AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Esther Ménévis (58)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Les enfants du Cap

Noordhoek, banlieue chic de la ville du Cap. C'est avec la bouche sèche et la tête dans le cirage que Marge Labuschagne se réveille. Aussi décide-t-elle d'aller prendre l'air et de marcher sur la plage avec son chien. Parti loin devant, celui-ci se met à aboyer au milieu des rochers. Et c'est en le rejoignant que la psychologue criminelle, aujourd'hui reconvertie dans le privé, découvre le cadavre d'un homme qu'elle reconnaît aussitôt, malgré son visage gonflé et tuméfié et une grosse blessure sur le côté. Il s'agit d'Andrew Sherwood. Après les premières constations de la police et de la scientifique, il semblerait qu'il ne s'agisse pas d'un banal accident. Après avoir sollicité son patron, le capitaine Paul Titus, l'inspectrice Persy Jonas est chargée de l'enquête. Elle va enfin pouvoir faire ses preuves. Mais pour cela, elle va devoir collaborer avec Marge Labuschagne. Chacune devra faire fi de ses préjugés et du sentiment d'animosité qui s'installe aussitôt entre elles...



Un meurtre (?) suspect, une jeune enquêtrice et une psychologue criminelle qui offre ses services... Jusque-là, rien de bien original, en somme. Sauf que l'on est dans la métropole du Cap. Et que Michèle Rowe, en plus de nous plonger dans une enquête passionnante, nous dresse un tableau bien peu glorieux de la capitale parlementaire. Entre les trafics de drogue, la misère, le racisme (encore bien trop présent malgré la fin de l'apartheid), la corruption (politique, policière...), le chantage, la violence, la discrimination, les vols, les enjeux immobiliers... l'auteur donne à voir une réalité sociale et politique bien peu réjouissante. Outre ce contexte dépaysant et instructif, l'auteure donne la voix à deux femmes que tout oppose. D'un côté, l'inspectrice métisse issue des townships, victime de préjugés. De l'autre, une psychologue blanche, un brin désagréable et raciste. En froid dès leur première rencontre, aucune des deux ne soupçonne qu'un lien issu du passé les unit. Des personnages bien campés au cœur d'une intrigue habile et impeccable. Un première enquête pour Persy Jonas rondement menée !

Commenter  J’apprécie          672
Les enfants du Cap

Il est des livres que l'on prend comme on prendrait un billet d'avion ...

Ce roman est le premier roman Sud-Africain que je lis , et ce voyage m'a beaucoup plu ,( même si j'ai traversé quelques zones de turbulences...) .

Car on ne peut pas dire que l'écrivain , Michéle Rowe ,fasse beaucoup pour le tourisme de son pays ! Elle y décrit une Afrique du Sud qui n'a fait la paix avec le passé , que sur le papier . Un passé qui risque à tout moment d'exploser dans le présent, tant les injustices et le racisme ordinaire perdurent . Un lent pourrissement des relations Blancs/Noirs, auquel il faut rajouter les métis, les Indiens et les noirs émigrés que même les Noirs locaux détestent car ils leur volent leurs boulots ....

Un "pastis" raciste , si ancré ,que les locaux ne voient plus , tellement ,il fait partie de leur ADN. Personne n'aime personne , tout le monde se méfie de tout le monde . La richesse appartient toujours aux Blancs , les autres sont relégués dans les parties moches de la ville , là où domine les marécages, le vent ,et l'hostilité de la nature .

Michéle Rowe décrit un pays où l'océan est glacial, où les gens peuvent mourir des suites d'attaques de grands requins blancs. Un endroit du monde où les marécages sont infestés de serpents, où les paysages sont hypnotiques, où la spéculation immobilière menace d'empiéter sur la nature .

Michéle Rowe décrit une police grignotée par la corruption et les petits arrangements avec soi même , où une policière black est forcément passée inspectrice pour favoriser les quotas .



C'est exactement ce que pense Marge , psychologue criminelle (venant de découvrir un cadavre sur la plage ) lorsqu'elle rencontre Persy Jonas , jeune inspectrice noire issue des Townships . Mais Marge revigorée , à l'idée de travailler à nouveau pour la Criminelle , va passer outre et s'imposer face à notre jeune fliquette , elle aussi , victime de préjugés . Mais ces deux là , ont bien plus en commun que ce qu'elles ne croient . Car le monde est petit au Cap , et tous (blacks , métis et blancs ) sont reliés entre eux , par des gens ou par les lieux , qu'ils le veuillent ou non !



