AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Osmanthe


Intimement persuadé que cette chevelure était plante, douce, lisse et moite, de mon regard et de ma pensée je l'ai arrosée, j'étais l'eau et lentement elle allait pousser, de plus en plus noire, soyeuse et fine. J'entendais le bruit des branches en train de croître, je sentais le parfum des feuilles qui naissaient. Si plus tard, incapable de résister à mes impulsions, j'ai souvent promené mes grosses pattes sur cette chevelure, c'est parce que mes doigts n'ont pas une bonne mémoire tactile, il leur fallait la caresser des milliers de fois pour engranger le souvenir des sensations complexes qu'elle leur procurait. De nuit, de jour, dans le vent, sous la pluie, dans la combinaison des deux, au printemps, en été, en hiver ou à l'automne, suivant les variations de son humeur et même la couleur de sa robe, à chaque fois je la percevais de manière différente. C'est en touchant et touchant encore que je l'ai apprise et mémorisée. Si j'avais pu être aveugle ! J'avais dû lire et relire de dizaines de fois les listes de vocabulaire anglais de l'école Elite pour les retenir, au point que les pages étaient noires et huileuses, combien de temps me faudrait-il pour savoir Zhu Shang ? Kong Jianguo racontait des bêtises, avec son histoire de pilier dressé vers le ciel au matin, c'était le jour où le mien ne se lèverait pas quand je caresserais ses cheveux que j'aurais vieilli ! Si j'y mettais tout mon coeur, le jour où elle ne serait plus dans mes bras mais à l'autre bout du ciel, le jour où je ne pourrais plus les toucher, mes mains imprégnées de souvenirs n'auraient qu'à se tendre pour effleurer le vide, et de nouveau elle serait sur mon coeur, ses cheveux glisseraient contre ma paume.
Commenter  J’apprécie          10





Ont apprécié cette citation (1)voir plus




{* *}