Noémi avait fini de souper. Il la ramena un peu en arrière,
hors de la foule. Ils s’assirent à l’écart : elle simple, sereine,
attentive à ce qu’il disait ; lui attentionné, dissimulant mal son
désir de plaire.
De sa place, il apercevait Régine, entourée de
divers personnages, riant avec eux, leur tenant tête, buvant à
longs traits la flatteuse admiration qu’ils lui versaient en paroles
dorées, plus douces à ses oreilles que ne l’était à ses lèvres le vin
dont ils emplissaient son verre. Il n’enviait pas leur bonheur :
il souhaitait, au contraire, qu’ils demeurassent auprès d’elle,
qu’elle l’oubliât pour quelques instants. Que ne pouvait-elle
l’oublier pour toujours !