Cette enquête annonce une série . Elle est bien plus qu'un énième roman policier . Elle nous parle d'un pays qui peine à faire sa mue . Un pays que je connais très mal , et qui ne me donne pas du tout envie d'y mettre les pieds...( pour des raisons personnelles et parce que j'ai beaucoup de mal avec le racisme...)

Une auteur qui fait un scanner au vitriol de son pays .

Une auteur à suivre au bout du monde ...
Commenter  J’apprécie          430
Les enfants du Cap

Sur la plage de Noordhoek, un quartier chic du Cap, Marge Labuschagne, psychologue criminelle retournée aux consultations privées, découvre le corps d'Andrew Sherwood, un de ses anciens patients. C'est l'inspectrice Perséphone ''Persy'' Jonas qui, de haute lutte, décroche sa première affaire de meurtre. Cette métisse, jeune et indépendante, a soif de faire ses preuves dans une police, au mieux incompétente, au pire corrompue. Les deux femmes se doivent de collaborer mais leurs caractères s'accordent mal. Persy ne voit en la criminologue qu'une vieille blanche, privilégiée et raciste, pendant que Marge croit la jeune policière issue des quotas obligatoires. Aussi l'inspectrice s'attache surtout à incriminer Sean Dollery, un ami d'enfance avec lequel elle a partagé bien des secrets mais dont elle s'est irrémédiablement éloignée en intégrant la police tandis que lui devenait un caïd du township. Marge, de son coté, creuse d'autres pistes, revigorée à l'idée de retravailler avec les forces de l'ordre, elle qui s'ennuie dans sa villa abandonnée des siens, après son divorce et le départ de ses fils. Antagonistes, Persy et Marge ont pourtant, sans le savoir, un passé commun...



Sur fond de spéculation immobilière, Michéle Rowe dresse un sombre portrait de la société sud-africaine où règnent violence et corruption. L'apartheid n'est plus mais les clivages raciaux restent en place, comme si les populations noires et blanches vivaient dans des mondes parallèles, situation à laquelle s'ajoute aussi d'énormes différences sociales. Les riches blancs vivent dans de luxueuses propriétés protégées par des clôtures électrifiées, les noirs dans le township, les plus pauvres, issus de l'immigration sont parqués dans des camps de fortune, les blancs désargentés s'entassent dans des campings plus ou moins surveillés. Racisme, préjugés et craintes empêchent tous ces mondes de se rencontrer. C'est dans ce contexte qu'évoluent Persy et Marge, deux femmes fortes et obstinées qui cachent pourtant bien des fêlures que l'histoire va dévoiler peu à peu...

Une enquête prenante qui évoque des aspects méconnus de l'Afrique du Sud, des personnages que l'on quitte avec regret pour un polar très réussi d'une auteure qui réussit le tour de force de nous faire aimer son pays malgré le climat de violence. On attend avec impatience la suite des enquêtes de Perséphone Jonas.
Commenter  J’apprécie          383
Les saisons de l'envol

Récit d'une âme en migration, à la recherche de sa raison d'être au monde. Dans ses montagnes népalaises, elle a connu le brisement dès la prime enfance et c'est à travers l'aventure du dépaysement qu'elle espère déployer ses ailes, atteindre un aboutissement qui serait éveil, féconder ses idéaux.

Réconcilier substance et espérance, se nicher dans une nature fragile et précieuse, y apercevoir des bribes de son propre être. L'implication écologique mènera au regard intérieur, au dessillement de l'imperméabilité à devenir, à aimer.

Ce roman n'a pas un grand cachet littéraire, il est simple et doux, comme une escale sur notre trajet. Il ne laissera pas un souvenir impérissable dans le périple de mes lectures.

Commenter  J’apprécie          290
Les enfants du Cap

Nouvelle voix du polar sud-africain, Michèle Rowe s’inscrit d’emblée au sommet d’un genre dont Deon Meyer dont je viens juste de vous parler est aujourd’hui la figure la plus emblématique.



Et dès son premier roman, la romancière connue en Afrique du Sud comme documentariste, eu les honneurs du festival Quai du Polar, qui selon les organisateurs du salon, "ajoute une touche féminine à ses livres et une sensibilité différente".



Son roman « Les Enfants du Cap » est en effet une belle découverte a reçu le prestigieux prix anglais Debut Dagger Award. Situé dans dans le village de Noordhoek, au sud du Cap, l'auteur y sonde les conséquences des mensonges et des rumeurs, et comment ceux-ci peuvent parfois inciter à la violence.



