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4.75/5 (sur 2 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Journaliste, coordinatrice de projet (état des lieux des ports de l’Est Calvados), secrétaire privée de Michel Foucault de 1978 à 1984, Françoise-Edmonde Morin est aujourd’hui présidente de l’association Femmes du Littoral Basse Normandie. Auteure d’ouvrages, elle fait partie des rares femmes du milieu professionnel de marins pêcheurs à avoir été nommée Chevalier dans du Mérite maritime.

Source : http://www.science-ethique.org/ et http://www.canalc2.tv/
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
La pilule contraceptive et le stérilet, présentés par une
large frange de la médecine et acceptés par de nombreuses
femmes comme des outils de libération du corps féminin,
servent de fait à masquer une aliénation d’autant plus pernicieuse qu’elle impose silence à un corps qu’elles prétendent libérer. Je ne dissocie pas la pilule et le stérilet parce
qu’ils ont comme effet commun d’obturer littéralement le
corps et l’esprit, et de modifier leur fonctionnement. De
leur utilisation sont issus des comportements et des
croyances concourant à faire penser qu’à travers eux les
femmes ont acquis une liberté plus grande. Je dis que, à
l’inverse, et comme d’ordinaire dans nos sociétés, cette
liberté est étroitement informée par les rapports de production ; en fait, cette liberté n’est constituée que des
retombées sociales d’une organisation économique exigeant qu’une main-d’œuvre bon marché, les femmes, soit
le plus disponible possible, et le moins « handicapée » par
le double aspect de sa condition ; à savoir, d’une part, la
production et le salariat, et, d’autre part, la reproduction.
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Le silence qu'impose une femme à son corps trouve son répondant intellectuel dans la malléabilité qu'elle montre à épouser les contours de l'esprit masculin, l'apparente communion de bien des couples n'est que soumission de la femme à une domination. Et après avoir induit cette soumission, les hommes la baptisent duplicité, alors qu'elle n'est que recherche désespérée d'échange à travers une vérité qui n'appartient qu'à 'homme. Dans ces conditions, le simple fait d'accepter les règles, de pouvoir imposer leur existence par différents moyens non coercitifs à l'égard de l'homme - qui peuvent varier selon les situations: faire ou ne pas faire l'amour, faire état de ses règles, montrer un paquet de tampons, etc. -, est un geste d'une portée plus importante que la simple provocation. C'est déjà poser l'existence d'un corps différent, et au-delà poser l'existence de désirs différents. Si l'on cache à l'autre une réalité aussi incontournable que celle des règles, que lui cache-t-on et que se cache-t-on à soi-même de ses propres désirs ? Dans leur aspiration à avoir une relation profonde avec un homme, les femmes trop souvent encore tendent à se confondre avec lui. Sous-jacente à cette attitude, il y a la conviction que tout désir légitime provient de l'homme, qu'un désir exprimé par une femme la rend vulnérable, révèle d'elle-même un aspect qui peut-être ne correspond pas à l'image que l'homme se fait d'elle et la condamne à être perçue comme stupide, animale, lascive, possessive, etc. Ainsi la légitimité masculine se trouve-t-elle renforcée par ses victimes elles-mêmes.
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C’est une
leçon à méditer avant de dire qu’un « outil de libération »
est acquis aux femmes, quand il peut tout aussi bien se
transformer en un moyen de pression redoutable. Redoutable parce que les femmes qui utilisent la pilule et le stérilet sont dispensées de l’apprentissage du fonctionnement
de leur corps : quand on passe sa vie à fermer les yeux et à
ouvrir la bouche pour gober un objet miracle, on ne sait
pas ce qui se passe à l’intérieur de ses viscères. Tout est
magique.
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Le grand mythe véhiculé par la contraception est que la facilité de contact entre hommes et femmes, débarrassés de leur encombrante fertilité, aurait grandement augmenté la liberté des femmes et accéléré leur égalité avec les hommes. En I'absence de changement profond des rapports sociaux et économiques, rien n'est plus faux. La liberté que les femmes ont pu obtenir n'est pas due à la contraception de masse, mais à plus d'un siècle de luttes acharnées et à la conjonction de ces luttes avec le besoin croissant de l'économie en main-d'œuvre féminine sous-qualifiée et sous-payée, besoin qui a conféré aux femmes une étroite indépendance économique.
