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Critiques de Frank Le Gall (246)
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Mary Jane

Ce matin-là, Davies quitte la maison pour rejoindre la mine. Sa femme, Mary, le regarde s'éloigner de la maison, l'air inquiet... Une explosion, de la fumée. L'on accourt de toutes parts, affolé. Malheureusement, ce ne seront que des hommes et des animaux morts que l'on remontera. Et ce n'est qu'à 19 ans que la jeune femme se retrouve veuve, sans ressources, ayant perdu le seul amour de sa vie. Elle n'a d'autre choix que de fuir, ne voulant pas dépendre du bureau de bienfaisance. Une simple petite valise en guise de bagage. Mary marche, erre à travers champ, se lave à l'eau du ruisseau. Malheureusement, sa valise, trop près du bord, est emportée par le courant. Elle croise alors un groupe de rôdeurs qui ont les gendarmes à leurs trousses. L'un d'eux conseille à la jeune femme de les suivre. Mais eux vont à Londres et c'est à Cardiff qu'elle veut retrouver sa sœur. Si leurs chemins se séparent alors, c'est pourtant vers la capitale qu'elle se dirigera, là où on lui a fait croire qu'elle pourrait travailler dans la mode...



Mary Jane Kelly, de Limerick, est la dernière victime de Jack L'éventreur. Sans un sou et sans bagage, après avoir perdu son mari, c'est dans le quartier londonien de Whitechapel qu'elle atterrira. Naïve, perdue, mais jolie brin de femme. De mauvaises rencontres (avec ce Peter Snakesman ou encore cette maquerelle) en déconvenues, la jeune femme, devenue prostituée, n'est plus que l'ombre d'elle-même. Il aura fallu presque 30 ans à Franck Le Gall pour sortir cet album. Et s'il devait en dessiner les pages, c'est finalement à Damien Cuvillier, pour qui il réécrira le scénario, qu'il adviendra de mettre en image le destin tragique et émouvant de Mary Jane, victime de la misère sociale qui sévit dans l'Angleterre de la fin du 19ième siècle. Si le fond est captivant, touchant et triste à la fois, la forme est magnifique. En effet, Damien Cuvillier nous offre de superbes planches en couleur directe. Les visages sont expressifs, les décors de la capitale riches et les couleurs étonnamment douces.

Un très bel album qui donne corps et âme à cette jeune femme au destin tragique...

En bonus, la genèse de ce récit ainsi que quelques croquis de Franck Le Gall...
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Mary Jane

Nous sommes à la fin du XIXe siècle au Pays de Galles. Un accident a eu lieu à la mine. Davies y a laissé sa peau. Sa jeune veuve, Mary Jane Kelly, fuit la misère et rejoint Londres. Elle est alors prise en charge par un certain Peter White, dit le serpent, un beau parleur qui profite de la fatigue et du désoeuvrement de cette dernière pour la présenter à « une amie ». Voilà comment la jeune femme se retrouve dans le monde de la prostitution. Mais Mrs Kelly n’est pas simplement une fille de joie, elle est également une des victimes de Jack l’éventreur…



Ce très bel album nous met dans l’ambiance des bas-fonds anglais du XIXe siècle où la misère, la famine et les maladies allaient bon train. Les dessins et les couleurs sont magnifiques. Le tout est mené comme une enquête policière avec des gens se présentant non pas à la barre mais devant nous pour nous expliquer ce qu’ils ont vu. C’est rondement mené et le lecteur passe par tous les sentiments avec cette femme que l’on va d’abord plaindre puis détester pour finir par en avoir pitié.
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Mary Jane

Mary Jane Kelly, dont il est question dans cet album, est la dernière victime de Jack l'éventreur sordide assassin de femmes à Londres à la fin du XIXème siècle.

Mais ce n'est point cette histoire qui est racontée, l'éventreur n'apparaissant qu'a la dernière page de l'album.

Mary Jane, 19 ans était une femme mariée, heureuse, galloise, dont le mari, mineur, disparut dans une explosion au fond de la fosse. Et, là, le ciel lui est tombé sur la tête! Pour échapper aux organismes sociaux qui harassaient plutôt que d'aider les jeunes femmes en détresse, elle s'enfuit, quitte son village et ce joint à une bande de vagabonds qui tente de gagner la capitale.

