L’embarcation gît un peu plus loin sur un haut-fond, la coque complètement disloquée. Je doute, tout à coup, que nous soyons arrivés là où nous devions débarquer.
Émilie accourt vers moi. Pas plus épaisse qu’une tranche de pain vue de profil, les cheveux en bataille, collés par l’eau de mer. Elle semble totalement désorientée.
— Où se trouvent l’animateur et l’équipe technique qui nous accompagnaient ? Rendu sur place, il devait y avoir un médecin, il est où ? Et les caméras, il ne devait pas y avoir des caméras ?
— Je n’en ai aucune idée, je ne sais pas, dis-je en époussetant le sable. C’est une bonne question, je ne sais pas… On est où, là ?
— Quoi ? Tu crois que… tu crois qu’on n’est pas à la bonne place ? (…)
Nous avons fait naufrage, c’est évident. (…) L’endroit est tout simplement magnifique. Une seule ombre au tableau : pour l’instant, nous sommes seuls. Complètement seuls. J’ai beau essayer de me souvenir de ce qui s’est passé hier soir, rien. Je me rappelle vaguement m’être couché sachant qu’il nous restait quelques heures de navigation et puis plus rien.