A la lecture de ces enfants du cap, on voit que les tensions raciales, et les stigmates de l'apartheid sont toujours latents. …



Prenant comme toile de fond la spéculation immobilière, Michéle Rowe , qui sait planter un décor et dessiner de beaux personnages, dresse un sombre portrait de la société sud-africaine où règnent violence et corruption.



A l'instar de Meyer, mais avec une sensibilité différente Rowe autopsie la réalité sociale d’une Afrique du Sud post-apartheid qui n’a pas renoncé à ses vieux démons.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          250
Le nageur

Après le magnifique Retour à Brixton Beach, Le nageur est le deuxième roman de Roma Tearne traduit en français (il nous en reste deux à découvrir). Un peu en-dessous de son précédent, mais à peine, Le nageur se goûte d'abord à travers les splendides descriptions de paysages du Suffolk, sa côte et ses marais, ses oiseaux et ses poissons, décrits par une artiste peintre, ce que Roma Tearne est également, ce n'est pas un hasard. Mais le récit est également riche en émotions, une symphonie en trois mouvements dont trois femmes sont les narratrices. Très différentes les unes des autres, elles se rejoignent par le drame qu'elles ont vécu : la perte d'un amant, d'un fils ou d'une mère. Roman sur le deuil et le chagrin, Le nageur est aussi un livre sur l'attachement à la terre natale et l'exil, thème que l'auteure connait parfaitement puisqu'elle a émigré d Sri Lanka vers l'Angleterre durant son enfance. Roma Tearne nous montre deux pays en guerre, l'une est violente, en Asie, l'autre plus feutrée en occident, mais pas moins traumatisante, contre les "étrangers" et tous ceux qui peuvent ressembler de près ou de loin à des terroristes et tant pis pour les dommages collatéraux. Mais Le nageur est d'abord une oeuvre intimiste où les sentiments refoulés s'expriment lors de tragédies. Le fil rouge du livre, personnage faussement secondaire, est Eric, un homme qui a longtemps vécu, beaucoup aimé et souffert, et qui représente le symbole de la constance, de la bienveillance et de la compréhension. Au milieu du tumulte et des drames, il se dresse, plie mais ne rompt jamais et console. Derrière la tristesse qui irrigue tout le livre, il symbolise l'espoir et la résistance aux coups du sort de la vie. Superbe figure dans un monde ravagé par l'intolérance.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
Commenter  J’apprécie          250
Les saisons de l'envol

Prema, très tôt orpheline de mère, a grandi dans un petit village rural et pauvre du Népal et a toujours su qu'il lui faudrait se battre pour tracer son chemin. Etudes à la ville voisine, premier travail loin de chez elle pour une ONG dans une petite ville et, soudain, gain d'une Green Card, ce sésame pour l'immigration aux USA à la loterie annuelle : rien n'a été vraiment choisi mais Prema se laisse porter par tout ce qui lui semble lui permettre d'améliorer sa vie. Devenue une immigrante parmi tant d'autres aux Etats-Unis, la jeune femme devra apprendre à se connaître et à faire ses propres choix.



J'étais intriguée par Les saisons de l'envol, roman d'une jeune autrice népalaise dont l'histoire possède quelques similitudes avec celle de son héroïne. Ce roman semblait brasser des thèmes forts, notamment celui de l'exil et de l'immigration et je me disais qu'il serait intéressant d'avoir un point de vue différent sur ces thèmes complexes. Au final, je suis ressortie un peu déçue de ma lecture, ne sachant pas vraiment si c'était dû à de vraies faiblesses du roman ou juste au fait de différence culturelles fortes entre son auteure et moi. Ainsi, j'ai eu beaucoup de mal à comprendre et à m'attacher à Prema, j'ai été désarçonnée par sa manière de se laisser porter par les événements, de ne jamais vraiment choisir son destin mais d'attendre de voir ce que la vie va lui réserver. Au départ j'ai mis cela sur le compte de sa situation difficile, une jeune femme seule, sans plus aucune attache familiale, avec la lourde responsabilité d'essayer de faire mieux que ses parents et de gagner sa vie correctement mais au fil des pages et des événements qu'elle subit plus qu'elle ne les provoque, de ses décisions brusques donnant l'impression qu'elle refuse totalement de s'attacher ou de s'investir, j'ai été souvent agacée ou désarçonnée par son comportement.