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Les femmes sont un grain de sable dans l'organisation d'une production parce qu'elles produisent à la fois de l'avoir et de l'être. Le travail salarié ne veut tenir aucun compte des cycles naturels et privilégie le rendement, la normalisation des êtres et des produits. La femme est, dans ce contexte, I'irruption de la force de vie dans un milieu clos sur la loi de l'efficacité maximale. Elle perturbe la production parce qu'il faut inclure avec elle sa capacité à créer de l'être, ce qui suscite l'apparition de mécanismes de défense dans l'entreprise où elle travaille. La société industrielle souhaite voir le renouvellement des effectifs, mais n'entend pas le prendre en charge à travers le respect du rythme des femmes salariées. Sous cet aspect, la tendance à faire disparaître les règles, à occulter totalement la fécondité, à donner à la maternité la portion congrue dans le salariat ou à l'hypertrophier hors le salariat, apparaît comme la perpétuation de la manipulation du corps des femmes sous couleur de libération. Il faut en réaction donner toute leur place aux rythmes du corps féminin et reconnaître qu'il porte des fonctions biologiques qui lui sont propres. Non pour faire de la difference entre les sexes un prétexte à l'enfermement des femmes. Non pour l'exaltation de la reproduction. Non pour glorifier une nature qui n'est nullement bienveillante. Mais parce que le corps des femmes se souvient encore que l'humanité existe et en témoigne, malgré elle parfois.
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Sil est un lieu où les rythmes de la femme sont tout particulièrement niés, c'est bien la salle de travail des maternités, publiques et privées. Bien qu'aient été dénoncées à maintes reprises leurs pratiques les plus scandaleuses, des césariennes abusives aux déclenchements intempestifs et systématiques, les médecins continuent tout placidement à les reconduire et à procéder à l'entravement du corps féminin.
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Le décalage entre l'image de la femme idéale et la réalité des règles pose un problème d'identité aux jeunes filles. Elles essaient désespérément de coller à un modèle pour être aimées dans une certaine image de la féminité. Elles se mettent sans cesse à la place de l'autre, c'est-à-dire de I'homme, et sous ce regard se sentent menacées d'apparaître comme impures. Elles arrivent à cette constatation étonnante: les règles, le sang, ce n'est pas féminin. Le désir d'être idéale est sans cesse contrecarré par la réalité: la jambe qu'on voudrait lisse comme du marbre développe une pilosité envahissante ; la vulve qu'on voudrait parfaite et consacrée à la sexualité saigne pour rappeler qu'elle est aussi un lieu de fécondité. Bref, la réalité fait sans cesse redescendre la jeune fille de son piédestal. En fait, ces manifestations du corps la rappellent à la vie, l'empêchent de mourir à son être, de se confondre tout à fait avec I'homme en devenant opaque à sa propre spécificité.
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Corps féminin, corps objet qui jamais ne pense et toujours parle en tant que corps et non en tant que personne corps/esprit mêlés. Cette pilule octroyée m'évoque l'hostie de mon enfance. Je vois une analogie entre ce sauf-conduit sacré distribué par le prêtre qui menait au Paradis de Dieu le Père et ce contraceptif miraculeux dispensé par le médecin qui mène au Royaume des hommes. Femme deux fois flouée, car ces deux voies d'accès à la félicité ne débouchent pas sur I'Éden de l'altérité : elles ne donnent droit qu'à un strapontin pour l'éternité. Par la pilule, la femme a acquis le droit d'être tou- jours disponible en échange de quoi l'homme n'est plus jamais refusé. Le territoire est piégé: nulle retraite où dire « ne me touche pas ». L'homme garde l'initiative. En croyant adopter des comportements libérés, les femmes entrent de plain-pied dans l'imaginaire des hommes, sans se soucier davantage de savoir ce qu'est leur propre identité, ce que sont leurs propres désirs.
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J’avais cru jusqu’alors que toujours ma volonté pouvait faire plier mon corps et voici qu’il se révélait à moi
dans une complète indépendance. Il mettait au jour une
partie de moi-même que j’avais impitoyablement matée,
parce qu’il faut qu’une femme soit doublement retranchée
d’elle-même, dans son être et aux yeux des autres, pour
arriver à un statut similaire à celui de l’homme le plus
moyen, pour qu’on entende ce qu’elle dit, qu’on constate
ce qu’elle fait. L’enfant en gestation m’apprit à suivre mon
corps plutôt qu’à le dompter. Ce qui était entré devait
sortir et tout mon moi intellectuel n’y pouvait rien. C’est à
ce moment-là que je compris combien la contraception
que j’avais choisie l’avait été selon des critères qui ne
devaient rien au respect de mon corps mais tout à des
options socioculturelles. Options qui réussissaient le prodige de me persuader que j’étais libérée et que j’avais tout
à gagner à la négation de mon corps.
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Les règles représentent dans la vie d'une femme ce que, à la fois, elle doit absolument avoir et ce qu'elle doit impérativement cacher. Antinomie qui produit la souffrance du corps et celle de l'esprit, et la tentation de l'assimilation au corps masculin. La fécondité est logée à la même enseigne. Mise entre parenthèses, elle est totalement niée par la contraception sans faille de la pilule et du stérilet. On ne veut plus voir en elle la force de vie latente en tout être adulte, mais seulement la possibilité d'un enfant que l'on programme en Oui ou en Non derrière le rempart d'une sexualité hypertrophiée. La maternité est devenue elle aussi séparation. Instituée en maladie, elle est aux mains des médecins. Instituée en pouvoir, elle est abandonnée aux hommes.
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