiques.



Un livre fascinant qui réhabilite les femmes dans les sciences, quelles qu’elles soient. La détermination et la force de ces dernières ont permis, à leurs échelles, une émancipation de leurs consœurs. Et surtout qui prouve que ces dernières ont été un pilier de l’évolution de certaines théories, ont inventé et découvert des choses que les hommes ne sont pas parvenus à faire.

Bref, « l’esprit n’a pas de sexe ».




Lien : http://0z.fr/oOpdb
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Histoire des grands scientifiques français

Même si parfois, il était compliqué de tout comprendre, cela se lit comme un roman. Intéressant.
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Rumford : Le scandaleux bienfaiteur d'Harvard

Il y a un mystère Rumford.

Comment Benjamin Thompson, obscur fils de fermier américain dans ce qui était alors les colonies anglaises, devenu par la suite Comte Rumford – le seul noble américain –, avec une carrière politique et scientifique hors du commun dans la vieille Europe, a-t-il pu tomber dans un oubli largement immérité ? Regardez la maigre page Wikipédia qui lui est consacré et vous en aurez une illustration frappante. C’est cette injustice que se propose de réparer Eric Sartori, dans une passionnante biographie du comte Rumford, aux éditions de la Bisquine.

Les premières années du jeune Benjamin Thompson ressemblent à celle d’un ambitieux, un self-made-man comme les Américains en raffolent : le jeune homme se trouve orphelin très jeune, vivote grâce à de petits emplois et s’accroche à une ambition inébranlable comme à des capacités intellectuelles hors du commun. Très vite, il se passionne pour les expériences scientifiques – nous sommes encore en plein Siècle des Lumières – avant de commencer une carrière de modeste enseignant.

Un mariage de circonstance avec la veuve d’un grand propriétaire terrien américain permet au jeune homme de rencontrer le gouverneur anglais Wentworth avec qui il sympathise. Le modeste Thompson se voit proposer un poste de major dans une milice du New Hampshire. Cet événement est le premier exemple de la capacité du futur comte Rumford à s’attirer des ennemis. Car, non-content de s’attirer la jalousie de miliciens expérimentés, cette nomination dans l’armée anglaise le condamne aux yeux des insurgés américains en lutte pour l'indépendance américaine : Benjamin Thompson assume son patriotisme à la couronne britannique jusqu’à se faire espion – grâce notamment à des inventions scientifiques que n’aurait pas renié Q, cher à James Bond !

Les indépendantistes américains ne pardonneront jamais à Thomson ce choix de soutenir le colonisateur britannique. En 1814, après son décès, l’université de Harvard n’acceptera son leg qu’à contrecœur, et que parce que le héros français des jeunes Etats-Unis, le général La Fayette, l’avait demandé... Cette rancune tenace contre Rumford ne sera pas la dernière inimitié de cet homme décidément peu aimé et insaisissable.

En 1776, dans les colonies américaines la situation est intenable pour les partisans anglais et Thompson rejoint "sa Patrie", Londres. Par la même occasion, il se fait anoblir, est élevé au rang de colonel et obtient du roi George III une mission en Bavière, dans un rôle qui lui va à merveille : l’espionnage – encore. Mais la carrière de Thompson connaît un nouveau virage : le Foreign Office découvre qu’au fur et à mesure qu’il côtoie le duc-électeur bavarois Charles Théodore, les rapports de l'espion britannique deviennent de plus en plus faméliques.

Est-ce par opportunisme du colonel Thompson ou parce que la noblesse anglaise a pris de haut ce roturier américain ? En tout état de cause, c’est auprès de l’ennemi que le futur Comte Rumford propose ses services. L’électeur de Bavière le charge de réorganiser son armée, ce que ce dernier accomplit avec zèle et surtout méthode scientifique. La nourriture et l’habillement des soldats étaient des gouffres financiers : l’ancien espion britannique imagine l’institution de jardins militaires et étudie la conductivité thermique des vêtements pour imaginer des tissus plus efficaces et plus isolants. Cette première mission inaugure plus de dix ans d’activités politico-scientifiques en Bavière. À partir de 1788, il invente, dans un pays dans lequel il a été parachuté par la royauté anglaise, le concept de complexe militaro-industriel : écoles militaires, habillements gratuits, augmentation des soldes et création de manufactures gérées par l'armée sont pensées et appliquées avec une audace sans pareil pour l’époque. Que l’on pense à ce 1er janvier 1790 au cours duquel il fit rafler tous les mendiants de Munich afin de les faire travailler dans un atelier militaire contre une vie plus douce (nourriture, logement et soins) : "Rendre les pauvres heureux avant de les rendre vertueux, au lieu de leur prêcher la vertu en espérant que leur sort s’améliorera." Preuve de son pragmatisme autant que de son attention pour la population, il créé à Munich un jardin anglais, premier exemple de parc public installé au cœur des villes qui assoit encore plus la popularité de l’ancien espion britannique.

