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Critiques de Fritz Stern (1)
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Des hommes peu ordinaires. Dietrich Bonhoef..

Il y a eu tellement peu de vrais résistants allemands au régime pourri d'Hitler, qu'une biographie de l'un d'eux, vaut presque automatiquement le coup d'être lu. À plus forte raison, s'ils sont 2 et par-dessus le marché des beaux-frères, et toux les 2 exécutés à la fin de la dernière guerre mondiale, en avril 1945. C'était en effet le sort de Dietrich Bonhoeffer et Hans von Dohnányi. La vie de Christine Bonnhoeffer, soeur de Dietrich et épouse de Hans, fut bizarrement épargnée par la Gestapo.



Dietrich Bonhoeffer, né en 1906 à Breslau (actuellement Wroclaw en Silésie, Pologne), déclarait à ses parents, à l'âge d'à peine 14 ans, qu'il voulait devenir pasteur dans l'Église protestante. Ce qu'il non seulement est devenu, mais passe encore de nos jours comme un des grands théoriciens de cette religion avec une abondante oeuvre, fort appréciée par maints théologiens contemporains. On peut admirer sa sculpture dans la façade de l'abbaye de Westminster à Londres à côté du cardinal Óscar Romero, archevêque d'El Salvador assassiné, et Martin Luther King.



Hans von Dohnányi, né à Vienne en 1902, est le fils du célèbre compositeur d'origine hongroise, Ernst (Ernö) et de la pianiste, Elisabeth "Elsa" Kunwald. Les von Dohnányi appartiennent à une famille puissante en Allemagne. Ainsi, le fils aîné de Hans, Klaus (°1928), a été membre du Parlement européen et 8 ans maire d'Hambourg et son frère Christoph (°1929), un chef d'orchestre réputé aux États-Unis et en Allemagne.



Tandis que Dietrich Bonhoeffer faisait ses brillantes études de théologie à Berlin, qu'il combina avec des voyages oecuméniques à l'étranger, son ami Hans von Dohnányi opta pour le droit, également à Berlin. À 23 ans, il passa son examen d'état de juriste et, à 27 ans, entra comme conseiller au ministère de la justice, où il devint l'assistant personnel de plusieurs ministres.



Chacun dans sa spécialité, s'inquiéta de la doctrine nazie : l'un d'un point de vue moral, l'autre surtout légal, mais tout 2 se mirent activement à aller à contre-courant, par écrits et prises de positions à des conférences, réunions etc. Ce qui devenait de plus en plus difficile et périlleux. À l'intérieur de l'Église protestante, les opposants à Adolf, ne représentaient plus que 10% et au ministère, les bons juristes étaient systématiquement remplacés par des nullités du parti nazi. À l'image de Konstantin von Neurath, remplacé comme ministre des affaires étrangères, par ce guignol de Joachim von Ribbentrop. Hans, qui était considéré moitié allemand, un quart hongrois et un quart juif, commença, dès1934, un registre chronologique de tous les actes illégaux des nazis. Tous les 2, ils eurent la possibilité de partir ailleurs, mais abandonner leur peuple à la peste brune n'était pour aucun d'eux une option.



Je ne vais pas répéter ici ce que j'ai écrit dans ma chronique récente de l'excellent livre de Géraldine Schwarz "Les amnésiques" , à savoir que l'écrasante majorité des Allemands étaient ce qu'on appelle des "Mitläufer", des personnes qui marchent avec le courant. L'encadrement de terreur par toutes sortes de polices, les camps, les collabos et dénonciateurs... créaient, bien entendu, un climat peu propice à une résistance réelle et effective, mais je ne comprendrai probablement jamais, pourquoi il n'en y ait pas eu un (tout) petit peu plus ! Même la superbe logique d'une Hannah Arendt ne réussit pas à enlever chez moi bien des points d'interrogation.



Il y a eu évidemment l'attentat du 20-7-1944 par le comte Claus von Stauffenberg (1907-1944) sur la vie d'Adolf, mais celui-ci ensemble avec celui du 8-11-1939 à Munich, par Georg Elser (1903-1945) sont aussi les seules tentatives sérieuses pour se débarrasser du petit caporal autrichien. À titre de comparaison, il y en a eu plus contre le Général Charles de Gaulle !

Comme lecture, il y a l'intéressant portrait que Konstanze von Schulthess a brossé de l'épouse du comte, Nina Schenk Gräfin von Stauffenberg ; la biographie d'Elser par Helmut Ortner "Der einsame Attentäter" - le tueur solitaire, et l'oeuvre de Shareen Blair Brysac "Resisting Hitler : Mildred Harnack and the Red Orchestra". Mildred Harnack (1902-1943), une Américaine qui donnait des cours de littérature en Allemagne, appartenait au groupe sélect de nos 2 héros. Elle fut exécutée sur ordre explicite d'Adolf, qui estima que sa condamnation à 6 ans de taule était trop clémente.



Je ne vais pas résumer les activités clandestines de Dietrich Bonhoeffer et Hans von Dohnányi, mais je ne puis omettre leur arrestation, le 5 avril 1943, leurs 2 ans d'emprisonnement et leur pendaison, le premier à Flossenburg, l'autre à Sachenhausen, le même jour, à l'aube du 9 avril 1945, à peine 3 semaines avant le départ d'Adolf en enfer (suicide du 30-4-1945).



J'ai trouvé "Des hommes peu ordinaires" intéressant et très bien documenté. Pour être honnête, j'ai juste trouvé certains passages sur la théologie un peu longs. Mais cela n'est pas la faute des auteurs, surtout Elisabeth Sifton, qui, après tout est la fille du théologien américain réputé, Reinhold Niebuhr, mais la mienne, pauvre non croyant.



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