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Citation de fbleumalt


Qu’on le veuille ou non, les autres ont ce pouvoir de vous faire basculer dans de nouvelles ères de votre existence. Je crois que ma vie a commencé à changer dès l’instant où mes amis les plus proches, les âmes qui comptaient pour moi, ont émis le souhait de devenir parents ou le sont devenus. Calliste, malgré lui, Madrissa, pour qui cet objectif tenait plus de l’obsession que du rêve. Si je devais être honnête, il me fallait dire qu’une partie de moi les avait détestés pour ça. Je haïssais l’idée que mes amis nous propulsent, eux et moi avec, vers une autre génération. Quelque part, dans mon esprit, Calliste et Madrissa reconnaissaient ainsi leur statut d’êtres mortels. Cette pensée me glaçait, me laissait entre sidération et effroi. Inconsciemment, je m’étais toujours figuré que je mourrais avant eux. Que les circonstances de l’existence nous séparent ou non, je ne concevais pas un monde sans eux. Égoïstement, je me disais que ces êtres autour desquels j’avais tant cristallisé étaient des preuves de ma propre existence et portaient en eux des morceaux de moi ; tous deux constituant des reflets, des éclats de mon âme. Peut-être aussi parce que cet état de fait me faisait choir définitivement de mon statut d’enfant. Pourquoi avais-je tant de mal à grandir ? Et puis, cette injonction à se reproduire me dépassait : je n’avais pas assez de foi en ce monde pour commettre un tel sacrifice. Offrir une âme pure à la fange me paraissait en plus d’une indécence, une vraie folie. Déjà, un acte égoïste au possible, doublé de malveillance. J’avais l’intime conviction que le seul enfant que je n’aurai jamais était celui que j’avais, logé dans le cœur et qui, de temps à autre, tentait de me parler ; je reconnaissais sa voix comme un vieil écho émanant de mes tréfonds, lointaine et un peu déformée, que le vide alentour habillait de beauté. Peut-être était-ce finalement cette voix que je tentais d’extirper de moi et que je convoquais à travers la musique, entre les notes, sur l’onde pulsatile du son. La seule voix qui comptait vraiment.
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