Apprécié de son protecteur Charles Théodore, méprisé par la cour bavaroise et populaire auprès de la population, celui qui est devenu le Comte de Rumford en 1792 bâtit sa légende de scientifique expérimental doublé d’un sens de la philanthropie exceptionnel – malgré son caractère égocentrique et ses attitudes dures et cassantes lorsqu’il est en société. Un paradoxe vivant, s'il en est !

La nutrition est au cœur des premières expériences de Rumford qui s’attache à vouloir nourrir la population militaire mais aussi civile au moindre coût. Il met au point ce qui restera comme une de ses idées de génie : la fameuse "soupe à la Rumford", un repas chaud préparée de manière industrielle et composée d’orge, de pois et de pommes de terre et qui, précise Eric Sartori contribua à faire disparaître la famine dans les États allemands.

Après la découverte des courants de convection, celui qui est devenu Major-Général puis ministre de la guerre en Bavière, s’attache à travailler sur la chaleur et le meilleur moyen de se chauffer et de cuisiner. On lui doit l’invention des cuisines modernes, "avec son feu enfermé dans un four clos, son ouverture frontale et ses réchauds sur la plaque supérieure du four" : une véritable révolution bientôt généralisée en Bavière puis en Europe dans les hôpitaux, les orphelinats puis chez quelques riches particuliers. On lui doit aussi, précise l’auteur, de multiples inventions : des fours, la cuisine sous pression, les premières cocottes-minutes et sans oublier, vers la fin de sa vie… la cafetière à filtre. Dans son essai, Eric Sartori développe les expérimentations incessantes de ce scientifique hors-norme, sur la lumière mais aussi – de nouveau – sur la chaleur.

Thompson revient à Londres en 1795, avec une réputation de traître qui l’emporte sur celle de scientifique doué et très investi. Rumford garde cependant une foi inébranlable dans son désir de "traquer l’inefficacité, la misère, la maladie, les injustices sociales et d’appliquer la science à l’amélioration de la société pour tous." Fort de cet état d’esprit, il met au point un nouveau type de cheminées, basées sur sa théorie des courants de convection : gorge étroite, corniche séparant l’air chaud ascendant de l’air froid descendant et invention du rabat. Une telle invention était fondamentale pour économiser 50 à 60 % des combustibles et contribuer à libérer Londres du smog. La cheminée Rumford fait des émules.

Ce dernier lance dans la foulée deux prix scientifiques dotés de sommes d’argent : la médaille Rumford décerné en Angleterre par la Royal Society et – pas rancunier – le Prix Rumford délivré par l’American Academy for Arts and Science.

La dernière partie de l’existence du Comte américain est marqué par l’affirmation d’une ambition politique autant que l’institutionnalisation de ses idées pour la diffusion des sciences et l’enseignement des connaissances scientifiques. Il fonde en 1799 la Royal Institution, concurrente de la Royal Society, jugée "trop mondaine." Rumford fait face à cette époque à une vive controverse : celle des brevets. Obsédé par une science éclairée au service de la société, l’inventeur de ses célèbres "soupes" est, contrairement à James Watt, pour l’utilisation publique des inventions – y compris des siennes : Eric Sartori se demande, non sans pertinence, si Rumford ne serait pas un précurseur de l’"open source"). Le fondateur de la Royal Institution embauche pour des conférences de futurs grands noms : Thomas Young, Humphry Davy ou Faraday.

Les dernières années de sa vie, Rumford les passe en France où il reçoit l’accueil enthousiaste de Napoléon et de ses homologues scientifiques français : Laplace, Berthollet, Fourcroy et Lagrange. Le comte américain apprécie la vie parisienne, se marie avec la veuve de Lavoisier avant de s’en séparer. La gloire vient de l’Institut où Rumford présente une série de travaux, tout en continuant ses expérimentations : les lampes Rumford, l’invention du chauffage central, ses observations sur le verre dépoli et la conception du café-filtre.

Décédé en 1814, le scientifique reçoit une foule d’hommage de ses contemporains, des plus élogieux aux plus ambigus : "Honoré des Français et des étrangers, estimé des amis des sciences, partageant leurs travaux, aidant de son avis jusqu’aux moindres artisans, gratifiant noblement le public de tout ce qu’il inventait chaque jour d’utile" dit de lui Cuvier, avant d’ajouter dans son "curieux" hommage posthume : "C’était sans les aimer et les estimer qu’il avait rendu tous ses services à ses semblables." En un mot, un un philanthrope misanthrope.

La réputation exécrable de Rumford pourrait expliquer le relatif oubli dans lequel est tombé un homme des Lumières : un être froid, calculateur, dépourvu d’humour, égoïste, snob, "la personnalité la plus détestable de l’histoire des sciences depuis Newton." Rien que ça.

L'essai d'Eric Sartori est d'un intérêt indéniable. Sans faire l'impasse sur les écarts et les défauts de Benjamin Thompson, il convient que les apports scientifiques et la vie aventurière de cet homme soit redécouverts : "Thomas Jefferson, Benjamin Franklin et le Comte Rumford sont les trois plus grands esprits que l’Amérique ait produits" disait de lui Franklin D. Roosevelt.
Lien : http://www.bla-bla-blog.com/..
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