Le roman a de bons côté, notamment le fait qu'il soit plein d'humour avec un œil ironique sur le Népal vu des Etats-Unis (Prema à la peau mate doit constamment expliquer que non elle n'est pas mexicaine et non elle ne parle pas espagnol, tous ceux qu'elle rencontre souhaitent l'inviter au restaurant indien ou lui demander la recette du poulet vindaloo et presqu'aucun américain n'a idée d'où se trouve le Népal sur une carte !). Les différences de culture et les difficultés à être projeté soudainement dans un monde et un pays qui ne ressemblent à rien de ce qu'on connaît sont également bien rendus, ainsi que le sort difficile des immigrants arrivés dans un nouveau pays qui ne fait rien pour les aider. Néanmoins, avec en plus les difficultés à m'attacher à l'héroïne ou à vraiment comprendre ses décisions, j'ai trouvé que le roman trainait en longueur et manquait souvent de punch, les scènes et les situations sont souvent très étirées et il ne se passe pas grand chose, ce qui fait que j'ai fini par m'ennuyer un peu. Comme en plus le style de l'autrice est assez plat, sans rien d'exceptionnel, cela n'a pas aidé à me passionner.



Au final ces Saisions de l'envol ont été un moment de lecture pas désagréable, une plongée dans l'histoire et la culture du Népal vu de l'intérieur (c'est pour moi le plus intéressant dans ce roman) mais un livre que j'ai trouvé assez inabouti avec beaucoup de faiblesses et de moments en creux. A découvrir car les romans népalais sont quand même plutôt rares mais ce ne sera pas une lecture marquante pour moi.
Commenter  J’apprécie          220
Les enfants du Cap

Je découvre avec Les Enfants du Cap - un titre à mon avis très bien choisi quant à ce qu’il évoque -, le roman policier sud-africain. Il est intéressant que Michèle Rowe situe son intrigue dans l’après apartheid, donnant à voir dans un décor en apparence de carte postale une société qui reste fortement minée par les inégalités sociales, et gangrenée par la violence et les préjugés, la corruption et la misogynie. C’est assez noir cependant, et c’est bien volontiers que j’ai délaissé ce roman à plusieurs reprises pour aller lire tout autre chose. Je pense avoir persévéré du fait de personnages ayant du corps, tant Persy Jonas, la jeune enquêtrice métis que Marge Labuschagne, psychologue et ex-profiler blanche, un tandem qu’en apparence tout oppose. Finalement, et contre toute attente, j’ai bien hâte de lire le deuxième tome, Une heure de ténèbres.
Commenter  J’apprécie          200
Les enfants du Cap

"Les enfants du cap", un roman psychologique "cap"tivant



Avec "Les enfants du Cap", Michelle ROWE nous plonge dans une Afrique du Sud post-apartheid, pleine de contradictions : ainsi, les beaux quartiers se confrontent au monde de la misère et de la pauvreté ; les paysages idylliques et reposants se confrontent à la violence. Ceci vaut aussi pour les

deux personnages centraux du roman que tout oppose (âge, origine ethnique, milieu social et tempérament notamment), mais qui devront conjuguer leurs efforts, malgré leurs préjugés réciproques pour résoudre une affaire criminelle, car malgré elles, leurs destins sont étroitement

liés.

L'auteur nous livre un panorama édifiant de l'Afrique du Sud contemporaine et offre une dimension psychologique des faits conduisant au crime, dans un univers où la pauvreté, le trafic de drogue, la

corruption et la violence sont le quotidien de nombreuses personnes.



Tout dans ce roman très habilement construit repose sur le "choc" permanent qu'offrent les paysages, les quartiers et les personnages, qui nous retient jusqu'à son dénouement nous donnant une vision de ce qu'est devenue l'Afrique du Sud après Mandela et nous éclairer sur l'omniprésence

de la violence en s'interrogeant sur les mécanismes y contribuant. En définitive, "Les enfants du Cap" est un roman qui se démarque agréablement.
Commenter  J’apprécie          170
Les enfants du Cap

Histoire complexe. Persy Jonas, jeune fliquette sud-africaine, se retrouve à enquêter sur une mort suspecte, un cadavre échoué sur une plage. Ce qui va la conduire au plus profond d'elle-même !



Beaucoup de personnages, dont les relations s'affinent au cours du temps, pour finir par constituer le puzzle complet et la résolution de l'énigme ou des énigmes.



