Il est des amours chimiquement parfaits,
géographiquement improbables,
historiquement immortels,
physiquement stimulants,
mathématiquement impossibles.
-Comment a-t-il pu se battre avec une telle arme ? Il s’est débrouillé, répondit Diviciacos. Le combat n’était pas équitable : un guerrier gaulois, esclave éreinté contre trois gladiateurs surentraînés ! Pourtant Drutos s’est défendu bravement, jusqu’à son dernier souffle, il est resté debout jusqu’à sa dernière goutte de sang. C’est ce qu’ils voulaient voir, conclut Diviciacos en montrant du menton le public gesticulant.
La corneille se posa devant lui. Il la reconnut à la façon qu’elle avait de le fixer dans les yeux en inclinant la tête de gauche à droite. Milo remua les jambes pour la faire fuir. –Va-t-en ! Elle battit des ailes et sauta un peu plus loin sans le quitter du regard. La seconde suivante elle s’était changée en une femme aux très longs cheveux lisses, d’un noir bleuté comme son plumage, vêtue d’une robe bleu foncé qui frôlait l’herbe.
Nous sommes fous ! Fous et libres au pays des Hommes !
– Ce n’est pas une rumeur ! Un serviteur m’a rapporté une conversation qui a conforté mes soupçons : César profitera de la première bataille pour me faire tuer. Il rapportera à Diviciacos que j’ai succombé à la bonne mort, de manière à conserver l’estime des Eduens tout en étant débarrassé de moi.
–Ton frère ne sera pas dupe ! –Tu n’as donc rien compris ? Il l’est depuis le début !
Milo vit une femme assise à côté de Ségorix. Il ne pouvait pas distinguer son visage mais elle semblait gracieuse avec de longs cheveux noirs tressés. Les autres personnages assis dans la grande salle étaient tous parés comme le roi : sayon agrafé sur l’épaule droite, torque doré, plusieurs ceintures et longue épée, tunique brodée et braies à carreaux, et bien sûr, bracelets serrés, brassards et fibules.
« Les princes ! » pensa Milo. Ils étaient venus des provinces du royaume des Aduatuques renouer les liens en cette occasion, flanqués des premiers guerriers de leurs compagnies qui leur servaient de témoins, des cavaliers d’élite reconnaissables à leurs mèches blondes liées en panache à l’arrière du crâne, ainsi qu’à leurs braies seyantes et bigarrées.
La mémoire visuelle est un témoin cruel. On ne peut dévoir
ce qui a été vu.
Page 52
Je me retrouvais à nouveau seul dans un univers que je connaissais encore mal. Je me suis alors laissé séduire par mon deuxième petit ami qui s’est révélé être un vrai vampire ! Il a fini par habiter chez moi, mettre mes vêtements, aimer les mêmes choses que moi. Il était terriblement jaloux. Il me culpabilisait à fond dès que je lui refusais quoi que ce soit, même ma personne. Il me phagocytait littéralement. J’ai dû changer d’appart. Il venait me harceler sur le campus. J’ai demandé pour pouvoir travailler à l’extérieur de l’unif. J’ai dû porter plainte et réclamer une injonction d’éloignement au tribunal. Ça a été un moment très difficile. J’étais fort déprimé. J’ai cru que j’allais abandonner mes études.
Quand je le voyais, je faisais bien attention de l’ignorer. Mais ça n’arrangeait rien ! À chaque fois, il se passait quelque chose en moi. Et cette fois-là, ce fut très fort ; Je n’ai pas trop compris, sur le moment. J’ai cru que j’allais faire une crise d’angoisse alors que je n’en avais pas eu depuis plusieurs jours. Mais c’était… différent. C’était comme… Comme si…
Il cherchait ses mots. Éric était un hypersensible. Cela signifiait qu’il percevait tout plus fort, plus entièrement, que la plupart des gens. Par conséquent, les mots courants ne suffisaient souvent pas à exprimer convenablement ce qu’il ressentait. Il eut recours aux métaphores.
Je sais que l’argent a un effet de rapport de pouvoir, continua Éric. J’ai vu mon père l’utiliser souvent à son avantage, même avec ma belle-mère qui était complètement dépendante de lui. Je ne veux pas jouer à ça mais je veux t’aider, Jay. Je me rends bien compte que tes études ont une grande valeur à tes yeux. Je comprends et je respecte ça. Tu as fait preuve de beaucoup de courage et tu as tenu le coup jusqu’ici, mais trimer n’est pas une obligation ni une fatalité. Je voudrais te faciliter la vie. Je te verserai une somme, une seule, et on en parlera plus, pour finir tes études sereinement.