Il occupait un poste important à Francfort-sur-le-Main quand il avait dû, dès 1933, regagner Berne, non pas tant par amour de cette ville natale qu’il appelait volontiers sa tombe dorée, qu’à cause d’une gifle retentissante dont il avait gratifié quelque haut fonctionnaire du nouveau régime. Cette violence, comme bien on pense, avait beaucoup fait parler d’elle à Francfort, à l’époque, et Berne avait réagi conformément à la situation politique : un geste indigne et inadmissible, avait-on estimé tout d’abord ; un acte assurément répréhensible, avait-on estimé ensuite, mais qu’on pouvait néanmoins comprendre ; et finalement on avait décidé que c’était décidément là la seule conduite que pût dignement tenir un citoyen suisse. Mais il faut dire que ce dernier jugement ne vint pas avant 1945.