LUNE ET PANORAMA DES INSECTES
Un petit gant corrosif m'arrête. Il suffit!
Dans mon mouchoir j'ai entendu le crac
de la première veine qui se brise.
Prends soin de tes pieds, mon amour ! de tes mains!
puisqu'il me faut livrer mon visage,
mon visage, mon visage! ah! mon visage mangé!
Ce feu chaste pour mon désir,
cette confusion par souci d'équilibre,
cette innocente douleur de poudre dans les yeux,
allègeront l'angoisse d'un autre cœur
dévoré par les nébuleuses.
Point ne nous sauvent les gens des magasins de
chaussures
ni les paysages qui deviennent musique au contact des
clés oxydées.
Mensonge que l'air. Seul existe
au grenier un petit berceau
qui se rappelle toutes choses.
Et la lune.
Mais non, pas la lune.
Les insectes,
les insectes seuls,
crépitants, mordants, frémissants, groupés,
et la lune
avec un gant de fumée, assise à la porte de ses
éboulements.
La lune!
New York, 4 janvier 1930.
p.106-107