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Citation de frejean


Lorsque nous franchissons l’entrée de la réserve de Nahampohana, nous savons qu’il faudra compter avec la pluie dans le courant de la matinée : le ciel gris et très bas ne présage rien de bon. Passons pour le confort de la promenade, pourvu que cela ne nous empêche pas de lever le nez pour observer les habitants des lieux et les spécimens végétaux soigneusement conservés !
Assurément, les solides bâtiments de pierre et les charrues rouillées de Nahampohana portent encore la marque de son passé colonial. Les premiers êtres à nous accueillir dans ce parc magnifiquement entretenu sont les lémuriens. Je ne dis pas qu’ils viennent de suite nous trotter entre les jambes : ces primates sont trop malins et méfiants pour s’approcher de leurs cousins bipèdes, avant de les avoir sérieusement étudiés. Ils nous examinent d’abord de loin, discrètement, assis ou gambadant sur le toit de chaume de la bâtisse abritant la réception et le restaurant du domaine. Même les bananes dont ils raffolent ne suffisent pas à les faire descendre tout de suite de leur perchoir. Arias, lycéen de dix-huit ans qui profite de ses vacances pour se faire un peu d’argent de poche en guidant les touristes dans le parc, n’a pas son pareil pour faire réagir les lémuriens. « Makimakimakimakiiiii ! » lance-t-il d’une voix stridente en agitant une banane dont la couleur jaune vif contraste avec le vert du gazon et des massifs de camélias. Aussitôt ils arrivent l’un après l’autre, plantés sur leurs quatre membres, la queue, immense et blanche cerclée d’anneaux noirs, dressée comme un mât. Puis sans autre forme de politesse, ils se précipitent sur les bananes que nous tenons dans les mains. Tardez-vous à manifester votre générosité, ils saisissent au vol le fruit convoité et si celui-ci n’est pas à leur portée, d’un bond léger ils sont sur votre dos ou votre poitrine, en s’agrippant à vos vêtements. Mais qu’on se rassure : leur pelage est doux comme celui d’un chat et ils savent faire patte de velours pour ne pas vous égratigner de leurs griffes. La scène est d’un comique irrésistible ; tout le monde est aux anges, petits et grands, au point de dire : « Rien que pour ça, je suis content d’être à Madagascar. » Nous sommes maintenant envahis de tous les côtés par la tribu des primates, ils sont autour de nous et sur nous. Chirine en a un sur le ventre et un autre sur le dos ; le petit Djemil est aux prises avec un maki qui arc-bouté sur ses pattes de derrière lui tire sur le bras. Ces lémuriens au corps musclé, à la fourrure gris roux, sont les plus hardis qu’il nous sera donné d’approcher : le maki Catta est, dit-on, le plus populaire des lémuriens et le moins farouche.
Un peu plus loin, quatre individus appartenant à une autre espèce nous guettent, perchés en enfilade sur le tronc d’un papayer. Ils fixent avec avidité nos bananes mais la prudence l’emporte sur la gourmandise et ils n’osent pas s’approcher de nous. Ceux-ci ont un pelage presqu’entièrement blanc et portent, plaqué sur le visage comme un masque, un triangle isocèle noir pointe en bas, dont chaque angle supérieur est orné d’un gros œil rond. Le propithèque de Verreaux – tel est son nom –, aussi appelé lémurien dansant, est connu pour son mode de locomotion : il se déplace en faisant de grands bonds, sans se servir de ses pattes de devant.
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