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Citation de nadejda


Je ferme les yeux, et je rappelle à moi un savoir très ancien : il y a deux pierres à côté de mes doigts, je les touche doucement, comme en aveugle. J'en saisis une, la plus légère, et je commence à les frapper l'une contre l'autre, à petits coups discrets, puis rapides, avec des silences et des reprises obstinées. Très vite, je suis emporté par le rythme, et j'y prends plaisir. Deux pierres cognées l'une contre l'autre donnent un son humble, primaire, d'une indépassable pauvreté qui me saoule et m'atteint profondément : il est à la mesure exacte de ma propre détresse puisque j'en suis réduit, en fait d'instrument de musique, à deux cailloux cognés obstinément. Cette similitude dans la pauvreté me porte à m'identifier au bruit que font mes pierres, des chocs faibles, désespérés, gais, amortis par la proximité de la roche et par celle du sol lourdement sablonneux. Je deviens ce bruit, il me tire hors de moi. Paupières closes, affolé par le bruit que je fais, je ne suis plus qu'une âme qui passe du côté des forces du Monde et peut tout provoquer par écho.

(…) Qu'ai-je voulu, souhaiter, pendant cet appel aux forces du Monde? Du fond de ma petite grotte, à coups de pierres, j'ai crié ma détresse. Cependant, ce bruit de pierres cognées obstinément, pendant des heures, plairait-il aux Hommes, s'ils pouvaient l'entendre du sentier des falaises ?
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