Julien n'était pas encore né quand son père est parti. Toute son enfance s'est déroulée dans le vide informe qu'a créé cette absence. Des mois et des années à se faire le plus petit possible. À ne pas parler. À ne pas marcher. À se rouler en boule autour de son pouce, entre une fenêtre close et une chaise berceuse qui chantait rarement. À tenter, parfois, de lever les yeux et de risquer son plus beau sourire vers le visage éteint de sa mère. Mais aucune lumière, jamais, ne s'allumait pour lui. Sa mère était ailleurs. Toujours ailleurs, là où il n'était pas.