Beaucoup de suspense, des surprises, des personnages qui prennent du corps au fil du récit. Plongée dans l'Afrique du Sud, un autre regard que celui de Deon Meyer, mais complémentaire, pas contradictoire. Je me demande s'il y aura d'autres livres de cet auteur, quelques personnages à peine esquissés pourraient prendre une certaine place. Mais ce n'est pas évident avec ce récit, d'enchainer sur une suite de la même veine.



Enfin, je reste inquiet sur le sort de la chatte de la caravane. Si d'autres lecteurs ont compris ce qu'il lui était arrivé, merci de me rassurer.
Commenter  J’apprécie          160
Le nageur

Ria, la quarantaine, vit seule dans la maison dont elle a hérité, dans le Suffolk, une région de bords de mer et de marais. La jeune femme, qui a pour seule famille son frère avec lequel elle ne s’entend pas et ses insupportables neveux, est une poète reconnue. Elle a besoin pour travailler du calme de cette maison, que l’imagination, aidée par les mots de l’auteur, dessine très vite. Ria préserve sa tranquillité jusqu’au jour où elle aperçoit un homme, un tout jeune homme, nager dans le bras de rivière qui borde son jardin. Ce nageur la trouble. Une rencontre et des sentiments naissent entre l’écrivain et le demandeur d’asile. Ceci n’est que le début de la première partie d’un roman qui en compte trois, avec un drame central et des sauts spatiaux et temporels.

J’ai beaucoup aimé ce roman sensible, subtil et émouvant, sur la rencontre des cultures, sur la difficulté de vivre dans un autre monde que celui où on est né, sur le chagrin et la douleur, sur les façons de surmonter les épreuves… Ces thèmes sont entrelacés avec la présence de la nature, une présence forte et pesant sur les destins.

La fin m’a tiré des larmes, ce qui ne m’arrive pas souvent, et que ne comprendront que ceux qui le liront. Étonnant que ce roman écrit par une anglaise dont la famille est venue du Sri Lanka, n’ait pas davantage fait parler de lui, il mérite qu’on s’y intéresse, et j’ai bien l’intention de lire aussi le premier roman de Roma Tearne, Retour à Brixton Beach.
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
Commenter  J’apprécie          150
Le nageur

« Je commençais à comprendre que le monde ne correspondait pas à l’image que j’en avais » dit l’une des héroïnes du roman de Roma Tearne.

Roman à la fois sombre et lumineux, optimiste et désespéré, beau dans l’écriture et juste dans le ton.

Le sujet est en plein dans l’actualité.

Maria Robinson, 43 ans, poétesse qui a connu un succès d’estime et cherche à retrouver l’inspiration, vit à Eel House dans le Suffolk, ce comté paisible de l’East Anglia. Sa maison au bord d’une rivière, héritée de son oncle Clifford après la mort de ses parents, incite à l’observation de la nature et à l’introspection :

« Le jardin était parfaitement silencieux, il n’y avait pas de lune ce soir-là quand je me penchai à la fenêtre pour humer le parfum des fleurs de jasmin fraîchement écloses. La rivière scintillait par intervalles mais, par cette nuit sans étoiles, il était impossible de distinguer l’eau de la végétation. Rien ne bougeait, on n’entendait aucun bruit. Je ressentis un petit pincement au cœur lorsque la cloche de l’église sonna une heure.»

Jack son frère cadet, un arriviste ambitieux, cherche à lui faire vendre pour qu’ils puissent se partager un argent nécessaire à assouvir ses ambitions politiques.

A la mort de leur père auquel elle était très attachée, elle s’éloigne de sa mère qui couve Jack à l’étouffer. Maria ressent très tôt la différence entre « eux » et « elle ».

Dès qu’elle en a l’occasion, elle se réfugie à la ferme de son oncle et chez Eric un ami de la famille chez lesquels elle trouve une résonnance à ses convictions humanistes et poétiques.

C’est cette différence dans la perception des choses et des personnes qui ressurgira des années plus tard.

Alors qu’autour d’Eel House des meurtres d’animaux, égorgés selon le rite Hallal, surviennent et que des cambriolages ayant pour objet des vols de documents d’identité se multiplient, Maria est amenée à rencontre Ben un jeune Tamoul, médecin, qui a fui le Sri Lanka pour éviter la conscription et une guerre sanglante.

Le roman se déroule en trois parties portées chacun par la voix d’une femme qui a un lien avec Ben.

Le contraste est violent entre cette relation qui s’appuie sur la recherche de la compréhension de l’autre et le refus par tous les autres personnages de l’empathie et de la compassion envers un étranger, quelle que soit son origine, son histoire et sa situation, seulement parce qu’il est étranger.

