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Citation de Cielvariable


« Ah, mon Dieu », songea-t-il, « quel métier fatigant j’ai
choisi ! Jour après jour en tournée. Les affaires vous énervent bien
plus qu’au siège même de la firme, et par-dessus le marché je dois
subir le tracas des déplacements, le souci des correspondances
ferroviaires, les repas irréguliers et mauvais, et des contacts
humains qui changent sans cesse, ne durent jamais, ne deviennent
jamais cordiaux. Que le diable emporte tout cela ! » Il sentit une
légère démangeaison au sommet de son abdomen ; se traîna
lentement sur le dos en se rapprochant du montant du lit afin de
pouvoir mieux redresser la tête ; trouva l’endroit qui le
démangeait et qui était tout couvert de petits points blancs dont il
ne sut que penser ; et il voulut palper l’endroit avec une patte,
mais il la retira aussitôt, car à ce contact il fut tout parcouru de
frissons glacés.
Il glissa et reprit sa position antérieure. « À force de se lever
tôt », pensa-t-il, « on devient complètement stupide.
L’être humain a besoin de son sommeil. D’autres
représentants vivent comme des femmes de harem. Quand, par
exemple, moi je rentre à l’hôtel dans le courant de la matinée pour
transcrire les commandes que j’ai obtenues, ces messieurs n’en
sont encore qu’à prendre leur petit déjeuner. Je devrais essayer ça
avec mon patron ; je serais viré immédiatement. Oui sait, du reste,
si ce ne serait pas une très bonne chose pour moi. Si je ne me
retenais pas à cause de mes parents, il y a longtemps que j’aurais
donné ma démission, je me serais présenté devant le patron et je
lui aurais dit ma façon de penser du fond du coeur. De quoi le faire
tomber de son comptoir ! Il faut dire que ce ne sont pas des
manières, de s’asseoir sur le comptoir et de parler de là-haut à
l’employé, qui de plus est obligé d’approcher tout près, parce que
le patron est sourd. Enfin, je n’ai pas encore abandonné tout
espoir ; une fois que j’aurai réuni l’argent nécessaire pour
rembourser la dette de mes parents envers lui – j’estime que cela
prendra encore de cinq à six ans –, je ferai absolument la chose.
Alors, je trancherai dans le vif.
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