Arrivée à Londres, Mary Jane cherchera un travail honnête mais elle rencontrera un aigrefin qui l'entrainera sur le mauvais chemin des maisons closes et de la prostitution.

Bien sûr elle essaiera de s'en sortir mais, à chaque fois, ce sera pour tomber encore plus bas, pour terminer à faire des passes dans la rue, dans le sordide quartier de White Chapel à Londres où l'éventreur l'assassinera.



Cet excellent album tant pour le scénario, les textes et les dessins, montre à quel point des jeunes filles heureuses, subissant un revers de la vie, peuvent, irrémédiablement, tomber sans jamais se relever, victimes qu'elles sont de l'époque, de la misère et de la destinée.

En fin d'album un cahier graphique.

Une Bd a conseiller pour sa qualité.


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Mary Jane

C'est l'histoire d'une fille, elle a pas eu d'bol.



Mary Jane Kelly, tout le monde connait.

Rien à voir avec les oinjs dont semble avoir été perfusé Doc Gynéco dès le landau mais plutôt avec le sale destin d'une gamine miséreuse qui traça un sillon aussi désespérant que tragique en un Londres de fin XIXe alors peu enclin à accueillir en son sein les pestiférés de tout bord.



Mary Jane, ce seront des rencontres.

De son amoureux trop tôt disparu à de futures bien moins romantiques, la gamine n'aura de cesse de tirer le Diable par la queue avant que ce dernier ne se rappelle définitivement à son bon souvenir.



Alternant une vie que la grande Edith n'aurait chanté pour rien au monde avec des témoignages de personnages l'ayant plus ou moins intimement côtoyé, Mary Jane fascine de par son propos à la fin inéluctable et son rendu aquarellé paradoxalement envoûtant.

Le contraste est saisissant.

Le plaisir intense.
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Là où vont les fourmis

Le jeune Saïd avait une marotte : savoir où allaient les fourmis. Il se baladait ainsi dans toute la ville, les suivant pour avoir la vérité. Mais un homme, qui n’était autre que son grand-père, lui demanda de le suivre. Il l’amena dans le désert, garder des chèvres. Saïd se désespérait déjà lorsque la plus vieille des chèvres lui parla…



Ce très joli conte dépaysant nous embarque dans les légendes orientales mais également dans une certaine philosophie. C’est joliment dessiné, c’est plein d’humour et de charme… Bref, je me suis régalée à la lecture de cet album.
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Mary Jane

J’ai trouvé le récit de cette jeune femme très touchante.



L’auteur explique à la fin de l’ouvrage qu’il voulait parler des conditions des femmes à la fin du XIXe siècle plutôt que de jack l’éventreur. Et mettre ainsi en avant la vie de ses femmes, leurs histoires, et leurs combats.



J’ai trouvé tout cela très enrichissants. Les graphiques sont très jolie et on s’immerge facilement dans ce récit.



Je vous conseille donc de lire cet ouvrage, une découverte très agréable.



Bonne lecture !
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Mary Jane

Des victimes de Jack l'éventreur on ne sait pas grand-chose, on connaît seulement leurs noms et le fait qu'elles se prostituaient.

L'auteur a choisi de nous raconter la vie de l'une d'elles : Mary Jane Kelly.

Il nous raconte sa vie au Pays de Galles avec son mari mineur, l'accident qui la laisse veuve et complètement démunie, son errance jusqu'à Londres, ses tentatives pour vivre ou survivre et sa lente descente aux enfers qui se terminera par son assassinat.

J'ai beaucoup aimé cette peinture sociale d'une époque difficile pour les plus pauvres et encore plus pour les femmes seules, on y ressent bien le froid, la faim, l'angoisse d'avoir à payer son loyer, de devoir trouver quelque chose à manger…

On voit bien la différence entre les quartiers huppés et les bas fonds où la misère est partout, où elle ressemble à fluide visqueux qui recouvrirait le sol, les murs, les esprits, les estomacs et même les âmes.

Oui, Mary Jane était une prostituée, mais c'était aussi une jeune femme combative, avec des rêves, une femme qui n'a pas eu beaucoup de choix pour survivre, une femme qui a malheureusement été la victime d'une époque et d'une société rigide avant d'être celle d'un tueur en série.
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Là où vont les fourmis

Un grand merci à Babelio et aux éditions Casterman pour m'avoir envoyé cette tendre BD...