Le côté désespérant du roman réside dans cette opposition qui semble irréductible et tend à montre qu’il n’y a jamais ni gagnants ni perdants.

L’espoir, lui, vient de la capacité des humains à partager leurs chagrins, à bannir le mensonge, à lâcher prise comme dit Eric.

Un roman à lire absolument.

Commenter  J’apprécie          140
Le nageur

Un très joli roman qui parle de guerre, d'amour, de vie.



Une anglaise, la quarantaine, un peu perdue dans sa vie, rencontre un jeune homme tamoul, émigré du Sri Lanka et qui cherche ses marques sur cette terre inconnue. Cette rencontre est inattendue, improbable, hors norme.



La réalité va vite s'imposer et bousculer la belle histoire qui s'écrivait...



Trois voix, trois femmes racontent leur lien avec cet homme.



Un texte émouvant, pudique , très réussi.
Lien : http://theetlivres.eklablog...
Commenter  J’apprécie          130
Les saisons de l'envol

Les raisons de quitter son pays sont nombreuses et liées à des situations plus ou moins heureuses. Parmi elles, fuir une guerre, la famine, la misère, espérer une vie meilleure pour soi et les siens, sortir de sa zone de confort pour mieux se connaitre ou encore explorer le monde.

Prema, jeune Nepali, qui a quitté son village natal à 17 ans pour réaliser ses études pour préserver les forêts du Népal gagne à 23 ans à la loterie et obtient la green card permettant d'émigrer aux Etats Unis.

Un projet qu'elle saisit comme une opportunité, mais sans l'avoir voulu complètement. Elle va alors arriver dans un pays dont la culture et les moeurs lui sont étrangers, survivre grâce à des petits boulots pour lesquels elle estsurqualifiée. N'est-elle finalement pas alors dans une situation finalement plus précaire qu'au Népal. Son quotidien dans les premiers temps n'est pris que par le travail, les corvées, peu de loisirs ou de lien social. Elle en oublie alors jusqu'à ses envies et rêves, ses passions qui vont peu à peu l'empecher de mettre du sens à sa vie et la questionner sur son avenir.

Je ne vais pas raconter la suite, mais la question du sens, de la motivation, des rencontres, du choc des cultures, de la confrontation entre nos aspirations et nos réalisations dans la vie sont au coeur du roman.

De même, comment se comprendre, aller vers l'autre (en amitié ou en amour) alors que nos représentations, nos modes de pensée et nos habitudes de vie sont différents, voire opposées. Comment trouver un terrain d'entente et un chemin commun? Voilà les questions qui sont posées dans ce roman qui se lit facilement et dont j'ai apprécié, tant les allers retours entre Etats Unis et Nepal, que l'évolution de Prema ou la fin de l'histoire.
Commenter  J’apprécie          120
Les saisons de l'envol

Un livre provenant du Népal, c'est suffisamment rare pour que je ne le signale pas. Tel est en effet le pays d'origine des Saisons de l'envol, sorti le 7 février dernier aux éditions Albin Michel, dont le catalogue étranger notamment est constamment, et de plus en plus, intéressant.



L'auteur de ce roman est Manjushree Thapa, romancière donc népalaise, et qui a vécu au États-Unis et vit actuellement au Canada.



L'histoire qu'elle nous raconte , celle de Prema, semble donc être largement autobiographique : Munie d’une « green card » gagnée à la loterie, Prema, jeune femme de 23 ans, quitte son pays natal, le Népal, pour Los Angeles. C’est pour elle le grand saut dont elle devine qu’elle ne reviendra pas. Oubliée sa vie d’avant, sa famille, ses amis nepalais. L’adaptation est rude, le déracinement terrible. La réalité américaine, d'une rudesse autre qu'au Népal, ne la satisfait pas vraiment. Par atavisme sans doute, elle mènera d'abord une vie d'immigrée solitaire et travailleuse, ne connaissant de sa ville d'adoption que son lieu de travail dans un quartier minable et son lit.



Malgré sa réserve, les rencontres lui permettront de s’acclimater tant bien que mal à ce nouveau pays. Petit à petit, elle va s'ouvrir doucement au monde qui l'entoure, se bousculer un peu, rencontrer des gens, entamer une vie amoureuse qui va lui révéler les plaisirs du corps et abandonner petit à petit son identité népalaise pour s'américaniser.



