"Le cinéma est...vite et rapide",avait écrit Léger;Clair ou Artaud s'exprimaient semblablement.Dekeukeleire paraît s'inscrire dans l'illustration de ces affirmations en évoquant dans son film la course à motocyclette d'une jeune femme à travers un paysage accidenté.L'alternance de détails de la machine,de gros plans du visage de la femme,le tournoiement de la route,des collines entrevues,le rythme de plus en plus accéléré de ce montage viennent suggérer non seulement la griserie de la vitesse et l'éventuelle hâte à arriver au but mais une manière d'étreinte entre la conductrice et son engin;la voici nue,sa combinaison de cuir délaissée,corps multiplié,déplié,illimité jusqu'à l'éblouissement de formes abstraites,objets architecturaux en réduction,de type minimalisme.Or tous les éléments constitutifs de cette "histoire"-qui n'a lieu que dans l'imaginaire du spectateur,rien n'étant décrit,narré-,sont systématiquement dissociés et interrogés.