Mais ce qui me gêne c'est de voir à tout moment de ces bonnes femmes qui croient à la vierge de Lourdes et fabriquent des chôses comme ça et de se dire qu'on est prisonnier dans une administration comme ça, qui cultivent très volontiers ces aberrations religieuses maladives alors qu'il s'agirait de les guérir>. Alors je dis, encore mieux vaudrait aller sinon au bagne au moins au régiment.
Deux semaines plus tard, le 25 mai, vient le certificat « de quinzaine » : Van Gogh « a éprouvé une amélioration sensible dans son état, mais […] il y a lieu de le maintenir dans l’établissement pour continuer son traitement. » Le peintre va rester un an à Saint-Paul et, bien que victime de crises longues et épuisantes, il a réalisé pendant cette courte période, on le sait, un nombre impressionnant d’œuvres exceptionnelles. Lorsque son ami le facteur Roulin apprend qu’il a quitté Arles, il se réjouit :
" Continuez vos tableaux, vous êtes dans un beau pays, le sol est très bien travailler, (...).Avec la bonne volonté que vous avez vous réussirrez à faire de très beaux tableaux, vous habitez le jardin des B. du Rhône, les modèles que la nature a fait ne vous manquerrons pas."
III. Le docteur Peyron Vincent van Gogh et la sœur Épiphane (1874-vers 1920)
Édouard Viry, l’enragé, et le peintre Vincent van Gogh
Lorsque son ami le facteur Roulin apprend qu'il a quitté Arles, il se réjouit :
"Continuez vos tableaux, vous êtes dans un beau pays, le sol est très bien travailler, vous trouverez un grand changement dans la culture là-bas, vous ne trouverrez pas des jardins qui ressemble à un cimetière comme à Arles. [...]
Avec la bonne volonté que vous avez vous réussirrez à faire de très beaux tableaux, vous habitez le jardin des B. du Rhône, les modèles que la nature a fait ne vous manquerrons pas ( orthographe respectant le document original)
Dix ans après l’internement d’Édouard Viry, Vincent van Gogh quitte l’hôpital d’Arles et, accompagné par le pasteur de cette ville, le pasteur Salles, il se rend à Saint-Rémy. Le 8 mai 1889, selon son désir – Van Gogh constitue un cas peu courant de placement véritablement volontaire – il franchit le portail de Saint-Paul.
Le lendemain, le docteur Peyron rédige le certificat dit « des vingt-quatre heures » :
Je soussigné, docteur en médecine, directeur de la Maison de Santé de Saint-Rémy, certifie que le nommé Van Gogh Vincent, âgé de trente-six ans, natif de Hollande, et actuellement domicilié à Arles (B.-du-R.), en traitement à l’hôpital de cette ville, a été atteint de manie aiguë, avec hallucinations de la vue et de l’ouïe qui l’ont porté à se mutiler en se coupant l’oreille. Aujourd’hui, il parait revenu à la raison, mais il ne se sent pas la force et le courage de vivre en liberté et a demandé lui-même son admission dans la maison. J’estime, en conséquence de tout ce qui précède, que M. Van Gogh est sujet à des attaques d’épilepsie, fort éloignées les unes des autres, et qu’il y a lieu de le soumettre à une observation prolongée dans l’établissement.
III. Le docteur Peyron Vincent van Gogh et la sœur Épiphane (1874-vers 1920)
Édouard Viry, l’enragé, et le peintre Vincent van Gogh
À cette époque, en effet, stimulées par le développement des transports ferroviaires (Saint-Rémy est relié au réseau ferré depuis 187265), la culture délicate des primeurs et celle des porte-graines (plantes destinées à la production des graines de semence de légumes et de fleurs) sont en plein essor dans la région. Autrefois limitées à une petite partie du territoire, elles occupent maintenant un nombre croissant des champs fertiles et irrigués situés en contrebas du canal des Alpines, dans la plaine qui s’étend au nord des Alpilles. Sur les pentes douces, mais rocailleuses et arides, non arrosables, du piémont de ce massif montagneux perdurent les cultures méditerranéennes sèches pratiquées depuis l’Antiquité – blé, vigne et olivier –, l’élevage du mouton et l’extraction de la pierre. Là se trouve Saint-Paul, et ce sont essentiellement les paysages de cette zone intermédiaire et ceux des Alpilles elles-mêmes, paysages que Van Gogh aperçoit de l’asile ou qu’il découvre lorsqu’on lui permet de sortir, qu’il connaît et qu’il peint.
III. Le docteur Peyron Vincent van Gogh et la sœur Épiphane (1874-vers 1920)
Édouard Viry, l’enragé, et le peintre Vincent van Gogh
Il s’est peint trois fois pendant qu’il était à Saint-Rémy, et ces autoportraits – l’un sans barbe, l’autre avec palette, toujours de trois quarts vers la gauche (l’oreille mutilée n’est pas visible) – sont, à ma connaissance, les seules représentations non seulement des malades de Saint-Paul au xixe siècle, mais de l’ensemble des acteurs, modestes ou importants, de l’histoire de l’établissement à cette époque ). À l’exception du surveillant en chef de la division des hommes, Charles Elzéard Trabuc, de sa femme Jeanne, également immortalisés par Vincent, et de Marie Lafarge, pensionnaire hors norme que plusieurs estampes nous montrent, mais avant sa captivité à Saint-Rémy ).
III. Le docteur Peyron Vincent van Gogh et la sœur Épiphane (1874-vers 1920)
Édouard Viry, l’enragé, et le peintre Vincent van Gogh