Elle gloussa en déposant sa lettre juste avant de sortir. Cette correspondance lui procurait chaque jour un peu plus de plaisir. Et voir l'objet de cette joie menacerait de tout gâcher. Non, comme souvent, le secret permettait de conserver l'authenticité des émotions, le caractère brut des tâtonnements d'une relation. Elle se reprit. Pourquoi avait-elle utilisé ce mot, justement ? Entre eux, il n'y avait pas de "relation" à proprement parler. Elle ne devait pas y penser en ces termes. Cela devait rester un amusement. Pas question d'y perdre des plumes. Mais il fallait admettre que leurs derniers échanges avaient pris une autre tournure et qu'elle était flattée, finalement, d'être aussi bien cernée.
La vie ne nous fait pas de cadeau, vous êtes bien placée pour le savoir, mais il y a deux sortes de personnes : celles qui font rien pour changer les choses, qui les encaissent tant bien que mal et considèrent que ce sont les coups du sort et du destin, et celles qui décident de prendre le taureau par les cornes.
En ce qui concerne vos interrogations quant à mon âge et les dictons que j'affectionne, je vais répondre. En votre qualité d'écrivain, vous ne contredirez pas, sans doute, Alphonse Karr qui soutient : "Il ne faut pas attribuer la vieillesse à tous les défauts des vieillards." C'est ainsi qu'on peut être "mature", comme vous le soulignez comme un goujat, et pourtant apprécier Luis Mariano à plein tube.
[…]
J’ai cru défaillir quand il m’a semblé vous entendre faire des vocalises sur Mexico; et, contrairement aux paroles de la chanson, le temps ne m’a pas paru trop court. Ainsi, je vous saurai gré d’éviter de pousser la chansonnette, passé une certaine heure.
Cordialement,
Votre voisin du dessous
Vous êtes comme cet ami que l'on n'a pas vu depuis longtemps, mais qui compte, même s'il est loin. Celui qu'on ne retrouve qu'une fois par an, mais avec qui, à chaque fois, on reprend la conversation là où elle s'était arrêtée.
Mais, si je peux vous donner un conseil, c'est qu'il faut vibrer pour vivre.
Il venait de se passer une semaine sans que son voisin ne prenne la peine de lui donner de ses nouvelles. Sylvie se surprit à en avoir les larmes aux yeux. Elle tourna les talons est repartit chez elle.
Il avait l'impression de la connaître. Le fait qu'ils ne se soient jamais vus les forçait à regarder au-delà des apparences. Ils ne pouvaient pas revêtir de masques et étaient obligés d'être eux-mêmes.
vivre, c'est de ne jamais regarder en arrière et de profiter de l’instant présent.
Il y avait tellement à dire qu'aucun ne savait par quoi commencer.