Saïd est un jeune garçon qui vit dans un village oublié de tous. Le regard tourné vers le sol, suivant les fourmis qui le fascinent, il va rencontrer de nombreux personnages. Devenu gardien de chèvres, Saïd devient l'ami inséparable de Zakia, une vieille chèvre savante et qui parle...

Un très joli conte, qui plaira tout autant aux petits qu'aux grands. Des dessins tout aussi doux que les couleurs et l'amour que trouve Saïd au bout du chemin...
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Mary Jane

Mary Jane, c'est un peu Gervaise, c'est un peu Nana...



Cette très belle Bd narre l'histoire d'une galloise, devenue soudainement veuve à l'âge de 19ans. Seule désormais, elle quitte son village pour Cardiff mais le destin l'emmènera jusqu'à Londres.

Le Londres du 19eme siècle avec sa misère et ses bas-fonds, avec ses prostituées et Whitechapel...



C'est une histoire bouleversante bien sûr, qui rend hommage à toutes ses femmes qui ont subi plus qu'elles n'ont vécu, courageuses mais si vulnérables.



L'atmosphère triste, parfois sinistre est parfaitement bien rendue par la coloration sépia. Les personnages sont fort bien croqués également et les visages bien expressifs.



Une BD de qualité !
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Mary Jane

Elle comprend que tous les hommes, d’une manière ou d’une autre, sont toujours prêts à payer.

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Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre, dont la première édition date de 2020. Le scénario a été écrit par Frank Le Gall, les dessins et les couleurs réalisés par Damien Cuvillier. Elle comporte soixante-dix-huit pages de bande dessinée. Il se termine avec un texte de trois pages, rédigé par Le Gall, et illustré par ses travaux graphiques préparatoires.



Un homme effectue une déposition ou un témoignage : Joseph Barnett, porteur au marché aux poissons de Billingsgate. À ce qu’elle lui a dit, elle était née à Limerick en 63. Et puis sa famille a émigré au pays de Galles, elle lui a dit. Elle disait que, là-bas, elle avait été mariée à un certain Davies. Il travaillait à la mine, et puis ça n’a pas duré. Il n’y a rien qui durait, avec elle. Il évoque sa compagne Mary Jane. En 1882, celle-ci sort de sa petite ferme en courant, en tenant un mouchoir rouge à la main. Elle traverse son petit jardin puis un champ, en passant par la barrière. Au loin, s’élève une colonne de fumée noire. Elle passe le portillon, le mouchoir s’accroche au montant, elle le laisse et continue de courir. Elle arrive près du puits de la mine : c’est de là que provient la fumée. Les autres femmes accourent également, alors que les hommes s’affairent à remonter les blessés et les morts, du puits. Ils sont en train de sortir un cheval aux yeux bandés, par le monte-charge à poulie. Un homme en tenue de mineur, le visage noir, arrête Mary Jane : c’est inutile, Davies est mort. Elle entraperçoit les corps étendus sur le sol un peu plus loin.



Les autres femmes plus âgées, se demandent ce que va devenir Mary Jane en étant veuve à dix-neuf ans. Elle sait qu’elle doit fuir. Le lendemain, Miss Gruff du bureau de bienfaisance toque à sa porte, accompagnée d’un solide gaillard et d’un policier. Elle vient pour l’emmener à L’union Workhouse. Ils ouvrent la porte de la chaumière : Mary Jane est déjà partie. Elle a emporté ses maigres affaires dans une simple valise. Elle voyage à pied sur des chemins de terre, se protégeant comme elle peut de la pluie, du froid, dormant sous les ponts, emmitouflée dans un châle. La nuit, le même cauchemar revient : une terrible explosion d’une clarté aveuglante, et son mari qui hurle son prénom. Elle se réveille en sursaut, puis se rendort tant bien que mal. Le lendemain, elle poursuit son chemin, s’arrête au bord d’un petit cours d’eau pour faire une toilette sommaire. Sa valise tombe dans la rivière qui l’emporte, sans qu’elle ne puisse la récupérer. Elle continue à marcher à travers bois, jusqu’à arriver dans une grande prairie vallonée. Elle entend des cris : Pillards ! Assassins ! Bande de voleurs ! Gibiers de potence ! On vous retrouvera et on vous pendra tous ! Des paysans hurlent en contrebas, alors qu’une troupe de romanis passent rapidement devant elle. Black John la saisit par l’épaule et lui intime de venir avec eux. Elle reprend la route avec eux. Plus tard, les enfants étant fatigués, ils font une halte. Elle demande à Black John si ce sont des romanis.