Roman sur le déracinement et la difficulté de s'intégrer aux us et coutumes d'un pays différent du sien, Les saisons de l'envol proposent au lecteur de suivre avec un vrai intéret cette héroïne qui découvre les Etats-Unis et ses codes avec une vraie candeur et parfois de la naïveté.







Manjushree Thapa aborde les thèmes de la différence, du monde spirituel en opposition au monde matérialiste, de l'immigration et de la liberté.



Par rapport au Népal, les USA sont tellement un monde à part où tout peut lui sembler étrange : l'intérêt porté à la carrière professionnelle, l'importance de l'argent, les relations amoureuses, les manifestations amicales ... Son regard de candide ne fait que stigmatiser les travers de nos sociétés occidentales, et le regard, plein de représentations et d'a priori que peut porter l'indigène sur la personne étrangère.



Mais le livre n'est pas pour autant pamphlet à charge contre les Etats-Unis. Au contraire, les saisons de l'envol est un roman qui fait l'éloge de la mixité culturelle : tous ces étrangers ont construit le pays et par leur arrivée continuent à le bâtir. Lorsqu’ils arrivent dans un pays étrange, ils ont certes, tendance à se regrouper, mais les générations futures s’émancipent de la communauté et se mêlent aux autres.



L'écriture, modeste, sans fioriture, est en parfait accord avec le personnage principal. L'auteur ne semble pas avoir voulu faire oeuvre essentiellement littéraire, voulant que son texte soit lisible par le plus grand nombre et ainsi délivrer plus universellement son message..



Certes, le roman est parfois prévisible dans le sens où certains passages obligés du roman d'immersion dans une culture étrangère sont présents, mais le livre est suffisament plaisant à lire pour laisser une belle impression, plus sur le fond que sur la forme, un peu trop classique pour toucher durablement.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          120
Les enfants du Cap

Une plage paradisiaque au sud de Capetown, des agents immobiliers véreux, un meurtre et une inspectrice de police aux prises avec son passé : voilà de bons éléments pour concocter un bon petit polar aux confins du monde. Si en plus on y découvre la tension raciale qui règne encore en Afrique du Sud et la corruption qui gangrène la socité, ça fait un super pageturner qui m'a agréablement rappelé mes récentes vacances en Afrique du Sud, du coté de Capetown : heureusement, c'était moins mouvementé. Ne vous fiez pas aux romanciers qui ne veulent garder pour eux leur beau pays et allez-y, c'est magnifique !
Commenter  J’apprécie          90
Les saisons de l'envol



Quand Prema participe à la loterie "Green Card", elle n'est même pas certaine de vouloir partir en Amérique. Et quand elle gagne, elle se laisse porter par les événements et finit par quitter son Népal natal pour atterrir à Los Angeles. Exilée volontaire, immigrante insouciante, elle devra trouver sa place dans le monde et apprendre à reconnaitre le terrain le plus fertile pour y planter ses racines.



D'une plume fluide et riche, l'autrice népalaise emmène le lecteur à travers une Californie bigarrée et cosmopolite, loin des boutiques de luxe et du rêve américain. Posant bien évidemment toute la question de l'intégration des immigrés, elle questionne tout naturellement l'identité même de ses personnages. Pourquoi se sent-on appartenir ou pas à une communauté? Qu'est-ce qui nous fait progresser dans la vie? D'ailleurs, quel sens donne-t-on à la progression personnelle? Les racines familiales qui nous guident durant toute une partie de notre vie peuvent-elles s'ancrer dans d'autres sols, d'autres contrées?



Au-delà de l'enjeu principal de l'intrigue, l'autrice nous permettra aussi d'en apprendre un peu plus sur la vie au Népal, pas celui des cartes postale. J'ai bien aimé suivre le parcours de Prema, même si je ne l'ai pas toujours pas comprise et que je ne l'ai pas toujours trouvée sympathique.

Premier roman népalais pour moi, découvert par hasard et qui m'incite à fureter d'avantage de ce côté de l'Asie littéraire.
Commenter  J’apprécie          70
Les saisons de l'envol

Je viens de terminer cette très belle lecture qui m'a beaucoup touchée. le personnage principal Prema, une jeune nepali (et non "népalaise" d'après les précisions de Prema elle-même) s'exile à l'autre bout de la Terre, loin de son pays, de sa famille, de tout ce qu'elle pouvait connaître. S'ensuivront des questions cruciales comme "où est ma place ?", et elle devra faire face aux difficultés à s'intégrer et à se sentir chez soi dans un pays complètement différent du sien, tout en s'inquiétant pour sa famille et de la situation du Népal où il y a une guerre horrible. Honte à moi, je ne le savais pas du tout avant de lire ce roman. Je ne connaissais d'ailleurs rien de ce pays, hormis le fait qu'il soit niché entre deux géants : l'Inde et la Chine.

