Euphrosyne Doxiadis

André Malraux voyait dans le regard de ces portraits du Fayoum une "veilleuse de vie éternelle". Issus de la tradition naturaliste grecque, et peints, pour les meilleurs d'entre eux, directement d'après nature, ces visages, par quelque miracle de la peinture, sont l'expression même de la vie. Le spectateur entre en communion directe avec la personne représentée, qui semble être dans les limbes, dans une zone crépusculaire entre la vie et la mort. Le défunt continue de vivre en dépit de la mort.

On a dit des portraits du Fayoum qu'ils étaient impressionnistes et étrangement modernes, ce qui n'est pas si surprenant : les artistes de l'Égypte gréco-romaine et les impressionnistes avaient un objectif commun : saisir une image qui changeait rapidement, fixer l'immédiateté de ce qu'ils voyaient. Les deux périodes avaient le même désir de peindre la nature à un instant éphémère-dans des conditions particulières de lumière pour les portraits, et à un moment particulier de la journée dans les paysages de Monet ou de Cézanne. Dans les deux cas, les peintres s'appuyaient sur une observation précise et un style libre, impressionniste, propice au travail rapide.