La Chine est un pays de « contre-balance ». Ses habitants pensent en termes de compensation et sa philosophie est basée sur la croyance en l’intervention efficace de deux essences qui sont appelées Yang et Yin. Yang correspond à la lumière, aux montagnes, au soleil et à la virilité en général ; tandis que Yin correspond aux ténèbres, à l’eau, à la lune et à tout ce qui est faible. Dans l’idée chinoise, un parfait ensemble consiste en la fusion complète des deux essences. Les expressions courantes de la vie quotidienne manifestent cet amour de contrepoids.
Le miroir moderne à verre plat a même le don présumé de transformer en bien les influences mauvaises, et son prédécesseur de métal devait, dans la profondeur de sa perspective, dévoiler la pure réalité se cachant derrière toute image projetée à sa surface. C’est un peu le rôle de ce dernier miroir que je vais tâcher de jouer vis-à-vis du lecteur, en exposant dans ce livre certaines réalités de la vie chinoise, telles qu’elles se sont manifestées à moi pendant ce dernier quart de siècle.
Un miroir en Chine n’est pas simplement une surface de verre, à dos de mercure, et dont le but pratique est de réfléchir dans leur perfection les adorables traits d’un visage de femme ; on s’en sert, évidemment, pour d’aimables contemplations, mais, outre cet usage, un miroir a des attributions plus élevées.
Les Chinois considèrent qu’il est d’une importance capitale de garder en constante bonne humeur les ouvriers et apprentis qui s’occupent de ce genre de travail. La raison en est que, d’après la croyance populaire, ils détiennent en leurs mains un pouvoir remarquable.