La date, l’image de couverture, le texte de quatrième de couverture donnent des indications quant au fait que cette Mary Jane est passé à la postérité de bien sinistre manière. C’est l’histoire d’une tragédie annoncée. Quoi qu’il en soit, cette tragédie atroce n’occupe que les dix dernières pages de la bande dessinée, le reste étant consacré à la vie de cette femme, de sa dix-neuvième année, à sa mort à vingt-quatre ans. Le scénariste n’est pas le premier à s’intéresser à sa vie, Patricia Cornwell, autrice d’un livre sur le sujet, l’a également évoquée avec un point de vue très marqué. Le scénariste a choisi cette femme emblématique pour développer sa vie avant son meurtre immonde, la vie d’une jeune veuve de la campagne, montant à Londres dans l’espoir de trouver un travail, une source de revenus, de quoi vivre. Parmi les personnes témoignant, assis, cadrés en plan taille, face au lecteur, un jeune homme pose deux questions : Si tout le monde, si toute la société vous considérait comme un coupable, est-ce que vous ne seriez pas prêt à tuer ? Et si cette même société vous considérait comme une victime, ne seriez-vous pas déjà morte ? Cet ouvrage évoque donc la condition féminine dans la décennie 1880 au Royaume Uni. La vie de Mary Jane est racontée de telle manière, que le lecteur n’y voit pas un destin tout tracé vers une boucherie fatale, mais bien le parcours de vie d’une jeune femme comme il y a dû y en avoir de nombreuses autres.



La première page peut décontenancer avec le témoignage de Joseph Barnett sur fond noir, fixant l’année de naissance de Mary Jane, ainsi que sa région d’origine, et portant un jugement de valeur que le lecteur perçoit comme étant négatif : il n’y avait rien qui durait avec elle. Le dispositif visuel d’un cadrage en plan taille sur fond noir évoque une déposition, mais sans qu’il ne soit précisé, ni pour Barnett, ni pour les suivants, si elle se déroule au commissariat ou au tribunal. Puis une case de la largeur de la page en occupe le bas, avec juste des bottes et un bas de jupe d’une femme courant sur l’herbe. Suivent quatre pages sans texte, si ce n’est la mention Un mouchoir rouge, montrant Mary Jane courant puis le monte-charge au-dessus de la mine. L’artiste utilise un trait encré pour détourer les formes, un noir légèrement atténué par les couleurs ce qui fait qu’il ne ressort pas comme étant le premier plan. Le reste des cases est réalisé à l’aquarelle, en couleur directe. Le tout forme de petits tableaux très agréables à l’œil. La fuite de Mary Jane dans la campagne fournit l’occasion de superbes paysages : les chemins de terre gorgés d’eau, la rivière paisible au bord d’un bosquet d’arbres, la grande prairie vallonée, le tronc noir des arbres dans la nuit, le magnifique feuillage d’un arbre au milieu d’une grande prairie.



Puis en page vingt-neuf, le lecteur découvre une illustration en pleine page : un dégradé de noir plein en partie supérieure, pour se transformer en un entrelacs de noir et blanc en bas de page, comme si le noir faisait ressortir la granulosité du papier. Le récit passe alors à Londres dans une lumière chiche, faisant ressortir la lumière blafarde et grisâtre, ternie dans les quartiers pauvres. Le lecteur peut tourner la tête pour observer la fumée noire des cheminées, le teint maladif des enfants et des mères dans la rue, les pavés poisseux, les petits boulots, la foule anonyme dépourvue d’empathie. Page quarante-sept, un autre dessin en pleine page, la façade d’un immeuble avec une belle lumière, et une rue large et dégagée. Cette impression d’endroit à l’abri disparaît dès la page suivante, avec une chambre aux fenêtres occultées, à la pénombre inquiétante. Page cinquante-neuf, un troisième dessin en pleine page : le ciel très sombre, presque noir au-dessus de Montmartre avec une neige clairsemée, comme autant de taches venant maculer la silhouette des bâtiments. Le retour à la lumière du soleil dans St. James apporte une respiration mais elle s’avère de courte durée.



