Mon histoire, c'est l'histoire de la lutte d'une graine aux prises avec la terre rocailleuse et dure. C'est l'histoire d'un combat contre la sécheresse et la roche.
En vain ai-je essayé de reprendre â mon compte la maxime de William Blake : "Fais ce que tu veux. Ce monde n'est qu'une histoire imaginaire, fondée sur la contradiction. " L'homme à qui manque la conscience spirituelle sera toujours incomplet; c'est ce que disent les Indiens. Dans Crainte et tremblement, Soren Kierkegaard a exprimé le besoin humain de foi religieuse : "Si l'homme n'a pas conscience de l'éternité, si la création est seulement l'œuvre d'une force aveugle pénétrée de sentiments confus, inconscients, engendrant le sublime comme le vil, la vie ne peut être que désespoir."
Les Juifs ont droit à une existence libre et digne, après ce qu'ils ont souffert en Europe. Mais il n'en est pas moins vrai que les pays Arabes sont les seuls où, pendant des siècles, dans des villes comme Damas où Baghdad, ils ont trouvé refuge contre l'agression, les massacres, les expulsions que leur ont fait subir les États européens. Oui, les Juifs ont beaucoup souffert, mais pourquoi, nous, les Palestiniens, devrions-nous en payer le prix ? Lorsqu'est tombée la barrière qui nous a séparés pendant vingt ans, je me suis rendue â Haïfa, Jaffa, Âcre, et j'ai été émue par la vue de ces habitations arabes abandonnées, de ces maisons en ruines toujours debout depuis 1948, comme j'ai été émue par la situation des Arabes là-bas, à al-Lid, à Ramleh, et dans les villages que j'ai visités. Je ne peux qu'exprimer mes émotions envers ma patrie et mon peuple. Me le reprocherez-vous ?
Au cours de ma rencontre avec le raïs Jamâl abd al-Nasser, vers la fin de décembre 1968, je lui parlai de ces hommes enracinés dans leur terre depuis vingt ans, au mépris des défis du mouvement sioniste et des tentatives pour éradiquer le sentiment national de la conscience de la minorité arabe. Je lui parlai aussi des souffrances des intellectuels nationalistes, écrivains, poètes, penseurs, de ces détentions, de ces assignations â résidence qui entravaient leurs mouvements dans leur propre pays et faisaient désormais corps avec leur vie quotidienne; ces épreuves, on les leur infligeait parce qu'ils portaient un message de lutte nationale et humaine destiné à la société arabe.
La poésie a toujours été la réponse littéraire la plus rapide aux événements et aux provocations. Langue d'effusions et d'embrasements, elle est par nature plus spontanée que les autres moyens d'expression littéraire tels que la nouvelle, le roman, le théâtre. Ceux-ci postulent une quatrième dimension, celle du temps; ils nécessitent qu'on se recueille, qu'on laisse mûrir ses idées, avant d'aboutir à un résultat littéraire efficace qui appelle au changement de la réalité honteuse et honnie.
La rébellion avait approfondi l'hostilité générale de la population palestinienne envers les Anglais. Dès le début, la déclaration Balfour fut une machination diabolique due aux Anglais. La révolte d'al-Qassâm fut fondamentalement une rébellion contre les Anglais. Ils étaient là source de tous nos maux. Ce sont eux qui s'efforçaient de réaliser les dangereuses visées sionistes.
S'ils s'y étaient pris par la tendresse et la douceur, ils seraient parvenus à éteindre cette étincelle secrète en moi. S'ils avaient essayé d'étrangler mes ambitions d'un gant de velours plutôt que d'une main de fer, ils y auraient sans doute réussi. C'est avec les tissus fins et délicats qu'on fait les meilleures cordes pour étrangler les autres.
La pensée islamique m'avait, dès mon plus jeune âge, portée vers les questions philosophiques.
C'était une réunion patriotique, au cours de laquelle le Premier ministre a parlé avec franchise et netteté de la position du gouvernement vis-à-vis des Etats-Unis et de l'union soviétique. Tu peux imaginer l'enthousiasme, les vivats et les applaudissements de l'auditoire quand il a dit."L'Amérique veut nous mettre dans sa poche. Quant à nous, c'est-à-dire le Gouvernement, nous jurons que si l'Amérique nous demande d'abandonner ses liens amicaux avec la Russie en échange d'un million de millions de dollars, nous dirons : c'est non !". Naplouse n'a pas fini de parler avec admiration du superbe discours du Premier ministre Sulaymân, ni de se rappeler cette lumineuse soirée.
Les plantes ne voient pas le jour avant de s'être frayé dans la terre un chemin ardu. Mon histoire, c'est l'histoire de la lutte d'une graine aux prises avec la terre rocailleuse et dure. C'est l'histoire d'un combat contre la sécheresse et la roche.