C’est de pire en pire. Tu es de pire en pire. Ce serait bien si tu revenais sur Terre une bonne fois pour toutes. Et tu sais pourquoi. Les concerts en Croatie approchent, on est presque à Zagreb, donc ce serait cool que tu fasses pas mauvaise figure dans ton pays.
Très souvent, en pleine tourmente, ils fuyaient dans des directions opposées, en quête d’un peu de paix. Mais quelle que soit la violence de l’orage – celui-ci ne durait jamais très longtemps –, ils finissaient toujours par se retrouver et tomber dans les bras l’un de l’autre. Ils se débarrassaient ainsi des dernières bribes de ressentiment, reprenant espoir et s’accrochant à la douce illusion que, à cet instant précis, le cycle incessant de guerre et de paix prenait fin.
Cette chanteuse, plus qu’une artiste prétendant donner une nouvelle âme au fado, était une star qui promenait sa notoriété imméritée dans les meilleures salles de Paris, Londres, Tokyo ou New York, imposant ses caprices comme si elle était la Madonna de la world music. Elle charmait des bouffons dans le monde entier et emplissait de fierté imbécile le bon peuple portugais, si dévoué à cette diva d’exportation que tout commentaire critique à son sujet était interdit.
Je suis pas seul, et toi non plus. On est quatre, et c’est à quatre qu’on doit réfléchir. C’est pas plus mal que tu sois parti tout à l’heure. Quand on t’a vu quitter la loge, on s’est dit qu’on pouvait plus reporter cette conversation. Tu vois ce que je veux dire ? Ça s’est pas bien passé du tout ce soir, pas plus qu’à Varsovie, qu’à Prague, qu’à Bratislava, et je sais plus où encore…
« Tel est pris qui croyait prendre », « l’arroseur arrosé »… Incrédule, David avait lu plusieurs articles d’opinion porteurs de cette justice populaire. L’un d’eux semblait tout droit sorti de la manche d’un taliban et évoquait l’affaire comme une vengeance supérieure, menée à bien par une main invisible, au nom des musiciens atteints par le fiel de ce chroniqueur malavisé.
Cette époque suscitait chez lui un enthousiasme similaire à celui où, petit, dans l’avion, au milieu du brouhaha des passagers, tandis que les réacteurs vrombissaient, il attendait le soubresaut du décollage pour Lisbonne ou Londres.
T’as des responsabilités. T’es une star. Que tu le veuilles ou non, c’est ce que t’es : une putain de star. La star. T’es le plus grand, t’es content ? Mais tu sais quoi ? On dirait parfois que t’es juste un débile mental…
On oublie parfois de dire ce qui est évident, et pourtant il faut le faire. Sache qu’aucun d’entre nous, ni personne dans le monde, doute une seule seconde que c’est toi, l’âme des Bitters.
Il ne se voyait pas si romanesque. On l’appelait le poète, certes, mais il aimait les mots, tout simplement, sans compter qu’il tenait à s’épargner le ridicule.
On l’appelait le poète, certes, mais il aimait les mots, tout simplement, sans compter qu’il tenait à s’épargner le ridicule.