Le lecteur voit que l’artiste a pris le soin de se documenter pour réaliser une reconstitution historique consistante : les échoppes, les petits métiers, les tenues vestimentaires, l’aménagement des pubs des quartiers populaires, les lumières des grandes artères commerçantes, la mine, les gourbis des quartiers miséreux de Londres. Il croque des personnages de manière réaliste et parlante quant à leur âge, leur situation sociale, leur métier plus ou moins légal. Il conçoit des plans de prise de vue qui donnent à voir les décors et les occupations des personnages pendant les scènes de dialogue, avec des postures parlantes quant à leur état d’esprit du moment, par exemple la détresse de Mary Jane qui ne sait pas à qui s’adresser à Londres qui ne comprend pas que Peter White est en train de la manipuler. Il parvient à ne pas en faire un objet du désir. Lorsqu’elle se réveille nue dans la maison de passe, le lecteur la voit comme une victime avec qui il a déjà développé un lien affectif, d’autant plus vulnérable qu’il sait ce qui va advenir. Page cinquante-quatre, il montre les passes, dans une grille de quatre cases par quatre cases. Il n’y a rien d’érotique ou pornographique : la chair est triste. Le texte est laconique et terre à terre : Et jour après jour, c’est la longue suite, la suite sans fin des hommes, des employés, des gommeux, des clergymen, des commis voyageurs, des vieux qui sentent, des gras qui suent, des timides, des violents. Ils ont tous en commun d’être repoussants. Heureusement, il y a le gin.



Le scénariste a donc décidé de montrer une autre facette des crimes sordides d’un tueur en série, peut-être le premier à avoir été identifié comme tel. Il fait de Mary Jane, une jeune femme attachante, essayant de trouver une nouvelle place dans la société, après le décès de son époux dans un accident de travail. La remarque d’un témoin revient à l’esprit du lecteur : si cette même société vous considérait comme une victime, ne seriez-vous pas déjà morte ? Le récit met en lumière un mode de fonctionnement systémique : une société qui exploite les faibles sans une once d’humanité. L’enchaînement des événements est inéluctable pour Mary Jane. Le lecteur se demande à plusieurs reprises quelle aurait été l’alternative pour elle. L’auteur en évoque une ou deux, vraisemblablement pires, en tout cas pas meilleures, sans aucun espoir d’épanouissement personnel, dans une perspective d’exploitation tout aussi destructrice que la voie choisie par défaut par Mary Jane. Les hommes profitent de cette prostitution intégrée au fonctionnement de cette société, et Mary Jane est exploitée par une femme, une mère maquerelle, et surveillée par une autre femme, une duègne qui est rémunérée pour. La fin de sa vie est une déchéance de plus, le symbole qu’il est toujours possible de tomber plus bas. La conclusion revient à la séquence d’ouverture, montrant la vie de Mary Jane entièrement définie par sa condition d’épouse, tout en montrant que le sort de son époux participe de la même exploitation sans respect de la personne humaine.



Les auteurs racontent la vie adulte d’une jeune femme ayant perdu son mari dans un accident. Ils ont choisi une femme dont l’Histoire a retenu le nom du fait de son assassinat atroce. Pour autant, à part la conclusion, il s’agit du récit de la vie d’une jeune femme issue de la classe populaire, confrontée à une société qui réserve un sort de victime aux femmes de sa condition, quel que soit le choix de vie qu’elles puissent faire. Un récit poignant à la narration sans dramatisation excessive, et pourtant implacable.
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Théodore Poussin, tome 1 : Capitaine Steene

Je découvre Théodore Poisson avec ce premier tome qui marque le début de son enquête sur son oncle, le capitaine Steene, qu'il pensait mort depuis des années mais qui aurait mystérieusement disparu à la frontière chinoise.

