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Citation de Charybde2


– Le 1er mai 1947, Triunviro était encore un gamin, il devait avoir dix-sept ans – poursuivit Aurelio -. Mais c’était un fils de pute de première catégorie. Cela faisait quelques mois que j’étais au Léonito, et nous nous étions rencontrés à diverses reprises. J’avais neuf ans de plus que lui, mais malgré la différence d’âge il a dû penser que je l’aimais bien, parce qu’il me racontait ses histoires, c’est-à-dire, ses abominations, et ça lui plaisait que je l’appelle Tété, ce qu’il permettait à très peu de gens à l’époque. En fait, je me souviens de lui alors et je le vois comme un gamin féroce et mal élevé, un de plus parmi les autres. La différence, c’est qu’il avait un pouvoir illimité : tous les hommes du Léonito, du dernier des paysans à l’officier le plus apprécié de n’importe lequel des trois colonels, craignaient ses caprices et savaient que, d’une façon ou d’une autre, ils étaient ses esclaves. Quant aux femmes, et j’en suis témoin parce qu’il s’en est vanté plus d’une fois en ma présence, il était fier de les avoir toutes eues, toutes celles qui valaient la peine, précisait-il aussitôt. "Mes juments", il les appelait. Ses hommes sillonnaient sans cesse le pays à la recherche de nouvelles "juments" et aucune maison n’était à l’abri de ses coups de filet, surtout les plus humbles. Comme, en toute logique, il y en avait qui cachaient leurs filles, on a inventé un loi selon laquelle toute naissance devait figurer dans une sorte de nouveau recensement. Il disait qu’ainsi, quelques années plus tard, il aurait une liste de fiches, signées par les parents respectifs, avec les noms de toutes les filles qui devaient se trouver dans chaque foyer, à attendre qu’il décide lui-même si elles lui convenaient ou pas ; avec cette astuce, il n’y aurait pas de cachette qui vaille. Pour chaque inscription on offrait à chaque citoyen je ne sais trop quelle somme, trois fois rien, je suppose, et beaucoup ont mordu à l’hameçon sans se douter qu’ils condamnaient leurs filles à être violées vingt ans plus tard… Bref, un mioche sanguinaire, sans scrupule mais avec du pouvoir. Pourvu que tu ne rencontres jamais personne comme lui. Mais moi, j’étais ambassadeur et je devais faire avec. Et j’ai fait avec…
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