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Citation de VALENTYNE


Ce fut chez les militaires que l’arrivée des martiens sema le plus de victimes, dans le monde entier.

Partout, des sentinelles vidèrent leurs armes sur eux. Les Martiens goguenards, les encourageaient à continuer.

Les soldats sans armes à leur disposition chargeaient sur eux. Certains se servirent de grenades. Des officiers employèrent la baïonnette.

Le résultat fut un vrai carnage – chez les soldats, s’entend. Le prestige des Martiens devait s’en trouver accru.

Le pire supplice intellectuel fut celui qu’endurèrent les officiers en charge dans des installations ultrasecrètes. Car ils ne furent pas long à se rendre compte (ceux, du moins qui étaient intelligents) qu’il n’était plus désormais question de secret, ultra ou autre. Pas pour les Martiens. Ni pour personne d’autre, vu la prédilection des Martiens à colporter des commérages.

Ce n’était pas qu’ils fussent attirés par les questions militaires. Leur examen des dossiers concernant les bases secrètes de fusées et les superbombes les laissait parfaitement indifférents.

Des c…ades, Toto, dit au général commandant la base « Able » (la plus ultrasecrète de toutes) le Martien assis sur le bureau de ce dernier. Vous ne pourriez pas enfoncer une tribu d’Esquimaux, avec n’importe quelle de vos armes, s’il savait seulement varnoufler. Et nous pourrions leur apprendre, rien que pour vous faire marronner.
Et qu’est-ce que vous entendez par varnoufler, tonnerre de Dieu ? rugit le général en s’arrachant les cheveux.
Tu es un vilain curieux, Toto.
Le martien se tourna vers l’un de ses congénères. Ils étaient quatre en tout dans la pièce.

Hé, dit-il, couimons voir un peu chez les Russes. On comparera les plans secrets.
Tous deux disparurent.

L’un de ceux qui restaient dit à son compagnon :

Écoute-moi ça. Un vrai poème !
Et il se mit à lire à haute voix un document supersecret détenu dans le coffre-fort blindé. L’autre martien eut un rire méprisant.

Le général aussi eut un rire, qui n’était pas de mépris. Ce rire se continua jusqu’à ce que deux de ses adjoints l’eussent emmené avec ménagement.

Le Pentagone était une maison de fous. Le Kremlin aussi. Or l’un et l’autre avaient plus que leur part de Martiens.

En effet ceux-ci témoignaient – et témoignèrent toujours – d’une scrupuleuse impartialité.

Ils se répartissaient partout en proportion. Aucun endroit ne les intéressait plus qu’un autre. Maison-Blanche ou chenil, c’était tout comme. Les plans d’installation de la station interplanétaire ou les détails de la vie sexuelle du plus humble balayeur de rues leur inspiraient le même ricanement.

Et partout, de toutes les façons, ils envahissaient l’intimité. Les mots mêmes d’intimité, de secret, n’avaient plus de sens, ni sur le plan individuel ni sur le plan collectif. Tout ce qui nous concernait sur ces deux plans les intéressait, les amusait et les dégoûtait.

Manifestement, leur propos était l’étude du genre humain. Ils ne prêtaient pas attention aux animaux (mais n’hésitaient pas à les effrayer ou les tourmenter si l’effet en retombait indirectement sur les hommes).

Les chevaux notamment les craignaient beaucoup, et l’équitation – tant comme sport que comme mode de locomotion – devint impraticable à force de danger.

Seul un casse-cou se fût enhardi, avec les Martiens dans les parages, à traire une vache sans l’attacher et lui immobiliser les pieds.

Les chiens piquaient des crises de nerfs. Beaucoup mordirent leurs maîtres, qui durent s’en débarrasser.

Seuls les chats, passés les premières expériences, s’accoutumèrent à leur présence et la supportèrent avec un calme olympien. Mais les chats, comme chacun sait, ont toujours été des êtres à part.
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