On est un peu l'esprit de Tintin ou de Spirou, tant pour les dessins que pour l'intrigue, même si notre héros n'a pas grand-chose d'un aventurier a priori. Employé de bureau d'une compagnie maritime, il rêvait de destinations exotiques derrières ses registres jusqu'à ce que l'occasion d'embarquer pour l'Indochine se présente.

C'est sympathique, mais c'est pas vraiment "ma cam". Je ne pense pas poursuivre la série...

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Mary Jane

C'est une histoire poignante qui nous est racontée dans Mary Jane, d'autant plus triste qu'on sait dès le début, dès le résumé, que le dénouement sera tragique.



C'est l'histoire de la dernière victime de Jack l'Eventreur, mais c'est aussi l'histoire de tant de femmes de la fin du XIXème siècle poussées vers Londres par la misère, qui en cherchant une échappatoire se laisse happer par le cercle vicieux de la prostitution et de l'alcoolisme.



Une belle B.D. avec de très beaux dessins pour raconter le destin sordide de Mary Jane et de ses semblables, même si elles ne sont pas sorties de l'anonymat des bas quartiers de Londres en finissant assassinées par un tueur en série célébrissime...
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Mary Jane

Sans être un chef-d’œuvre du 9ᵉ art, cet album mérite une attention particulière par le choix de l’auteur, Frank Le Gall, de consacrer son récit, une biographie fictive, à la dernière des victimes de Jack L’éventreur, Mary Jane (Mary Jeannette Kelly). Biographie fictive, d’une jeune femme qui est prétexte à nous narrer, la vie de cette classe populaire, qui vivait dans une grande misère à une époque, celle de l’Angleterre Victorienne dont nous n’aimerions retenir que le faste de la révolution industrielle. Avant d’être victime d’un tueur en série, elle fut avant tout victime de sa condition.

Lors du règne de la reine Victoria, la société anglaise et de façon encore plus marquée, londonienne, est un véritable contraste entre la vie de la bourgeoisie, les nouveaux riches apparus avec l’industrialisation et la population pauvre, très souvent féminine, qui n’ont malheureusement comme choix de survie, que celui de marchander leur corps.

Cette noirceur, dénoncée, mise en lumière par le scénario de Le Gall est très joliment adoucie par les dessins, aquarelles de l’illustrateur Damien Cuvillier. Contraste qui nous rappelle l’opposition des classes sociales.

Ne vous attendez donc pas à en apprendre plus sur le célèbre tueur en série, mais plongez dans le décor de cette période de l’histoire et découvrez la face cachée de Londres.

Un grand bravo à Frank Le Gall et Damien Cuvillier pour ne pas être tombés dans la facilité de faire un énième ouvrage sur Jack The Ripper.


Lien : https://imaginoire.fr/2020/1..
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La cantina

Une cantina perdue dans le désert mexicain. Une solitude à deux pour Louis-Marie et son serveur Felipe, brave et dévoué Vendredi. Chaque jour Louis-Marie, devenu amnésique, va se confier à Ferdinand un cactus de plus de quinze mètres de haut. Un confident sincère et discret qui écoute sans contredire. Ferdinand aurait-il des antennes célestes ?



Mais cette belle ordonnance, faite d’ennui et de tranquillité quelque peu mortifère, est troublée par l’arrivée d’une vieille Oldsmobile avec à son bord la belle Rita et Juan son amant. Tout est en place, l’harmonie d’un quotidien improbable troublée par un élément perturbateur. Le théâtre de l’absurde peut commencer.



1967, l’époque où les baby-boomer prenaient leur destin en main. Adieu l’Amérique à la papa, fini la guerre froide paranoïaque, welcome Summer of Love in America. «La Cantina » devient la vision nostalgique d’une époque et d’une Amérique rêvée.



Franck Le Gall L’auteur de bandes dessinées des « Théodore Poussin », sort son premier roman le 13 février.

Il nous ouvre les portes de la perception pour un retour vers le futur réjouissant. De son écriture colorée il nous fait ressentir la touffeur poussiéreuse du désert, sa luminosité incandescente et l’érotisme moite des peaux brulées par le soleil.



Avec Les Beach Boys en bande son, Le Gall vient d’écrire les mémoires psychédéliques d’un amnésique, accompagnons le dans sa drôle de psyché.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Mary Jane

Mary Jane perd son mari dans l'explosion de la mine dans laquelle il travaillait. Elle n'a que 19 ans et là voilà seule et sans le sous. Elle quitte alors le pays de Galles pour Londres où elle espère trouver du travail.



