— À boyre ! à boyre czà ! Aporte le fruict ; ce sont chastaignes du boys d’Estrocz, avec bon vin nouveau, voy vous là composeur de petz. Vous n’estez encores ceans amoustillez. Par Dieu, je boy à tous guez, comme un cheval de promoteur ! » Gymnaste luy dist : « Frere Jean, oustez ceste rouppie que vous pend au nez.
— Ha ! ha ! (dist le moyne) serois je en dangier de noyer, veu que suis en l’eau jusques au nez ? Non, non. Quare ? Quia elle en sort bien, mais poinct n’y entre, car il est bien antidoté de pampre. O mon amy, qui auroit bottes d’hyver de tel cuir, hardiment pourroit il pescher aux huytres, car jamais ne prendroient eau.
— Pourquoy (dist Gargantua) est ce que Frere Jean a si beau nez ?
— Parce (respondit Grandgousier) que ainsi Dieu l’a voulu, lequel nous faict en telle forme et telle fin, selon son divin arbitre, que faict un potier ses vaisseaulx.
— Parce (dist Ponocrates) qu’il feut des premiers à la foyre des nez. Il print des plus beaulx et plus grands.
— Trut avant ! (dist le moyne). Selon vraye philosophie monasticque, c’est parce que ma nourrice avoit les tetins moletz : en la laictant, mon nez y enfondroit comme en beurre, et là s’eslevoit et croissoit comme la paste dedans la met. Les durs tetins de nourrices font les enfans camuz.
Chapitre XL.