AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Josephine2


Page 35-36
Devant mon enthousiasme sans bornes, Lalo et Astor m’ont invité à revenir le lundi. Puis Lalo a glissé qu’il allait écouter Messiaen le lendemain à l’église de la Trinité. Je voyais très bien où était cette église qui n’était pas très loin de chez moi, mais je ne savais pas qui était Messiaen. Je devinais cependant que ce devait être un musicien. Voyant mon regard interrogatif et fiévreux, il a ajouté que je pouvais venir si je le désirais. J’étais flatté et heureux. Lalo m’intimidait par son élégance et me rassurait par son humour, et son immense gentillesse…
… Il y avait là un autre musicien, un saxophoniste, un certain bobby Jaspar qui jouait dans sa chambre quand je suis arrivé. Lalo ne l’a pas invité à nous accompagner et Bobby lui a demandé s’il viendrait le soir écouter Bud Powell. Sur le chemin, Lalo m’a expliqué que Messiaen était son professeur au Conservatoire et que ses amis musiciens de jazz ne savaient même pas que lui-même suivait ses cours, pas plus que ses professeurs classiques ne l’imaginaient chaque soir en train de jouer du jazz dans les caves de Saint-Germain. Mais il était également consterné du peu d’ouverture que les musiciens pouvaient avoir sur les cultures musicales différentes. Il me raconta qu’un jour en Argentine, il avait joué avec un pianiste autrichien, Friedrich Gulda qui mélangeait le jazz et le classique et que cerner l’avait regardé très bizarrement à la fin du morceau. Il s’était passé quelque chose pendant qu’il improvisait avec lui et Lalo avait compris qu’il ne fallait pas choisir. Que la musique était une et que nous seuls faisions bêtement des cases, des niveaux, des séparations, d’s échelles de valeur. Et ce regard l’avait libéré, tout comme ce que j’avais entendu la veille m’avait ouvert de sports. La musique était avant tout une émotion et ce qu’elle faisait des êtres humains nous échappait complètement. Et je me disais que c’était fou comme on pouvait en un seul regard, un seul son se libérer des autres et de la dictature de leurs avis. Il fallait composer avec tout ça et suivre sa propre voie.
Commenter  J’apprécie          180





Ont apprécié cette citation (16)voir plus




{* *}