C'est une histoire bien triste que celle-ci. Glauque même puisqu'elle redonne une vie à la dernière des victimes de Jack l'éventreur.

De sa rencontre avec le tueur en série, on n'en verra rien. Le but des auteurs est tout autre. Il est de donner un visage et une histoire à une victime.

On s'attache tout de suite à la naïve Mary-Jane Kelly à qui la vie na pas sourit. De rencontres malheureuses en mauvaises rencontres, Mary-Jane ne trouvera jamais le travail honnête auquel elle aspire. Elle va petit à petit sombrer dans l'alcoolisme et la prostitution pour finir dans les sinistres mains que l'on sait...

Un bien triste tableau de la misère londonienne du 19e siècle mais reproduit de main de maître par Damien Cuvillier.
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Là où vont les fourmis

Il était une fois un jeune berger gardant ses chèvres dans le désert. Il s'appelle Saïd et ne rêve que de suivre les colonnes de fourmis qui, au loin, disparaissent. elles vont ailleurs, ces fourmis, alors que lui est bloqué ici. Le désert, un arbre et ses chèvres. Dont une tout particulièrement. C'est la plus vieilles de ses chèvres, Zakia, et elle parle.



"La où vont les fourmis" est un joli conte aux notes orientales.

Saïd est un petit garçon qui rêve et sa chèvre savante est un peu comme sa conscience. Le tempo est lent, doux. Presque une introspection. L'histoire en elle même a un intérêt assez moyen mais il amène à la réflexion sur les rêves, le sens de la vie...

Au final suivre les fourmis c'est suivre ses rêves. Et c'est important si on ne veut pas passer à coté de choses essentielles.



Le dessin de Plessix sont toujours aussi minutieux. Son trait regorgent de détails, ses cases sont remplies de petites choses qui les font paraitre plus vivante. Un coup de crayon de professionnel pour croquer les personnages et les animaux même si j'avoue ne pas beaucoup aimer d'un petit détail : les billes blanches à la place des yeux.

Les couleurs sont elles aussi très belles. Ces tons pastels nous amènent directement dans nos rêves et nos contes d'enfants.



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Mary Jane

Mary Jane est connue pour être la dernière des victimes du célèbre Jack l'éventreur. C'est toute son histoire qui nous est contée avant qu'arrive cette tragédie. La démarche est assez intéressante d'autant qu'elle a été longuement mûri par un auteur Frank le Gall qui a eu du mal à la mettre en œuvre avant de ressortir le sujet sur la table.



Je ne connaissais pas son histoire personnelle : celle d'une galloise qui devient veuve à seulement 19 ans car son mari est tué dans un accident de mine de charbon. Elle va partir pour Londres non sans mal où elle va subir une véritable descente aux enfers au gré de rencontres. Elle devient une prostituée qui croisera la route de gens pas toujours recommandables. Voilà pour le cadre.



Il y a le thème que la vie de femme n'était pas chose aisée dans une société qui ne faisait pas de cadeau. Les aides sociales n’existaient pas en ces temps là qu'on ne regrette pas. Il fallait se lever pour aller travailler si on ne voulait pas mourir de faim. On va assister à une lente déchéance d'une femme d'extraction modeste qui était heureuse avant que le destin lui prenne son mari. J'ai eu beaucoup de peine pour elle et j'ai ressenti beaucoup d'émotions.



J'ai fort bien apprécié le graphisme réaliste et soigné de Damien Cuvellier qui met très bien en perspective les personnages ainsi que le décor à commencer par Londres l'opulente et ses bas-fonds. On observera une mise en couleur tout en aquarelle ce qui donne le plus bel effet.



Un récit triste et poignant à la fois qu'il convient de découvrir.
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Mary Jane

J'ai déjà lu beaucoup de bouquins sur Jack l'Éventreur : des romans, des études et des BD.



Ces ouvrages ont pour point commun de ne s'intéresser quasi exclusivement qu'au tueur et très peu aux victimes. Aussi lorsque j'ai vu une BD entièrement consacrée à Mary Jane Kelly, la dernière victime du Ripper, je n'ai pas hésité une seconde.