L'histoire est donc très belle et nous interroge sur les questions de l'immigration, mais aussi sur la solidarité et l'amour. Les personnages sont très bien campés, très vivants et touchants dans leurs failles et leurs faiblesses. Nous découvrons des personnes blessées, quelque peu malmenées par la vie mais qui ne désespèrent pas dans leur recherche du bonheur.

J'ai aimé la petite touche d'humour dans la plume de l'auteure, une petite touche rafraîchissante.
Commenter  J’apprécie          70
Le nageur

Malgré un style agréable à lire et une histoire touchante, je dois avouer que j'ai été peu touché par cette lecture. Roma Tearne nous offre avec Le nageur un récit poignant et percutant d’actualités mais j'ai fini par m'ennuyer un peu au milieu du roman car l'histoire d'Anula, aussi triste soit elle, n'a pas su me toucher autant que celle de Ria et Ben ou encore celle de Lydia.

Le style de Roma est beau, poétique et elle a su me confiner dans un cocon lors de la première partie du récit. C'est justement lorsque cette bulle éclate avec le drame qui touche Ria que j'ai commencé à décrocher de l'histoire. Le récit d'Anula est extrêmement touchant, sa vie et tous les drames qu'elle a vécu ne peuvent pas laisser indifférent mais ses tergiversations vis à vis de sa relation avec Eric a fini par m'agacer et me laser. J'ai fini par retrouver un intérêt à la lecture lorsque le récit de Lydia commence...



Roma Tearne nous permet ici de nous poser des questions sur l'immigration et l'émigration, du mal du pays, de la difficulté à quitter ses proches et à chercher à s'adapter et s'intégrer dans un pays totalement étranger qui devient peu à peu hostile à toutes formes d'immigration. Si on passe au-delà de la romance du roman, Roma Tearne appuie vraiment sur un point d'actualité brûlant qui déclenche des polémiques tout les jours, Ben est un jeune homme, médecin, qui sait que sa vie est menacé dans son pays natal. Malgré l'amour qu'il porte à sa mère et à ses proches, il décide de tout tenter pour vivre librement dans un pays qui se dit civilisé et tolérant mais qui le mènera malheureusement à sa perte malgré de belles rencontres...Finalement, on peut se demander si Roma Tearne ne cherche pas à faire passer un message sous couvert d'une romance et d'un drame familial...



Je ne connaissais pas Roma Tearne, je remercie donc chaleureusement Babelio et Milady pour l’envoi de ce roman dans le cadre de masse critique, j'ai ainsi pu découvrir cette auteure qui a un style vraiment doux et poétique. Malgré un long passage qui m'a un peu ennuyée, cela ne m'empêchera pas de m'intéresser aux autres œuvres de Roma Tearne car la vision du monde qu'elle offre dans ce récit a su me parler malgré tout...
Commenter  J’apprécie          70
Les saisons de l'envol

Dans Les saisons de l'envol, exilée à LA, l'héroïne de Manjushree Thapa, Prema, a toutes les peines du monde à faire comprendre aux américains quel est son pays d'origine. Ce Népal celui que vous croyez. Alors, elle passe tantôt pour une indienne, tantôt pour une mexicaine. Cela n'aide pas, évidemment, quand on est à la recherche de son identité et que l'on a décidé d'essayer d'oublier son village d'origine et tous les souvenirs et personnes qui s'y rattachent. Elle est indécise, Prema, et même carrément paumée. Ses aventures sentimentales ressemblent à une impasse ; son avenir professionnel, pareil. Manjushree Thapa a choisi la légèreté et la délicatesse pour raconter sa vie erratique. Du point de vue littéraire, ce n'est pas un tour de force mais le style de la romancière est suffisamment alerte, précis et narquois pour susciter l'intérêt. D'autant que la situation au Népal, c'est alors l'époque de la guérilla maoïste, revient souvent au premier plan. Les saisons de l'envol est une lecture fort agréable, avec sa mélancolie douce qui imprègne toutes les pages. On s'attache aux pas hésitants de Prema comme à ceux d'une amie que l'on a envie de protéger de la cruauté du monde.
Commenter  J’apprécie          70




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Esther Ménévis (247)Voir plus


{* *}