Frère Jean, de la photographie au monastère des Cévennes
Pas plus vite,
pas plus haut,
pas plus loin,
lentement.
Fais-toi
léger, fragile,
humble, doux.
Pas audacieux,
pas astucieux,
pas ambitieux,
plus simple.
Pour monter une échelle,
il faut escalader un échelon a la fois,
une main sur chaque colonne,
un pied après l’autre sur chaque barreau.
L’échelle ne fait pas l’escalade a notre place.
Il faut la poser sur un sol stable,
l’appuyer sur une branche solide,
avec la pente la plus douce.
La chute est si rapide !
(29. Echelle sainte)
Il y a un temps pour chaque chose sous le soleil.
La graine doit mourir et croître
avant de donner le fruit mûr.
Ne cherchons pas en hiver le fruit
qui arrive naturellement à maturité en été.
Les fruits n’apparaissent jamais avant les fleurs,
sachons les cueillir le moment venu !
Tout se transforme, tout passe,
l’arbre de Vie attend la fin des temps
au milieu du Jardin.
(19. Vol du temps)
Au delà des mots
Au delà des sens
est le silence.
Vient un moment
où la contemplation n’est plus que silence.
Silence que la Grâce dépose dans l’âme
en l’inondant de la Présence.
L’âme ne peut plus qu’écouter ce silence.
Silence de la plénitude de l’instant présent.
Dans le silence du cœur léger
Dieu souffle:
« Je t’attendais ! »
(11. Silence)
La photographie est un art
qu’il ne faut pas limiter à l’apparence,
elle peut saisir le tressaillement invisible
qui jaillit des profondeurs de la création.
Par une écriture de lumière,
elle surprend des mouvements éternels,
immortalise des gestes quotidiens.
Elle témoigne de l’harmonie de la beauté,
révèle la noblesse d’un visage derrière le portrait,
la transparence délicate d’une feuille…
L’image montre objectivement la réalité dépouillée.
La photographie sait capter l’énergie du souffle,
avant son jaillissement dans le mouvement,
la puissance du regard derrière les yeux,
en le surprenant à son origine dans le coeur.
Non pas voyeur, mais voyant,
non pas prendre des photographies
mais recevoir des photographies
dans une complicité à trois :
lui, moi et l’Esprit.
(15. Ecriture de lumière)
Oui la poésie, la photographie, le jardin, la cuisine, l’architecture, le chant, la prière… sont des moyens pour exprimer de diverses manières notre foi, notre amour de la Beauté. Nos actes témoignent humblement de notre émerveillement face à la Création qui porte l’empreinte de la main de son Créateur, Dieu.
(...)
L’orant, le poète, le photographe, le chantre deviennent transparents à la Grâce. La louange irradie de toutes parts de leurs œuvres comme une offrande, comme une lumière sans déclin.
Les ronces, sur le bord du chemin,
servent de barrières naturelles.
Leurs épines, l’acidité de leur venin
empêchent les prédateurs de les traverser.
Limaces, escargots, lapins, taupes…
arrivent difficilement à franchir ce barbelé végétal.
S’il n’y a pas de jardinier, les ronces
envahissent les champs, stérilisant le sol.
« Seigneur, comme je suis le jardinier de Ta création,
sois le Jardinier de mon cœur »,
demande l’Ancien au Christ.