Ce bouquin est magnifique à tous points de vue. Les dessins sont somptueux, chaque case est un petit tableau.

Le récit est prenant et d'une tristesse inouïe. On assiste à la chute d'une jeune femme, brisée par le système, laissée pour compte. Sa vie fut une tragédie.



L'auteur jette un voile pudique sur la mort de Mary Jane mais tous ceux qui s'intéressent aux crimes de L'Éventreur connaissent le sombre destin de la malheureuse. Sa mort fut une boucherie.



Je recommande chaudement cette BD qui est un gros coup de cœur.
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Le Spirou de..., tome 2 : Les marais du temps

Le Spirou et Fantasio de Frank Le Gall est vraiment rafraichissant. Il n’essaie pas du tout de refaire du Franquin, ce que je trouve courageux, personnellement, j’aime voir nos deux héros traités de manière différente et originale. On garde les caractéristiques des personnages, Fantasio gaffeur, Champignac exalté, Zorglub magouilleur, mais ils ont sous le trait de Frank Le Gall une dimension nouvelle. L’histoire est bourré de clins d’œils à la série principale, il y a en particulier beaucoup de références à l’épisode “Le voyageur du Mésozoïque”. Spip prend une importance dans l’histoire et donne un pétillant et une légèreté appréciable. L’histoire en elle même n’est pas spécialement originale, c’est une histoire de voyage dans le temps, un petit côté “Retour vers le futur” plutôt réussi, mais peut-être un peu trop convenu. Le choix de l’époque apporte une ambiance nouvelle dans cette série : retour dans le Paris de 1860, look de gavroche et argot du XIXe siècle. Le tout donne un épisode très plaisant.

Je trouve que ce principe de reprise des héros par des auteurs différents en leur laissant carte blanche est vraiment une bonne idée, cela a donnée des épisodes de très bonne tenue, alors qu’il y a quelques déchets dans la série classique. Celui-ci n’est pas mon préféré, le récit est un peu trop cousu de fil blanc, mais pour son atmosphère si particulière, c’est une belle réussite.
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Théodore Poussin, tome 13 : Le dernier voyage..

Depuis que je sais lire je crois, la bd m'a toujours accompagné, dans mon enfance, puis mon adolescence où des centaines sont venus s'empiler sur mes étagères avant de rejoindre des cartons puis le grenier de la maison familiale, avant de finir....en cendres sur un malentendu...

Après un break de plusieurs années et au hasard de mes rencontres, grâce à mon fils aussi et au professionnalisme et à l'enthousiasme de libraires spécialisés, je renoue aujourd'hui pour mon plus grand plaisir avec le genre.

Parmi mes prospections, J'avais récemment aperçu dans les rayons ce tome 13 des aventures de Théodore Poussin.

Il faut dire que l'ouvrage est superbe et que la couverture est intrigante.

Les Éditions Dupuis m'ont gâté en m'offrant l'opportunité de le lire.

Cela peut interpeller de commencer par le 13ème tome (et peut-être le dernier), mais on m'avait laisser entendre que cette lecture pouvait très bien s'affranchir des épisodes précédents, ce que j'ai donc pu vérifier et confirmer.

1934.

Dans le dernier voyage de l'Amok, le héros de Frank le Gall, Théodore Poussin, désormais exilé dans les bas quartiers de Singapour, décide de reprendre l'ile que lui confisqua quelques mois plus tôt le sanguinaire Capitaine Crabb.

À simplement le feuilleter, on pourrait trouver un côté Tintin à Théodore, mais dès qu'on attaque le récit, on comprend très vite qu'il n'en est rien. Les méchants sont de vrais méchants. Les coups font mal. Les armes donnent la mort.

Ce dernier voyage est une vraie bande dessinée d'aventure avec des personnages dignes des meilleurs romans du genre.

Poussin, quant à lui, avec sa tête ronde qu'orne une paire de lunettes assortie, dégage une part de mystère qui fait qu'à peine refermé cet exemplaire, je n'ai eu qu'une hâte, découvrir au plus vite ses précédentes péripéties.

Voilà le genre de Bd qui peut vous réconcilier avec le genre, moi en tout cas j'y ai pris beaucoup de plaisir.
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