Après avoir vidé mon sac
Mit les mots en vrac ou en bouquet
Je me sens porté par le ressac
Des flots qui claquent en volée
Il flotte en moi encore longtemps
Un reste d'orgasme, un ouragan.
Alors titubant et habitée
Telle la tempête soudain apaisée
Je couche mon stylo sur le papier
Avec le sentiment d'avoir accompli
Rien d'autre que l'hygiène du plombier.
Celle du jouissez, du profiteur.
Car jexpulse mes vers ejaculateurs
Comme il désengorger son évier.
Madame Weisz-Muller dit que j'ai besoin d'une interface, d'un écran pour regarder la vie. Besoin du déclic qui sépare le paysage vivant de son image inerte. Je chosifie la vie, je la momifie en image... je ne comprends pas bien, mais je sens bien à son regard que la photographie, est une addiction encore plus malsaine que l'alcoolisme. Une déviance encore plus pathétique. "Vous mettez la vie à distance" m'a-t-elle dit, pas plus tard qu'hier (p48)
Et en écrivant, je m'ancre. Car j'ai bientôt la quarantaine et je ne sais toujours pas qui je suis. Ce que je suis c'est tout sauf du tangible, du concret, du matériel ! Non, tout mais pas ce fatras de preuves! Ces humbles et minuscules morceaux de papier, censés conter nos vies. L'existence ne se prouve pas, elle se trace. (P63)
Je ne me suis jamais laissé trop longtemps asticoter par cette prédiction défaitiste, et plutôt que de me lamenter sur les cumulonimbus de mon destin sans horizon, je me répétais sans cesse qu'il fallait en profiter un max. (P73)