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Citation de Satine


Satine
24 décembre 2010
La Gracieuse de Charles d’Orléans (1394 – 1465)
Dieu, qu’il la fait bon regarder
La gracieuse, bonne et belle !
Pour les grands biens qui sont en elle,
Chacun est prêt de la louer.

Qui se pourrait d’elle lasser ?
Toujours sa beauté renouvelle.
Dieu, qu’il la fait bon regarder,
La gracieuse, bonne et belle !

Par deçà ni delà la mer,
Ni sais dame, ni damoiselle
Qui soit en tous biens parfaits telle ;
C’est un songe que d’y penser.
Dieu, qu’il la fait bon regarder !


Stances à Marquise de Pierre Corneille (1606 – 1684)

Marquise, si mon visage
A quelques traits un peu vieux,
Souvenez-vous qu’à mon âge,
Vous ne vaudrez guère mieux.

Le temps aux plus belles choses
Se plaît à faire affront ;
Il saura faner vos roses
Comme il a ridé mon front.

Le même cours des planètes
Règle nos jours et nos nuits :
On m’a vu ce que vous êtes ;
Vous serez ce que je suis.

Cependant j’ai quelques charmes
Qui sont assez éclatants
Pour n’avoir pas trop d’alarmes
De ces ravages du temps.

Vous en avez qu’on adore,
Mais ceux que vous méprisez
Pourraient bien durer encore
Quand ceux-là seront usés.

Ils pourront sauver la gloire
Des yeux qui me semblent doux
Et dans mille ans faire croire
Ce qu’il me plaira de vous.

Chez cette race nouvelle,
Où j’aurai quelque crédit,
Vous ne passerez pour belle
Qu’autant que je l’aurai dit.

Pensez-y, belle Marquise :
Quoiqu’un grison fasse effroi,
Il vaut bien qu’on le courtise,
Quand il est fait comme moi.


Stances galantes de Molière (1622 – 1673)

Souffrez qu’Amour cette nuit vous réveille ;
Par mes soupirs laissez-vous enflammer :
Vous dormez trop, adorable merveille,
Car c’est dormir que de ne point aimer.

Ne craignez rien : dans l’amoureux empire,
Le mal n’est pas si grand que l’on le fait ;
Et, lorsqu’on aime et que le corps soupire,
Son propre mal souvent le satisfait.

Le mal d’aimer, c’est de le vouloir taire ;
Pour l’éviter, parlez en ma faveur.
Amour le veut, n’en faites point mystère ;
Mais vous tremblez et ce dieu vous fait peur !

Peut-on souffrir une plus douce peine ?
Peut-on souffrir une plus douce loi ?
Qu’estant des cœurs la douce souveraine,
Dessus le vôstre, Amour agisse en roi.

Rendez-vous donc, ô divine Amarante,
Soumettez-vous aux volontés d’Amour ;
Aimez pendant que vous êtes charmante,
Car le temps passe et n’a point de retour.


Lorsque tu fermeras mes yeux à la lumière… de Emile Verhaeren (1855 – 1916)

Lorsque tu fermeras mes yeux à la lumière,
Baise-les longuement, car ils t’auront donné
Tout ce qui peut tenir d’amour passionné
Dans le dernier regard de leur ferveur dernière.

Sous l’immobile éclat du funèbre flambeau,
Penche vers leurs adieux ton triste et beau visage
Pour que s’imprime et dure en eux la seule image
Qu’ils garderont dans le tombeau.

Et que je sente, avant que le cercueil se cloue,
Sur le lit pur et blanc se rejoindre nos mains
Et que près de mon front sur les pâles coussins,
Une suprême fois se repose ta joue.

Et qu’après je m’en aille au loin avec mon cœur
Qui te conservera une flamme si forte
Que même à travers la terre compacte et morte
Les autres morts en sentiront l’ardeur !


J’ai tant rêvé de toi de Robert Desnos (1900 – 1945)

J’ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.
Est-il encore temps d’atteindre ce corps vivant et de baiser sur cette bouche la naissance de la voix qui m’est chère ?
J’ai tant rêvé de toi que mes bras habitués en éteignant ton ombre à se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas au contour de ton corps, peut-être.
Et que, devant l’apparence réelle de ce qui me hante et me gouverne depuis des jours et des années, je deviendrais une ombre sans doute.
O balances sentimentales.
J’ai tant rêvé de toi qu’il n’est plus temps sans doute que je m’éveille.
Je dors debout, le corps exposé à toutes les apparences de la vie et de l’amour et toi, la seule qui compte aujourd’hui pour moi, je pourrais moins toucher ton front et tes lèvres que les premières lèvres et le premier front venu.
J’ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé, couché avec ton fantôme qu’il ne me reste plus peut-être, et pourtant, qu’à être fantôme parmi les fantômes et plus ombre cent fois que l’ombre qui se promène et se promènera allégrement sur le cadran solaire de ta vie.
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