Déguisé en Charlot, mon père se métamorphosa, comme habité par le personnage. Les enfants le contemplèrent, hypnotisés par la promesse d'un spectacle inoubliable. Charlot se mit à marcher en canard, les pieds écartés. Sa canne tourbillonnait, fendant l'air frais de l'océan. Puis il s'arrêta son visage s'illumina, sa moustache frétilla. Charlot se pencha et cueillt une fleur imaginaire qu'il porta ensuite délicatement à ses narines.
Je décidai de profiter de la soirée pour apprendre à danser le charleston. Voyons voir... Genoux fléchis, serrés, les pieds vers l'intérieur, et tout ça en rythme ! Que c'était amusant ! Je passai ainsi la soirée à danser et à manger des toasts. Mon père me rejoignit et se prit lui aussi au jeu. Nous nous amusâmes ainsi jusque tard dans la nuit.
Je sentais l'inquiétude de mon père qui ne cessait de regarder vers le ciel.
_ Sans le soleil, la trotinette risque de ne pas fonctionner, murmura-t-il.
_ Ce serait fâcheux ! s'exclama monsieur de Forges qui avait entendu.
Mon père, un aristocrate hongrois, avait dû fuir son pays en 1918 pour des raisons politiques. Il y avait malheureusement laissé sa fortune. Inventeur de génie, il n'avait jamaisréussi à convaincre quiconque de l'utilité de ses trouvailles. Il ne se prenait certainement pas assez au sérieux lui-même.
- Écoute, tu vas gentiment rendre ce que tu m’as dérobé et je te laisse partir. Sinon, je pousse un cri tellement fort que les rats de ce navire vont sauter à l’eau et finir le voyage à la nage !