Ni Desmoulins, ni Danton n'ont participé à la prise de la Bastille. Pour Desmoulins, rien d'étonnant. Cet homme qu'on nommera bientôt le "procureur général de la lanterne" et qui a participé au pillage des Invalides n'est pas un homme d'action mais un homme de plume. Il est arrivé à la Bastille après la bataille. Quant à Danton, il va se faire remarquer le lendemain soir. Dans la nuit du 15 au 16 juillet, le gouverneur provisoire de la Bastille nommé par La Fayette - il s'agit de l'électeur Soulès –se heurte à un groupe de la milice bourgeoise appartenant au district des Cordeliers. Son chef se présente comme capitaine. C'est Danton. L'avocat aux Conseils, déçu de n'avoir pas obtenu ce grade dans son bataillon, n'a pas hésité à I'usurper pour l'occasion. Méprisant le "chiffon" que lui présente Soulès (sa commission de nouveau gouverneur), Danton fait arrêter le malheureux par ses hommes, l'emmène sous escorte au district des Cordeliers puis à l'Hôtel de Ville. A défaut d'avoir pris la Bastille, Danton a arrêté son gouverneur ; ou un imposteur, ce qui légitimerait encore mieux son geste. Il faudra l'intervention du marquis de La Salle et de La Fayette en personne pour que Soulès ne subisse pas à son pas tour le sort de Launay ou de Flesselles.
que faire si la loi positive, émanée d'un roi ou d'une assemblée, contredit la Loi naturelle ? La plupart des jusnaturalistes balancent ici entre l'apologie de l'obéissance et une maigre ouverture vers la résistance à l'oppression.
La France est un peu à l'écart de ce style de pensée. Au XVIIIe siècle, les héritiers des "légistes" de la monarchie tiennent encore le haut du pavé dans le domaine de la pensée politique;
Par ailleurs, le jansénisme, répandu chez les juristes, relaie en gros l'hostilité primitive de la Réforme au jusnaturalisme rationaliste, tout en se montrant souvent, comme la Réforme, accommodant (Domat). C'est après la mort de Louis XIV que la France va être saisie du débat sur ces questions ; elle sera cependant moins marquée par le Droit naturel moderne, dans sa version ultra-nationaliste que par l'empreinte du grand penseur anglais de la fin du XVIIe siècle : John Locke.
Le même Caron, qui affirme que la France vit encore sous le régime de la constitution de 1791, admet que le peuple s'est saisi le 10 août des prérogatives de souveraineté, ce qui légitime une justice populaire exercée directement.
De deux choses l'une : ou bien la constitution est toujours en vigueur ; en ce cas, il faut poursuivre les émeutiers du 10 août comme des insurgés et réintégrer le roi dans toutes ses fonctions et prérogatives constitutionnelles ;
ou bien, l'insurrection était légitime, le peuple est souverain, et dès lors il est difficile d'admettre la survie d'une constitution dont un pan essentiel, le pouvoir exécutif, a été abattu et le principe fondamental, la souveraineté nationale, remplacé par un autre : la souveraineté populaire.
"les mouvements populaires ne sont justes que lorsque la tyrannie les rend nécessaires"(journal de la montagne).
Peu à peu, les tendances se sont précisées. L'opposition entre les privilégiés et un Tiers exaspéré par le ressentiment et le soupçon est dépassée.
Trois mouvances se dégagent : contre-révolutionnaires de tout poil ; "patriotes" les plus prononcés ; modérés enfin plus ou moins conservateurs, moins avancés à la fin de l'été qu'au début, et qu'on appellera par la suite Monarchiens, groupe autour de Mounier, favorables à la "constitution anglaise. Ce clivage ne traduit, cependant pas la complexité des tendances ; à gauche - une terminologie qui se développera à l'automne - il y a peu de chose en commun entre un Robespierre, un Sieyès et un Mirabeau ;
Le soir du 10 mars, malgré les protestations de la Gironde, l'Assemblée décrète la création de ce fameux tribunal criminel extraordinaire que l'on appellera bientôt le Tribunal révolutionnaire, qui connaîtra sans possibilité d'appel ni de cassation "de toute entreprise contre-révolutionnaire, de tout attentat contre la liberté, l'égalité, l'unité, l'indivisibilité de la République, la sûreté intérieure et extérieure de l'État, et de tous les complots tenant à rétablir la royauté".
Page 284 et 285
Le rapport des commissaires sur la Belgique a été présenté par Delacroix les 22 et 23 janvier. Dumouriez va repartir pour l'armée dans avoir pu sauver Louis XIV, ni obtenir l'abrogation du décret du 15 décembre, ni convaincre le Comité de défense générale et le Conseil exécutif de modifier le plan de la campagne.
Page 271 et 272
Je somme Cambon, sans personnalités, sans s’écarter de la proposition qui vient d’être décrétée, de s’expliquer sur un fait d’argent, sur cent mille écus qu’on annonce avoir été remis à Danton et à Delacroix, et de dire la conduite que la commission a tenue relativement à la réunion...
Page 337 (sur Kindle)
Au fond de lui-même, Danton se moquait bien des atteintes portées à la religion de ses pères. Sans approuver l’athéisme et ses manifestations, il laissait faire sans vraiment protester ; lorsqu’il protestera — comme le 26 novembre — ce sera par calcul politique.
Page 375 (Kindle)
La vérité, l'âpre vérité.