Table ronde proposée par le Conseil scientifique
Modération et organisation Isabelle HEULLANT-DONAT, professeure à l'Université de Reims
Avec Claire ANGOTTI, maîtresse de conférences à l'Université de Reims,
Florence ALAZARD, maîtresse de conférences HDR à l'Université de Tours, Sylvie PITTIA, professeure à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Les économistes ont longtemps défini le travail comme production de biens matériels : en quoi le travail intellectuel peut-il relever de cette définition ? le débat analysera la manière dont cette activité particulière a été considérée et reconnue sur le temps long et explorera, entre autres, les outils élaborés pour répondre à des nécessités ou des exigences différentes selon les époques, notamment en amont de l'époque contemporaine.
+ Lire la suite
En 1515, François Ier (1494-1547), fils de Charles d'Angoulême et de Louise de Savoie, succède à son cousin Louis XII. Il est âge de vingt ans. Son règne, long de trente-deux-ans, a marqué le XVIe siècle français. La postérité a conservé l'image d'un roi « protecteur des arts et des lettres » et « prince de la Renaissance ». Mais il dut affronter les guerres, la résistance du parlement de Paris, les premières fissures dans l'unité religieuse, ou encore des troubles sociaux.
« Vous ne voulez, ou ne devez pas vouloir tout ce que vous pouvez, mais seulement ce qui est en raison bon et équitable. » C'est finalement au roi de limiter sa propre puissance, sous le regard, voir la pression de ses sujets.
Mais la captivité du roi après Pavie ne proclame-t-elle pas aussi la force des institutions de la monarchie française, voire leur capacité à se gouverner elles-mêmes ? La monarchie supporte en effet la privation de son roi. En l'absence de François Ier, avec une régente, les institutions travaillent et le royaume, loin d'être à l'abandon, est toujours administré. Ce n'est pas le moindre paradoxe de cette période qui voit à la fois la consolidation d'institutions pluriséculaires, dont l'inertie se dispute à la tradition, et la forte identité d'un roi qui, lorsqu'il est présent, exerce le pouvoir comme aucun de ses prédécesseurs ne l'a encore fait.
Longtemps, les historiens ont analysé le règne de François Ier comme le premier pas dans la longue et irrésistible marche vers l'absolutisme de Louis XIV. Depuis quelques années, les recherches montrent un visage plus nuancé de cette monarchie. Cette dernière apparaît davantage comme un lieu de conflit entre une théorie de la souveraineté qui peine encore à s'exprimer et des pratiques politiques qui visent à brider la puissance absolue du roi.
Dans la première moitié du XVIe siècle, la Cour est encore itinérante et le roi ne dispose pas de logements adaptés à son activité, c'est-à-dire qui associent des appartements privés et des bureaux pour son administration. C'est la raison pour laquelle les châteaux sont en construction et/ou réfection constantes.
Le legs artistique et littéraire de François Ier ne repose cependant pas tout entier dans les productions qu'il a commandées. Il a aussi encouragé la commande de la noblesse, des élites urbaines et des communautés religieuses. C'est donc tout le royaume, et non pas seulement la personne royale, qui participe à l'élaboration de nouveaux langage artistiques et littéraires.
François Ier inscrit d'abord ses pas dans ceux de son prédécesseur, et c'est vers l'Italie qu'ils le conduisent.
La noblesse entretient une culture du « malcontentement » et François Ier veille à la domestiquer comme il peut. Le conflit qui l'oppose, avec Louise de Savoie, au connétable de Bourbon s'achève par l'exil précipité de ce dernier qui rejoint le camp impérial et choisit de combattre la France. Plus qu'une simple trahison, il s'agit d'un des nombreux épisodes et la confrontation entre le roi et la noblesse pour la définition de l'idéologie monarchique.