L’assistance au suicide en Suisse est en constante augmentation depuis les années 1990. Tolérée grâce à un article peu contraignant du Code pénal datant de 1918, elle s’est développée suite à la création de plusieurs associations. Après avoir milité pour le droit à l’autodétermination, ces associations cherchent à rendre disponible cette prestation dans tous les lieux de vie et de soins, au nom d’un principe de non-discrimination. L’émergence de ce nouvel acteur dans le champ de la mort incite différentes institutions à prendre position, en particulier les hôpitaux et les maisons de retraite médicalisées. Nous analysons ici la négociation ayant eu lieu dans deux hôpitaux universitaires suisses romands au sujet de l’accès de leurs patients aux prestations d’une association d’aide au suicide.
La responsabilisation des individus dans la gestion de leur santé se traduit dans le domaine de la cancérologie par l’invention d’un sujet idéal de la médecine, le « patient-sentinelle », un individu auto-soignant, capable de poser un regard clinique sur son propre corps, de détecter les symptômes d’une maladie débutante ou récidivante puis de les communiquer à son médecin. Sa réalisation suppose de la part des professionnels de santé un travail d’éducation des malades.