Je suis un tantinet voyeur. Je regarde par les fenêtres dès que j’en ai l’occasion, et la vision des affaires d’autrui m’exci-te – presque sexuellement. J’écoute aux portes, je passe en revue tout ce qui traîne sur les bureaux et, même si ce n’est pas vraiment à mon honneur, je suis capable de lire le courrier et les journaux intimes. J’ouvre les placards des salles de bains, j’ai même envisagé un temps de m’acheter du matériel d’écoute. Et j’ai toujours rêvé qu’on me passe commande d’une maison truffée de miroirs sans tain. En visitant la suite des Ikar, malgré mes larmes de douleur et la peur qui me tordait les boyaux, je ressentis une sorte de jubilation. Les robes et en-sembles de Mme Ikar étaient suspendus à deux longues tringl-es – je reconnus la jupe noire à panneaux rouges. Les tiroirs débordaient de soyeux dessous crème et noirs ; un bataillon d’escarpins attendait au garde-à-vous sur le parquet sombre du dressing.